Les majors qui, jusque là, combattaient plus l'Internet qu'elles
ne l'exploitaient seraient-elle en train de changer leur façon
de voir les choses ? Universal Music a en effet annoncé
la diffusion gratuite en ligne, dès décembre 2006, d'au moins
50 % de son catalogue. Pour cela, la firme s'est associée
à SpiralFrog, une société nouvellement
créée par des spécialistes de la vente
d'espaces publicitaires. Un joint-venture sera mis en place,
avec pour objectif d'assurer la monétisation de la plate-forme
musicale par la diffusion de 90 secondes de publicité avant
chaque téléchargement.
Le contrat, d'une durée initiale de deux ans prévoit
une répartition des gains entre Universal Music et l'éditeur
du site, d'après Lance Ford, directeur marketing de SpiralFrog.
En revanche, le vice-président d'Universal, Peter LoFrumento
précise, dans une interview donnée au site australien
ABC Online, que le service sera en phase de test aux
Etats-Unis et au Canada pendant une période d'un an, avant son
lancement en Europe. Sans doute la raison pour laquelle, Universal
Music France n'a pas souhaité commenter, affirmant que
le projet concernait uniquement pour le moment le continent
américain.
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Universal Music, tente avec SpiralFrog, de reconquérir
la cible des 15-30 ans. D'après Peter LoFrumento, la majorité
des jeunes ciblés par le service n'auraient jamais acheté de
CD, ni même payé pour télécharger de la musique ; Universal
ne risquerait donc pas de perdre de l'argent en lançant ce service
En
leur proposant un service de bonne qualité, un téléchargement
rapide et la certitude de trouver ce qu'ils recherchent, et
non pas un virus (ou autre fichier corrompu), il espère pouvoir
les détourner des inconvénients du téléchargement illégal.
Pour avoir accès au service il sera nécessaire d'utiliser un
lecteur dédié ; celui-ci, chargé de procéder à une vérification
des fichiers téléchargés, les détruira automatiquement au bout
de six mois de stockage. Par ailleurs, si l'internaute ne visite
pas régulièrement le site, les fichiers acquis cesseront également
de fonctionner. En plus de ces contraintes, issues d'un modèle
économique basé à 100 % sur la publicité, les fichiers fournis
au format WMA de Microsoft ne seront pas compatibles avec l'Ipod,
le baladeur d'Apple. Impossible aussi de les copier ou de les
graver sur CD. Bien que SpiralFrog s'annonce comme un futur
"iTune Killer", Robin Kent, le directeur général de
la société, insiste sur la complémentarité des deux services,
ménageant ainsi les susceptibilités.Universal Music vient, rappelons-le
de signer des accords avec la firme à la pomme pour la sortie
du DVD de U2.
D'après le New York Times, SpiralFrog prévoit la conclusion
d'accords avec d'autres éditeurs : Sony BMG, EMI et Warner Music
entre autres. Cependant, considérant l'évolution actuelle de
la musique en ligne, les analystes ne sont pas convaincus par
ce nouveau service : nombreux sont les challengers à
iTunes mais aucun n'est parvenu à conquérir des parts
de marché significatives. Bien que les marques Perry Ellis,
ou encore Benetton et Levi's se soient montrées intéressées
par le potentiel de la plate-forme, SpiralFrog doit encore démontrer
la pertinence de son modèle économique. |