"Le déploiement de nouveaux réseaux d'accès fibre déployés jusqu'à
l'abonné, FTTH, apparaissent comme inéluctables à terme", déclarait
Paul Champseur, président de l'Autorité de régulation des communications
électroniques et des postes, dans son intervention le 8 novembre
au colloque organisé par La Tribune et NPA Conseil sur le thème
"les champs de confrontation de l'audiovisuel de demain". L'Arcep
a donc présenté vendredi son programme de travail pour le développement
du très haut débit en France, dans les zones d'activité et sur
le marché grand public.
Enjeu majeur pour la compétitivité des entreprises françaises
à moyen terme, l'équipement des zones d'activités en très haut
débit a été l'une des priorités d'ores et déjà identifiées par
l'Arcep en 2006. "Les actions engagées à ce jour vont dans la
bonne direction, estime l'Autorité. Les conditions sont en passe
d'être réunies pour que les opérateurs puissent investir massivement
dans la fourniture de services à très haut débit aux entreprises,
à des tarifs attractifs."
Ainsi,
rappelle le régulateur, France Télécom s'est engagé à équiper
plus d'un millier de zones d'activité en fibre optique à la
fin de l'année. Une couverture complétée par les projets des
collectivités et des opérateurs alternatifs, qui permettront
l'équipement à fin 2006 de 500 zones d'activités. Un millier
de zones supplémentaires seront par ailleurs raccordées via
les réseaux d'initiative publique.
Pour le marché résidentiel, l'Arcep est moins optimiste. Disons
plus prudente. "A l'exception de certains cas particuliers,
comme la ville de Paris dont le réseau d'égouts visitables diminue
significativement le coût de déploiement des réseaux très haut
débit, l'équation économique paraît difficile : d'une part,
les investissements pour développer un réseau de très haut débit
sont conséquents et, d'autre part, se pose également la question
des revenus additionnels pour rentabiliser ces réseaux", expliquait
Paul Champseur lors de son intervention au colloque NPA Conseils
- La Tribune.
CAPEX
par abonné résidentiel FTTH |
Génie
civil et bâtiments
|
1.000 euros |
Câbles
optiques
|
50
euros |
Installations
immeuble
|
350
euros |
Raccordement
|
100
euros |
Actif
réseau
|
300
euros |
Actif
client
|
200 euros
|
Total
|
2.000
euros |
Source
: Arcep, novembre 2006 |
En effet, d'après les estimations de l'Arcep, le coût de raccordement
en fibre optique s'élèverait à 2.000 euros par abonné. Les deux
premiers postes de coûts sont le génie civil (tranchées sur
le domaine public jusqu'à la pénétration dans l'immeuble) et
le câblage interne. D'où la nécessité de mutualiser ces infrastructures.
A ce titre, le rôle des pouvoirs publics, notamment des collectivités
territoriales, ainsi que de l'Arcep, est fondamental.
Les coûts de génie civil (pose des tranchées et des fourreaux
dans le sol jusqu'à la pénétration dans les immeubles), rapportés
à un abonné, sont proportionnel à la densité urbaine. En dehors
de Paris et de quelques grandes villes (Lyon et Marseille notamment),
ce coût s'avère prohibitif. Pour maîtriser leurs coûts de déploiement,
les opérateurs devront pouvoir accéder à des fourreaux existants,
dont les principaux propriétaires ou gestionnaires sont actuellement
France Télécom, les collectivités délégantes des DSP câbles
et les résaux publics (réseaux d'électricité, d'éclairage, de
signalisation).
|
Source :
Arcep, novembre 2006
|
Dans ce cadre, l' Arcep a engagé un travail d'évaluation d'une
éventuelle offre de location de fourreaux par France Télécom
(disponibilité des ressources, faisabilité technique d'une offre,
cadres d'une régulation éventuelle au niveau national et au
niveau communautaire), a initié un échange d'expériences entre
collectivités dans le cadre des travaux du Comité des réseaux
d'Initiative Publique. L'Autorité juge d'ailleurs nécessaire
une révision du cadre réglementaire afin de renforcer les pouvoirs
des collectivités en matière de gestion du domaine public. Celles-ci
devront pouvoir obliger les opérateurs à fournir des cartes
d'occupation du domaine, à informer sur la disponibilité des
fourreaux et à partager leurs ressources.
Etablir
une relation gagnante entre opérateurs et éditeurs
|
Le deuxième poste de coût de déploiement des réseaux FTTH est
constitué par les câblages internes à l'immeuble et au logement :
entre 300 et 500 euros par abonné. A cet égard, l'Arcep participe
au groupe de travail créé par le ministre délégué à l'Industrie
et par le ministre du logement, avec des représentants des opérateurs
et des bailleurs, visant à favoriser le pré-équipement des logements
neufs. Concernant l'accès aux immeubles anciens, l'Autorité
va engager avant la fin de l'année, avec les opérateurs qui
le souhaitent, une discussion sur les modalités de partage des
réseaux afin d'éviter des déploiements successifs et intempestifs
dans un même immeuble.
Le dernier facteur de succès identifié par l'Arcep pour le développement
de réseaux très haut débit en France est l'établissement d'une
relation gagnante entre éditeurs de contenus et opérateurs de
réseaux. Aujourd'hui, estime le régulateur, cette relation est
inégale : le revenu moyen lié au contenu représente moins
de 3 euros par abonné et par mois pour les opérateurs DSL. En
outre, leurs catalogues de titres de vidéo à la demande sont
encore limités. Une refonte des modèles actuels de relations
entre éditeurs de contenus et opérateurs de réseaux sera donc
nécessaire pour favoriser le développement du FTTH, conclut
l'Arcep. |