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Flickr : retour sur l'itinéraire d'une icône du Web 2.0
Le service communautaire de partage de photos a été l'un des premiers sites à concevoir et mettre en œuvre certains des concepts clés du Web 2.0. Histoire d'une jeune pousse aujourd'hui propriété du portail Yahoo.   (08/12/2006)

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Caterina Fake et Stewart Butterfield n'en demandaient sûrement pas tant. Ce couple haut en couleurs a en effet intégré en mai 2006 le club très fermé des "100 personnalités qui font le monde" triées sur le volet par le magazine Time. Pour mériter un tel honneur, cette paire d'entrepreneurs canadiens a tout simplement créé un des tous premiers services Web 2.0 alors même que le concept n'avait pas encore émergé. D'un coté une directrice artistique et de l'autre un développeur Web; le duo gagnant présentait tous les ingrédients nécessaires à la création d'un service de partage de photo révolutionnaire : Flickr. A peine plus d'un an après son lancement, ce concentré de Web 2.0 sera d'ailleurs racheté par Yahoo dans sa quête d'une source de jouvence.

Flickr a bien failli ne jamais exister. Ludicorp, la société éditrice du service, travaillait sur un jeu vidéo online massivement multijoueurs lorsque l'un de ses ingénieurs proposa d'y intégrer un outil de partage de photos en temps réel adossé à un espace de chat. Ce module, intitulé FlickrLive, allait connaître un succès inespéré au point d'être finalement développé indépendamment du projet initial. Les premières versions permettaient par exemple de collecter des photos sur le Web. L'application a peu à peu évoluée jusqu'à disparition des salles de chat et l'apparition de la possibilité pour les internautes d'héberger leurs propres photos en ligne.

Flickr a ainsi officiellement vu le jour en février 2004. Après seulement 3 mois d'incubation, ce service Web permettait aux internautes d'héberger et de partager gratuitement leurs photos sur Internet de manière ludique et collaborative. Flickr doit son succès de l'époque à un positionnement qui le plaçait au moment opportun à la convergence de plusieurs phénomènes émergeants. D'une part l'explosion des ventes d'appareils photo numériques et de photophones qui facilitent le partage de clichés. D'autre part la montée en puissance des réseaux sociaux qui incitaient les internautes à interagir de manière collaborative sur Internet et enfin, le succès des blogs pour lesquels Flickr a très vite proposé toute une palette d'outils interactifs et de syndication comme par exemple des widgets.

Flickr a notamment acquis ses galons de référence du Web 2.0 en étant un des premiers sites à proposer un usage poussé des folksonomies, néologisme définissant une méthode de classement basée sur une catégorisation spontanée et collaborative de contenus numériques grâce à l'attribution de mots clefs. Jusqu'alors les photos disponibles sur Internet n'étaient identifiables que par les méta-données associées au fichier lors de sa création.

130 millions de photos publiées par 3 millions de membres
Flickr a donc réintroduit auprès des internautes la possibilité de qualifier un cliché a posteriori et donc de le catégoriser de manière automatique, de le noter ou de l'annoter. Des groupes d'internautes passionnés pour un sujet sont donc en mesure d'identifier les clichés et leurs propriétaires et de rentrer en contact par le biais de forums ou par e-mail. Une nouvelle forme d'interaction se crée alors.

Le succès est instantané. En un an, de décembre 2004 à décembre 2005, Flickr verra sa part de marché progresser de 1.317 % aux Etats-Unis (source Hitwise). En janvier 2005 Flickr comptait 230.000 membres qui partageaient une base de 3,5 millions d'images. A raison de plus de 250.000 nouveaux clichés par jour en moyenne, Flickr héberge désormais plus de 130 millions de photos postées par 3 millions d'utilisateurs amateurs ou professionnels. Le nombre de visiteurs uniques américains est ainsi passé selon ComScore de 5,1 millions en mai 2006 à 6,3 millions en août 2006, soit une augmentation de 24 % en 3 mois.

Flickr occupait en juin 2006 et aux Etats-Unis la sixième place des services de partage de photos avec près de 6 % de parts de marchés derrière notamment Photobucket.com avec 44 % et Kodakgallery.com, anciennement Ofoto, avec 6,52 %. Des acteurs clefs du Web tels que Google et Microsoft sont notablement absents de ce top 10 des principaux sites de partage de photo publié par Hitwise.

"Flickeriser Yahoo"
Ce succès n'est pas resté longtemps inaperçu. En mars 2005, Yahoo décide d'acquérir la jeune pousse canadienne pour un montant tenu secret mais estimé entre 16 et 35 millions de dollars. Une bonne affaire pour Yahoo qui cherche alors activement à sauter à pieds joints dans le Web 2.0 et à moderniser ses applications. Au contraire du récent rachat de YouTube par Google, motivé par une logique d'acquisition d'une communauté et d'une audience, Yahoo cherche alors plus à intégrer de nouvelles approches communautaires à son portail que d'absorber un site à forte audience.

Jeremy Zawodny, un des premiers membres de l'équipe de développement des infrastructures de Yahoo précise d'ailleurs sur son blog que ce rachat visait à "flickeriser Yahoo". L'objectif pour le portail est de mixer les services communautaires, le tagging, la syndication et les interfaces intuitives de Flickr avec les applications de Yahoo.

Des liens sponsorisés de la régie Yahoo Search Marketing ont ensuite discrètement fait leur apparition sur Flickr. Mais le service de partage de photos ne compte pas uniquement sur la publicité pour rentabiliser son activité. Le site propose ainsi des comptes premiums qui permettent notamment aux utilisateurs avancés d'uploader jusqu'à 2 Go de photos chaque mois au lieu des 20 Mo proposés aux titulaires de comptes gratuits. Les utilisateurs de Flickr peuvent également commander en quelques clics des tirages papiers des clichés qu'ils hébergent sur la plate-forme ainsi que ceux des communautés auxquelles ils appartiennent

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La communauté des utilisateurs de Flickr, majoritairement passionnée de photographie est peu encline à partager et consulter des clichés piratés ou des photos contraires aux bonnes mœurs. La communauté parvient donc à s'autocensurer avec une relative efficacité dans le but de privilégier des contenus neufs et pertinents. Cette efficacité ne met cependant pas Flickr à l'abri des déboires liés au respect des droits d'auteurs. Récemment, des photos volées du prochain long-métrage "Shrek 3" ont ainsi été rapidement retirées du site à la demande des studios Dreamworks.
 
 
Guillaume DEVAUX, JDN Sommaire Le Net
 
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