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Sommaire Le Net |
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Jacques Seguela
/ Thierry Saussez : leurs points de vue sur la cyber-campagne présidentielle |
Impact du
Web sur l'opinion, approche et propositions des candidats... Jacques Séguéla
et Thierry Saussez, spécialistes de la communication politique, analysent la campagne
Internet des candidats à la présidence.
(19/04/2007) |
| En marge de leur nouveau
livre "La prise de l'Elysée", les deux spécialistes de la communication politique
Jacques Séguéla et Therry Saussez interviennent sur le site Laprisedelelysee.com
en livrant chaque semaine leurs commentaires croisés sur la campagne. Le JDN a
recueilli leurs analyses sur la place d'Internet dans la présidentielle.
JDN. Internet joue t'il un rôle majeur dans
la présidentielle ? Thierry
Saussez. La France suit toujours avec un certain retard les évolutions politiques
des Etats-Unis, où les dernières élections présidentielles se sont jouées en bonne
partie sur Internet. Aux Etats-Unis, les partis consacrent une part importante
de leur budget de communication au hors media. En France nous n'en sommes pas
encore là si bien qu'au final, Internet pourrait effectivement faire la différence
mais seulement à la marge, si l'un des deux candidats est ric-rac au second tour.
Mais nous parlons là de quelques centaines de milliers d'électeurs. On
ne peut plus utiliser Internet comme une vitrine mais bel et bien comme un support
complémentaire à part entière. Les internautes constituent en effet un public
moins exposé aux médias traditionnels. Il faut également utiliser le Net comme
un moyen efficace de veille pour détecter toutes les rumeurs potentielles à la
source. Mais un point me semble encore plus important : la loi interdit désormais
de faire de la publicité politique, ce qui a pour effet de limiter l'autonomie
des candidats. Sur ce point, il est intéressant de noter que comme pour le tabac
et l'alcool, la politique est strictement encadrée par le législateur. La vraie
campagne se passe donc dans les médias. D'ailleurs, jamais les Français n'ont
été aussi bien informés, mais jamais ne se sont-ils sentis aussi mal entendus.
Internet a donc un rôle à jouer pour leur redonner une identité. Jacques
Séguéla. Internet a déjà joué un rôle majeur et de ce point
de vue, Ségolène Royal a été la première en Europe à utiliser l'outil à ce point
et elle ne serait pas là aujourd'hui sans l'influence du Web lors des primaires.
Nous sommes passés d'une démocratie d'opinion sous Mitterrand à une démocratie
de participation liée notamment aux progrès d'Internet, et c'est pour cette raison
que Ségolène Royal a choisi de préparer son premier tour par le biais de débats
participatifs. La candidate a réalisé un site où la parole partait des électeurs
vers le politique. Nous ne devons pas noyer le poisson en disant que le Net est
marginal. Si Ségolène Royal dépasse Nicolas Sarkozy au premier tour, elle le devra
au Net.
Les
candidats en ont-ils conscience ? Thierry Saussez. Incontestablement.
L'élection à venir va amener un changement de génération avec une culture du résultat
plus forten ce qui implique nécessairement plus de communicationn et quoi de mieux
qu'Internet pour s'adresser aux 8 millions d'individus concernés. Ségolène Royal
est allée le plus loin en matière d'interactivité avec ses débats participatifs.
Nicolas Sarkozy n'est pas quelqu'un qui connaît bien les rouages de l'Internet,
mais il en connait l'importance stratégique et a donc choisi de s'associer à des
professionnels tels que Loïc Le Meur. François Bayrou en a fait un outil de fonctionnement
personnel. Jacques Séguéla. Le Net n'est qu'un média
comme un autre, jusqu'alors négligé par les candidats, mais qui est en croissance.
65 % des moins de 35 ans se disent prêt à voter pour la candidate socialiste,
on peut certainement y voir l'impact d'Internet dont les jeunes sont plus friands.
Le Net propose le meilleur comme le pire en tant qu'espace de liberté incontrôlable.
Les internautes en ont conscience et adoptent donc une certaine défiance à l'égard
de ce qui circule sur la Toile. L'affaire de l'oreillette de Nicolas Sarkozy n'a
pas été prise au sérieux et les boulettes de Ségolène Royal sur les 35 heures
des professeurs, par exemple, dont la diffusion en ligne a été orchestrée, ont
certes eu un effet assez destructeur car pas contrôlé dès le début. Mais ce n'est
pas ce qui a mis en danger sa campagne puisque aujourd'hui elle est au coude à
coude avec Nicolas Sarkozy. Que retenez-vous vous des propositions des
candidats en matière d'Internet ? Thierry Saussez. Je
n'ai pas trouvé une créativité débordante dans ce domaine, ce qui démontre que
l'on n'en tient pas encore compte en tant qu'outil d'administration, alors que
cette dernière aurait eu besoin de vrais détails et de propositions. J'attendais
que les candidats se prononcent en faveur d'un investissement massif dans l'e-administration
pour que chaque Français puisse faire toutes ses déclarations en ligne, c'est-à-dire
mettre en place une vraie démocratie locale électronique. Jacques
Séguéla. Tous les candidats ont fait à peu près les mêmes propositions
dans ce domaine. Il faut bien voir que le Net n'est pas un enjeu électoral. Pour
ce qui est de la fracture numérique, tout le monde en a pris la mesure. Le cyber
est peu à peu en train de passer dans les gènes des français, il deviendra bientôt
un réflexe omniprésent. | | |
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