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Eric Félix-Faure (Chausson Finance) : "Le BtoC est en train de redevenir un sujet intéressant"
Jeudi 23 octobre 2003
 
          
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Reprise ou pas sur le front du capital-risque et des introductions en Bourse ? Après un premier semestre morose, en recul en France de 21 % sur le niveau d'investissement, le capital-risque semble retrouver depuis la rentrée une dynamique abandonnée fin 2000. Pendant ce temps, sur les places financières, les valeurs IT tirent leur épingle du jeu. La machine s'emballe-t-elle à nouveau ? Pendant plus d'une heure, Eric Félix-Faure, directeur associé de Chausson Finance, structure qui accompagne les sociétés en quête de fonds, a répondu en direct aux lecteurs du JDN sur les nouvelles tendances du capital-risque et sur les perspectives boursières.


Que fait exactement un leveur de fonds ?
Eric Félix-Faure : En résumé nous sommes aux capitaux ce qu'un chasseur de tête est au recrutement.

Quels sont les secteurs les plus à même de recueillir la confiance des investisseurs aujourd'hui, et pourquoi ?
Aujourd'hui les investisseurs se concentrent fortement sur les secteurs du logiciels et de la biotechnologie. Cependant d'autres secteurs reviennent en odeur de sainteté auprès du monde du financement comme l'Internet. Pour info, le logiciel et la biotechnologie ont représenté plus de 2/3 des investissements du premier semestre 2003.

Vous pouvez être un peu plus précis sur la définition de votre métier ?
Pour être plus précis notre métier se décompose en quatre phases : 1. nous structurons au côté de l'entrepreneur les fondations de son activité afin de la rendre la plus lisible possible par le monde de l'investissement. Parfois nous allons même jusqu'à en corriger quelques éléments. 2. Nous sélectionnons les meilleurs investisseurs pour un projet donné en fonction de son secteur et de son stade de développement en nous fondant sur notre connaissance d'insider du secteur. 3. Nous assistons les entrepreneurs dans le process de conviction des investisseurs en accélérant le processus au maximum jusqu'à l'identification d'un lead investor. 4. Nous organisons pour l'entreprise les interventions des conseils lors du closing de l'opération apportant notre connaissance des standards du marché pour faciliter et accélérer la conclusion de l'opération. En un mot, nous sommes là de la définition du projet à financer jusqu'au moment ou vous recevez le chèque !

En mettant du "nano" quelque part, la levée est plus facile ?
Le sujet a été très chaud il y a un an mais les projets sérieux étaient rares... Mettre un mot "buzz" pour faciliter une levée ne marche pas trop.

Quels sont les indicateurs qui vous semblent les plus significatifs, aux US notamment ?
Aujourd'hui nous avons le sentiment que le marché est en train de rejoindre une courbe ascendante. Près de trente IPO soutenues par des VC sont déjà prévues pour 2004 aux Etats-Unis. Pour la première fois depuis près de 24 mois, IBM embauche de nouveau !

Par courbe ascendante vous voulez dire que la bubulle est là ?
Non : je pense que le marché s'appuie désormais sur des fondamentaux plus sains.

Les mots buzz ont pourtant cartonné à une époque. pourquoi cela ne fonctionne-t-il plus ?
Je pense que beaucoup de personne de l'univers s'y sont brûlés les ailes. N'êtes vous pas d'accord ?

Combien avez-vous perdu sur vos investissements réalisés pendant la bulle Internet ?
Je ne suis pas investisseur.

En 1999, votre réponse sur les "fondamentaux sains" était déjà la même. Pourquoi est-elle vraie maintenant ?
En 1999, un entraînement à la course à la conquête de part de marché parfois au détriment de la rentabilité était souvent de mise. Aujourd'hui la rentabilité est un facteur prépondérant.

Alors combien a perdu votre société ??
Nous ne sommes pas investisseurs non plus. Nous sommes intermédiaires.

Ne pensez-vous pas que le haut débit à stimulé le marché de l'Internet et a donc redonné confiance aux investisseurs ?
Je pense qu'au-delà du haut débit, c'est l'illimité qui stimule l'adoption de l'Internet. Mais il est vrai que le haut débit permet aujourd'hui de nouveaux usages principalement dans l'entertaiment (jeux...) ou sur des sujets comme la vidéo.

Croyez-vous qu'on reverra un jour une telle folie d'investissement dans le capital-risque ?
Il ne faut jamais dire jamais, c'est déjà arrivé avec les voies ferrées.

Qu'est ce qu'un bon investisseur ?
Une personne qui sait accompagner la société par mauvais temps...

Les dossiers bouclés par Chausson Finance depuis le début de l'année, c'est quel genre ?
Nous avons conclu huit dossiers depuis le début de l'année et nous sommes en closing sur trois. Je dirais du software (Kaidara, Soamai, W4, TErmposoft, DO Labs), de la bio (Biomethod, Endotis, Kika)... et à tous les stades de développement seed (DO Labs) ou developpement (Temposoft).

Comment se rémunère un leveur (et combien) ?
Nous nous rémunérons principalement sur la base des fonds levés. Le pourcentage dépend du montant des fonds que vous recherchez.

Et y'a t-il des frais fixes à avancer ?
Oui, notre rémunération comprends des frais à la signature de la lettre de mission.

Qu'est-ce qu'un accompagnement par mauvais temps ? Uniquement re-financer jusqu'au beau temps ou apporter autre chose ?
Non re-financer n'est en aucun cas un but en soit. Parfois des entreprises (souvent !) traversent des phases où il est nécessaire qu'elles se redéfinissent. Ceci engendre parfois des remous et des difficultés. Un bon investisseur est quelqu'un qui sait accompagner jusqu'au bout les choix auxquels il a participé.

Et quelle est la fourchette de ces frais ?
Extrêmement large, tout dépend du projet et du volume de travail amont... Appelez-moi si vous avez un projet.

Combien de temps faut-il en moyenne pour faire un deal (depuis la lettre de mission jusqu'au versement de l'argent sur le compte) ?
Entre quatre et neuf mois, parfois plus.

Acceptez-vous les business models envoyés par mail ou est-ce que cette période est passée ?
Bien sûr que nous les acceptons.

Combien de projets recevez-vous par semaine ? Et combien il y a 3 ans ?
Disons que le volume de proposition a du être divisé par un facteur 5. Mais le niveau d'aboutissement et de qualité des projets que nous recevons sont aujourd'hui largement supérieurs.

Par rapport au nombre de projets que vous traitez (donc que vous estimez intéressants), quel est le pourcentage de projet ayant abouti à une levée ?

Nous sélectionnons extrêmement nos dossiers (environ 1 sur 10) ce qui nous permet de conserver un taux de succès de l'ordre de 4/ 5.

Le B2C est-il de nouveau à la mode chez les investisseurs ?
Je suis heureux que vous posiez la question. Il est vrai que le BtoC est en train de redevenir un sujet intéressant. Nous traitons actuellement 2 dossiers dans ce secteur et sommes très intéressés par de nouveaux projets dans ce secteur.

Les investisseurs sont-ils plus gourmands en part et exigent-ils plus d'investissements personnels qu'avant ?
Laissez-moi votre adresse mail, car il me semble que vous avez un sujet précis qui demande un traitement plus en profondeur... Je me trompe ?

Les projets Internet (genre vente de musique en ligne), ça pourrait intéresser vos investisseurs ?
Pourquoi pas, l'un des sujets sur lequel nous travaillons est la vente de jeux sous forme de download, donc assez proche.

Et pourquoi le B2C "redevient" un sujet intéressant ? Quels sont les facteurs qui vous conduisent à une telle affirmation ?
Premièrement, il existe maintenant des vraies success stories (Rueducommerce devrait atteindre 100 millions euros de CA cette année). Deuxièmement la pénétration et les usages de l'Internet se sont étendus.

Quelles sont vos plus belles opérations (et vos plus désastreuses...) ? Répondez franchement !
J'ai cru à toutes mes opérations. Je suis particulièrement fier d'une société comme Artech et je regrette la chute d'un Canalweb...

Estimez-vous que l'on va prochainement assister à une nouvelle vague d'IPO dans le secteur de l'Internet ?
Oui, mais pas avant fin 2004 en Europe. Sinon, aux Etats-Unis, il y a une grosse IPO déjà prévue.

Si un projet capote, quelles sont les réelles conséquences pour vous ?
Nous sommes au côté de l'entrepreneur, donc tout échec est une déception pour nous. Mais nous sommes prestataires.

Quelle formation faut-il avoir pour intégrer Chausson Finance ?
Du pragmatisme, du comitment et une bonne dose de volonté d'entreprendre.

Vous pensez-quoi de l'avant-projet de loi Perben sur la modification du droit des faillites ? La formule proposée arrange-t-elle les VC's ?
A ce stade je n'ai pas eu le temps de me plonger dans le projet...

C'est quoi le One Minute Test dont vous parlez sur votre site ?
Le "one minute test" c'est la capacité de formaliser en moins d'une minute tous les éléments différenciants de votre entreprise. Tant ceux qui font revers, que ceux qui rassurent.

Combien de personnes travaillent pour Chausson Finance, quel profil ont-ils ? Recrutez-vous ?
Nous sommes aujourd'hui une dizaine d'horizons et de profils différents et complémentaires, c'est une des grandes forces de Chausson Finance. Les recrutements chez nous sont avant tout des des rencontres...

Rien de plus précis sur la formation à faire pour travailler chez vous ? Je rêve de prendre votre place...
Disons que peut m'importe l'école dont vous sortez, ce qui m'intéresse c'est votre mode de pensée, votre expérience et vos valeurs

Conseillez-vous aux jeunes de se lancer ou privilégiez-vous l'expérience ?
Vaste débat... Je pense que l'expérience est aujourd'hui un facteur clé de réussite dans un univers changeant. Cependant, le dynamisme est aussi une véritable force... Peut-être faut il les associer.

Que doit-on faire quand on a un projet à vous soumettre, pouvons-nous envoyer un business plan pas totalement finalisé ?
Bien sûr, nous y sommes largement habitués.

Si je vous propose un projet de site avec pour business model les revenus publicitaires exclusivement, vous le jetez de suite à la poubelle ?
Ca semble un peu difficile et trop généraliste comme cela, mais il faut toujours jeter un oeil, vous avez sûrement une approche différenciante pour vous risquez dans une telle aventure.

Nous avons créer une "start up" il y a trois ans sans aucun concours bancaire. A-t-on une chance de lever des fonds une fois passé le cap des trois ans ?
Bien sûr : le fait de s'être lancé sur fonds propres et donc d'avoir autofinancer son entreprise est aujourd'hui un facteur de réassurance fort pour la sphère de l'investissement.

Pourtant, même après trois ans, nous n'avons aucun concours de trésorerie. Comment expliquez vous çà ? Même avec fois trois sur le CA !!
Les banques comprennent aujourd'hui mal la création d'entreprise en France. Cependant quelques établissements en font une spécialité en fonction des secteurs d'activité. Vous devriez définitivement faire appel au capital pour soulager votre trésorerie.

Quel âge, quelle expérience professionnelle, quel profil, quelle formation ont en moyenne les entrepreneurs vous présentant des projets ?
Ce sont souvent des associations, donc un bon mélange d'expériences. J'avoue ne jamais m'être penché sur le côté statistique de l'histoire.

Le capital-risque, c'est majoritairement un métier d'homme non ? (je ne peux pas espérer me recycler là-dedans...)
C'est vrai, mais il y a de plus en plus de femmes qui font leur apparition dans cet univers très très majoritairement masculin. Je suis par exemple en train de conclure une opération avec une Directrice de participation.

Vous vous occupez surtout de premier, second ou troisième tour ou d'amorçage ?
Nous couvrons toutes les étapes de la vie financière de l'entreprise, de l'amorçage au marché, tant qu'il s'agit de capitaux privés.

Peut-on avoir le nom de ces banques spécialistes dans le financement de sociétés du Web ?
Passez moi un mail, j'ai besoin d'en savoir un peu plus sur votre stade de développement et votre métier pour pouvoir vous aiguiller et le cas échéant vous présenter le bon interlocuteur.

Est-ce que le fait d'avoir peu de fonds propres est un handicap pour la recherche d'investisseurs ?
Non.

Acceptez-vous de travailler avec vos concurrents ?

S'il s'agit d'exclusivité dans la levée de fonds, nous sommes toujours exclusifs

Qu'est-ce qui vous ferez partir de la société Chausson Finance ?
L'envie.

Combien vous gagnez ? (en net)
Je suis rémunéré entièrement au variable, donc ça dépend.

L'envie de quoi ?
De faire autre chose, d'une nouvelle aventure... Mais aujourd'hui j'aime ce métier qui associe une formidable richesse humaine de rencontre, le plaisir de la négociation et du deal et la défense d'une valeur auquel je crois fortement, entreprendre.

Le fait qu'une société en recherche d'investissement soit très endettée est-il rédhibitoire pour vous ?

Tout dépend de la négociabilité de la dette. C'est toujours difficile de faire des généralités.

Combien avez-vous gagné en 2002 (l'annuel vous devez le savoir ça...) ?
xxx.xxx €.

Quels sont selon vous les meilleurs FCPI de la place ?
Tout dépend du secteur d'activité, voire même du type de management. Il n'y a pas de "meilleur'" mais plutôt un "meilleur dans un cas précis". Par contre, pour les plus actifs, je vous invite à télécharger l'indicateur Chausson Finance sur notre site.

Pour transmettre un dossier à Eric Felix Faure, comment dois-je faire ?
Pas compliqué : envoyez un e-mail à eff@chaussonfinance.com. L'adresse est d'ailleurs dans l'annuaire du journaldunet.

Vos investisseurs résonnent-ils globalement tous de la même façon face à un projet ? Sont-ils sensibles à des domaines plus qu'à d'autres ? Choisissez-vous les investisseurs en fonction du projet ?
C'est exactement cela notre métier : nous sélectionnons pour chaque dossier les investisseurs les plus à même d'être intéressés et donc de comprendre rapidement et efficacement un projet de financement.

Quel est le meilleur site d'information financière selon vous ?
Pour quel partie ? La finance est un vaste sujet...

Le bizplan vaut plus que l'innovation et son côté porteur ?
Le côté rassurant de la modélisation financière est au moins aussi important que le rêve généré par l'innovation et le marché en explosion.

Les levées records, à plus de 15 millions d'euros, sont-elles encore possibles ?
Bien sûr, si le plan est solide.

Vous n'êtes ni créateur d'entreprise ni investisseur : lequel de ces deux métiers vous brancherait le plus ?
Créateur d'entreprise sans réfléchir.

Y'a-t-il des spécificités françaises dans la rédaction des business plans (au niveau de la forme) ?
Nous sommes adeptes des business plans courts, percutants mais exhaustifs, quelque chose qui tiens dans 10/12 pages maximum.

Que pensez-vous de businessangels.com ?
Dans quel cadre ?

Pensez-vous que les entreprises françaises doivent nécessairement aller chercher des investissements à l'étranger pour se développer ?
Le marché français est aujourd'hui assez fortement chargé en terme de capitaux (en partie grâce aux FCPI) mais l'intervention d'investisseurs étrangers dans le cadre d'un développement international est définitivement un plus.

Le time to market est il encore aussi vrai qu'il y a trois ans  ? Ne vaut-il pas mieux garder son capital, quitte à mettre un peu plus de temps à grandir ?
Le pragmatisme est de mise. La rentabilité doit en permanence être un souci des entrepreneurs, même s'il s'agit parfois de ralentir la croissance pour consolider les acquis.

Pensez-vous que l'ère du gratuit sur Internet est vraiment terminé ?

Il est difficile de demander a un investisseur de financer la gratuité. Mais si l'on sait imaginer des revenus dérivés, la gratuité a toujours sa force.

Eric Felix-Faure : Merci à tous pour ces questions. J'espère que mes réponses vous aideront. N'hésitez pas a me contacter. Bon courage à tous et à bientôt peut-être.

 

 
Propos recueillis par [Rédaction, JDNet]


 
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