CHAT 
 
Petra Friedmann
Directrice ventes et marketing Europe
Opodo
Petra Friedmann
"Nous sommes le numéro un du voyage en ligne en France"
La directrice vente et marketing Europe d'Opodo s'est entretenue, lors d'un chat, avec les lecteurs du JDN sur les ambitions du voyagiste, sa stratégie de marque, les nouveaux services à venir et l'intensification de la concurrence.
(02/10/2006)
 
Présentez-nous Opodo ? Quels sont vos points forts ? Vos points de progression ?
Petra Friedmann. J'essaie une courte réponse : 1,2 milliard d'euros de volume d'affaires, 9 pays, numéro 1 du voyage en ligne en France. Notre point fort : la qualité, le service et une progression positive avec une hausse des réservations de 30 % cet été pour Opodo en France.

Vous dites être le numéro un en France. Devant Voyages-sncf.com et Lastminute ?
Devant Lastminute, oui, et devant Voyages-SNCF.com si vous faites abstraction du volume d'affaires train qui est un produit à canal de distribution disons "spécial".

Quels seront vos axes de communication en terme de conquête client ?
Peut-on conquérir un client ? Je pense que la relation client est une affaire de conviction, en tant qu'entreprise il faut tenir ses promesses. Donc, tout simplement, nous allons améliorer nos services, notre communication avec les consommateurs et nos clients afin de leur donner envie de revenir.

Il y a aujourd'hui pléthore de site de voyagistes. Comment vous différenciez-vous de vos petits camarades ?
Je pense avoir répondu à la question. C'est la relation avec nos clients qui est notre point fort et notre première priorité. Nous avons pour cela lancé un nouveau site, Voyagerplusloin.com, qui permet à tous celles et ceux qui aiment voyager d'échanger leurs expériences personnelles : des milliers de photos, des bons (et mauvais) plans etc...

Comment s'est passé cet été pour Opodo ? Les internautes étaient-ils au rendez-vous ? Avez-vous, vous aussi, constaté un certain tassement en juin ?
C'était quoi déjà l'événement en juin ? Sérieusement oui, tassement en juin, mais nous avons bien rattrapé en juillet et en août. La déprime est plutôt arrivée dans les agences traditionnelles qui parlent d'une chute de leurs ventes, surtout en billetterie, depuis l'introduction des frais de service.

Quel avenir pour les petites agences généralistes du quartier ?
Elles doivent - comme nous tous - réinventer leur métier, proposer une vraie valeur ajoutée (le conseil ?!), et elles ont un avenir radieux devant elles.

15 % des billets vendus sont des low cost"

Vous avez mis en place une offre low cost dans vos vols, quel intérêt pour Opodo ? Que retirez-vous de cette expérience, les volumes sont-ils significatifs ?
Nous essayons de proposer le plus large choix aux consommateurs, donc la possibilité de comparer low et autres cost avec un résultat qui change en fonction des destinations et dates. Les low ne sont pas toujours si low que ça. En pourcentage : environ 15 % des billets vendus.

Quel est l'état global du marché du voyage en ligne ? Quelles sont les perspectives ?
Il se porte bien, merci. Des taux de croissance moins spectaculaires que l'année dernière, mais toujours 20 % de croissance. Perspectives : des consolidations à venir encore, surtout en France, et un changement des métiers. Il y aura des acteurs 'hybrides' qui seront un peu agence, un peu tour-opérateur, un peu méta-search.

Go Voyages est à vendre, est-ce que vous pourriez être intéressés par hasard ?
Dans ce genre de situations, je me pose toujours la question : qu'est-ce que je peux faire moi-même (c'est à dire Opodo) si j'investissais l'argent au lieu de racheter une entreprise ? Dans la plupart des cas, la réponse est cristal clear : ne pas acheter. Ce conseil ne vaut pas pour Go, bien sûr.

Quels sont vos plans stratégiques pour 2007 ? Quelle est la part de marché touristique online que vous souhaitez conquérir ? Qu'est ce qu'Opodo envisage de développer en priorité (campagne média..) ?
Ce sont exactement ces questions que mon PDG m'a posées il y a un mois avant de préparer le PowerPoint pour 2007. Les campagnes média ne seront pas notre priorité, mais la rétention de nos clients oui.

Quelles sont les différentes marques que vous gérez en parallèle à Opodo ? Promovacances ?
Il y a effectivement deux marques fortes en France : Opodo et Promovacances. Il y a aussi une marque plus confidentielle : Vivacances, spécialiste du billet pas cher et des ventes B2B.

Sur le moyen/long terme, allez-vous choisir une marque au profit d'une autre entre Opodo et Promovacances ?
Pourquoi ? Opodo est le généraliste, vendant une large gamme de produits, Promovacances est connu pour les forfaits à prix compétitif. Pour l'instant, les deux marques se complètent très bien.

Et que devient Karavel ?
Karavel existe et attire un certain nombre de clients, mais n'est pas une priorité dans le portefeuille des marques.

Toutes vos offres sont-elles gérées en marque blanche, autrement dit vous ne faites que du Web et du marketing ?
Qui vous a dit cela ? Ce serait simple. Non, la plupart des produits sont gérés par nos équipes par exemple nous avons une équipe qui contracte et choisit les hôtels (voir coups de coeur Opodo), la même chose pour l'aérien etc.

Marmara a toujours été un précurseur sur le marché du tour operating"

Marmara offrait la Tunisie pour 99 euros, ont-il cassé le marché ? Est-ce bénéfique au contraire ?
Marmara a toujours été un précurseur sur le marché du tour operating en France. Les offres à 99 euros sont des offres low cost qui permettent de contracter un hôtel pendant 12 mois, de même pour l'avion. C'est une logique industrielle. Je pense que c'est bénéfique puisque plein de gens ont voyagé à l'étranger pour la première fois.

Quelles nouveautés techniques préparez-vous pour rendre l'expérience utilisateur en ligne plus fluide, agréable, en un mot rémunératrice ?
Rémunératrice pour qui ? Fluide pour l'utilisateur : oui. Nous travaillons sur des fonctionnalités de recherche plus intelligentes, plus intuitives, ainsi que sur le raccourcissement de la réservation online. Précisément : nous permettrons de comparer des produits en fonction d'un maximum de paramètres (sports, ambiance, températures…), qui permettent de trouver l'aiguille dans le fameux foin... et pourquoi pas l'achat en un clic ?

Avez-vous des projets dans le domaine de ce fameux Web 2.0 ? (Services collaboratifs, blogs, génération de contenu par les utilisateurs...)
Oui, même si on commence à éviter ce mot. Nous avons sorti un pilote de ce nous rêvions être un beau site communautaire de voyages avec des carnets de voyages, des photos bien sûr, mais des belles photos. Vous connaissez certainement plein de sites de voyages (forums, photos…) qui sont d'une qualité décevante, on n'y trouve rien et part déçu. Nous avons donc essayé de proposer une belle plate-forme, aussi belle que les endroits à découvrir dans le monde. Rendez-vous sur Voyagerplusloin.com.

Le rachat d'un acteur par un GDS n'est pas exclu"

N'avez-vous pas peur d'être progressivement dépassé par les moteurs de recherche spécialisés ? Liligo est vraiment très bien fait, par exemple...
Un moteur a un métier très limité. Il ne fait que distribuer les offres qui sont sur Opodo et d'autres sites. Liligo et compagnie ne pourraient pas exister sans les Opodo et compagnie. On pourrait d'ailleurs se demander si cette dépendance des moteurs des agences est saine et a un avenir...

Comment réagissez vous au lancement de l'offre discount de Marmara ?
L'offre discount (pour ceux qui n'auraient pas suivi) consiste dans le lancement d'un site B2C par le tour opérateur Marmara. Pour moi, c'est juste une autre étape dans la transformation des métiers : les producteurs commencent à distribuer et vice versa. La concurrence est toujours bénéfique pour le client, donc les acteurs du tourisme doivent faire avec et essayer de faire mieux. C'est tout simple.

De la même manière, si Voyages-loisirs lançait une offre en propre, ce serait un coup dur pour vous?
Du tout.

Y aura-t-il d'autres rachats de voyagistes sur le marché ?
Oui… Attendez j'ai oublié ma boule de cristal au bureau, mais je pense que ce sont d'abord les spécialistes d'une région ou d'un produit ou les acteurs franco-français qui seront achetés (Go et autres). Ensuite, un rachat d'un acteur par un GDS n'est pas exclure.

Quelle est la répartition du capital d'Opodo. Etes vous toujours détenu par des compagnies aériennes ?
75 % du capital d'Opodo appartient à Amadeus et le reste aux 9 compagnies qui ont créé Opodo.

Selon vous quelles seront les grandes mutations ou évolutions dans le secteur de l'e-tourisme les mois à venir ?
La destructions des frontières entre les métiers, les meta-searchs, d'un côté, les producteurs de l'autre côté de la chaîne et les agences en milieu (position moyennement confortable, à vrai dire).On pourrait aussi dire que ce métier est du sable mouvant et qu'il faut garder l'équilibre.

Justement, qu'elle est la part (et son évolution) de votre chiffre d'affaires que vous sous-traitez et celle que vous produisez en propre pour ne pas être stock-in-the-middle ?
En propre : environ 80 %. Le problème de notre marché est plus dans les marges qui tendent à s'approcher de zéro, concurrence oblige.

Quelles sont les destinations qui ont explosé cet été ? Des surprises ?
Honnêtement ? J'attends toujours la destination surprise que les internautes aventureux auraient découverte. Non, rien de sensationnel, en forfaits toujours la même Méditerranée. Les surprises sont plus dans les détails, dans la façon de voyager, moins dans les destinations.

La sur-médiatisation des problèmes rencontrés en Turquie par les clients Promovacances vous a-t-elle beaucoup nui ? Pensez-vous que cela a eu des conséquences importantes pour la planification des prochaines vacances d'hiver ? Les gens vont-ils à nouveau être méfiants vis-à-vis d'Internet ?
On a effectivement rencontré la convergence de deux choses cet été : la sur-médiatisation pour combler le manque de sujets et l'amalgame entre Internet et ces problèmes. Les seules agences qui ont eu la force financière de rapatrier leurs clients étaient les agences en ligne. Cela a effectivement eu impact sur notre image mais bref et sans effet sur les ventes. Il y a encore tant de travail de communication à faire pour expliquer que Internet n'est pas synonyme d'un manque de service aux clients.

N'est-il pas trop dur d'être une femme dans un monde masculin ? Quelle leçon de management donneriez-vous aux femmes qui aspirent à des postes de décisions ?
Oui c'est dur et Internet est particulièrement vieux jeu en terme de parité contrairement à l'image nouvelles technologies. Conseil : je n'ose pas sauf peut-être qu'il ne faut pas s'adapter même si les hommes sont souvent long pour apprendre.

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 Petra Friedmann
 Opodo

Vous êtes allemande, comment êtes vous arrivé en France et chez Opodo ?
J'ai travaillé en France déjà avant Opodo mais je dirais qu'il est plus facile d'être embauché en France par une entreprise internationale que uniquement française qui souvent ne regarde que le cursus (grande) école très limitant. A propos : nous embauchons, allez sur Opodo.com.

Quel est votre salaire ?
C'est toujours la meilleure question. Quel est le vôtre ?

 
 
Propos recueillis par Rédaction JDN & JDN Solutions

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Voir la fiche de Petra Friedmann dans le Carnet des Managers.

   
 
 
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