JDN.
Aujourd'hui, le groupe Redcats, c'est combien de sites
Web en France et à l'international ?
Fabrice
Berger Duquene. Redcats représente 60 sites marchands
dans le monde, un peu plus de un milliard d'euros de chiffre
d'affaires sur Internet uniquement, à l'international,
en 2005. Avec en France des marques comme La Redoute,
Vertbaudet, Cyrillus, La Maison de Valérie, Rushcollection,
Daxon...
Pourquoi ce nom : Redcats ?
Vous êtes fans de foot US ?
Redcats, c'est à l'origine Redoute Catalogues. Je ne connais
rien au foot américain.
Quelle est la stratégie de
Redcats sur Internet ? Chaque enseigne doit avoir
son site, sa e-boutique ? Comment se font les arbitrages ?
Chaque marque dispose de son site web marchand et de sa
stratégie propre. Toutefois, comme nous sommes un groupe
international, nous avons des stratégies transverses pour
accompagner nos marques vers un développement optimal.
Sur Internet spécifiquement, nous avons une stratégie
axée sur le développement de marques spécialisées, intégrées
dans des actions multicanal (VPC, Web et magasins pour
les marques qui en disposent). Notre objectif actuel est
d'utiliser le média Web pour développer nos marques et
recruter de nouveaux clients.
Qui
s'occupe des développements techniques des sites français
et étrangers ? C'est une équipe en France ?
Une partie de nos sites sont développés depuis un an sur
une plate-forme internationale. Il s'agit de l'ensemble
de nos sites américains, de La Redoute en France et à
l'international. Cette plate-forme est développée, maintenue
en interne par une équipe de 80 spécialistes basés à New
York. Elle nous permet de gérer des volumes considérables
et d'avoir des investissements mutualisés. Nous avons
environ un million de visites par jour sur nos sites et,
par exemple, le site de La Redoute en France peut prendre
150.000 commandes dans une journée de soldes. C'est une
prouesse technique.
Pourquoi avoir choisi les Etats-Unis
pour implanter votre plate-forme technologique ?
Les ressources sont présentes et de bonne qualité sur
les technologies récentes. De plus, il n'y a qu'aux Etats-Unis
que l'on voit d'aussi gros sites marchands. La contrainte
technique est lourde pour des sites de ce type et les
savoir-faire difficiles à trouver.
Quel est alors le rôle de vos
développeurs basés en France ?
Une partie de nos sites ne sont pas sur cette plate-forme
et il faut avoir la capacité parfois de réagir ou de faire
des adaptations locales.
Le groupe Redcats est fortement
attaché aux origines du Nord et fait travailler énormément
de sociétés de la région. Une stratégie basée sur les
coûts et le relationnel ou une réelle volonté de travailler
avec des équipes locales vs des agences nationales ?
|
|
Notre
plate-forme internationale est développée
en .NET 1 et .NET" |
|
Le Nord dispose d'un bassin d'emploi très qualifié sur
la vente à distance. Nous sommes très implantés localement
et actifs dans la région, y compris au travers d'actions
de solidarité (SolidarCités) en local. Si notre histoire
est dans le Nord, notre déploiement est international.
Quel est votre plate-forme
technologique ? J2EE, PHP ou Asp.Net ? Combien
de serveurs utilisez-vous ? Comment sont-ils répartis ?
Sur quel système d'exploitation ?
Notre plate-forme internationale est développée en .NET
1 et .NET, et d'ailleurs c'est le cas de la plupart de
nos sites. Nous avons "un paquet" de serveurs, en fait
je ne connais pas le nombre au total, en tout cas suffisamment
pour tenir la charge...
Quelle est votre fonction exactement ?
De quoi vous occupez-vous ?
Je dirige le développement Web de Redcats, "transversalement",
c'est-à-dire que je travaille avec tous les sites du groupe
pour aider leur développement. D'autre part, je dirige
également des projets de développement, comme Shopoon
et Rushcollection.
Comment est organisé le groupe
pour gérer tous ses sites Web ? Combien de personnes
en France travaillent sur les projets électroniques ?
Nos organisations Web sont désormais pour une grande partie
intégrées dans nos fonctions commerciales et marketing
classiques. Notre marketing est multicanal, la gestion
de notre offre produit également. Et pour cause, le Web
est pour la plupart de nos marques un des moyens de proposer
nos marques à nos clients. Donc en fait je ne sais pas
vraiment combien spécifiquement de personnes travaillent
sur Internet, il y a assez peu de métiers spécifiques
dans le fond.
Shopoon, c'est quoi ?
Shopoon,
c'est Shopping et Cocoon. C'est à dire un moteur de shopping
spécialisé dans la mode et la décoration. Nous référençons
des cybermarchands dans ces univers et aidons les internautes
à trouver ce qu'ils cherchent dans ces catégories de produits
(mode et déco). Nous avons créé Shopoon pour répondre
au manque de moteur spécialisé dans ces produits :
la recherche de produits de mode ne peut se résoudre par
de simples équations. Nous cherchons avec Shopoon à comprendre
le langage du client (sémantique), son comportement sur
le site et en amont, pour lui proposer le produit qu'il
cherche. La recherche sur Shopoon est également visuelle
(recherche par l'image), basée sur une technologie entièrement
nouvelle d'analyse de l'image et de recherche de similitudes.
Nous avons déposé une demande de brevet européen pour
protéger notre technologie.
Sur combien de sites tournent
les recherches de Shopoon désormais ? Avez-vous de
nouveaux partenaires ?
Nous avons désormais 22 partenaires, bientôt 26, dont
seulement 7 marques du groupe. Les partenaires sont entre
autres : Yoox, Delamaison, Lhommemoderne, Sarenza,
Brandalley (à venir), Atylia... Des spécialistes
de la mode et de la déco. Nous sommes très ouverts à de
nouveaux partenaires dans ces domaines, il nous manque
encore des produits et des marques...
Quels sont les premiers résultats
de Shopoon ? Allez, quelques chiffres ! L'évolution
du site est-elle conforme à vos attentes ?
Oui, d'accord, des chiffres. Alors. Nous nous développons
correctement, même si le site a eu des problèmes techniques
ces derniers temps, résolus depuis. Nous avons lancé le
site en mai et faisons 300.000 à 400.000 visites par mois,
un peu en deçà de nos objectifs, mais nous avons stoppé
depuis deux mois toute communication. Donc sans communication,
cinq mois après le lancement, nous sommes satisfaits.
Et surtout nos partenaires sont satisfaits, la fonction
de Shopoon est remplie : nous recrutons des clients
pour nos partenaires. Un scoop ? Nous allons refondre
une partie de l'interface, elle n'est pas complètement
optimale, vous l'aviez sûrement remarqué. Et lancer de
nouveaux services, mais ça, c'est un secret.
Quel est le modèle économique
de Shopoon ? Une commission ?
|
|
Shopoon
facture autour de 0,2 euro le clic." |
|
Shopoon se rémunère au clic envoyé chez ses partenaires.
Nous facturons autour de 0,2 euro le clic.
Est-ce que vous privilégiez
vos marques dans la remontée des produits ?
NON. Nous privilégions la pertinence de la réponse par
rapport à la question de nos internautes, le prix ne rentre
pas du tout en ligne de compte, ce sont nos trois moteurs
de recherche qui calculent l'ordre d'apparition des produits
(moteur sémantique, moteur algorithmique et moteur par
l'image + analyse comportementale).
On parle beaucoup du décollage
des ventes de vêtement sur Internet. L'avez-vous constaté
de votre côté ? Si oui, de quel ordre est la progression ?
Bien sûr nous le constatons. Nous sommes les n°1 en France
de la vente en ligne d'habillement et nous sommes témoins
de cette croissance forte, liée à la féminisation et aux
nouveaux applicatifs sur les sites Web pour voir mieux
les produits (zooms interactifs, mannequins virtuels...),
permis par le haut débit. Notre croissance sur le Web
est supérieure à celle du marché au global, nous prenons
des parts de marché sur Internet.
Vous disiez dans une interview
du JDN que vous étiez "persuadé que la manière dont les
produits sont présentés aujourd'hui sur Internet est mauvaise".
C'est toujours votre opinion ? Quand comptez-vous
revoir la présentation des produits de Laredoute.fr ?
|
|
Nous
devons réinventer la présentation des produits" |
|
C'est toujours mon opinion, je crois que nous devons réinventer
la présentation des produits. Je ne pense pas toutefois
que La Redoute présente mal ses produits, au contraire,
nous sommes les seuls à proposer un mannequin virtuel
qui permet de configurer un mannequin à votre image et
d'essayer les produits, c'est très ludique et typique
Web. Je crois que nous devons nous approprier davantage
le média pour proposer des choses plus interactives. Nous
travaillons à la notion de silhouettes, de looks (comme
sur Somewhere qui a développé l'I-look par exemple). Rushcollection
va prochainement innover sur le sujet. Mais il reste encore
beaucoup de choses à inventer de ce côté, c'est un des
aspects les plus importants de la vente en ligne, surtout
en habillement. Je crois que le travail sur les photos
et les descriptifs est fondamental également, nous y travaillons.
Quels sont les résultats de
votre campagne de communication "décalée" Shopoon ?
Personnellement, celle que je préfère est le vétérinaire.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas, tapez Shopoon
sur Google Video ou Dailymotion. Les résultats sont difficiles
à chiffrer, mais nous sommes contents des retombées. Nous
envisageons une suite... si vous avez des idées de
scénarios, écrivez à la rédaction, qui fera suivre.
En matière de merchandising
et de présentation des produits sur le Net, quels enseignements
peut-on tirer de l'expérience des Etats-Unis ? Ont-ils
quelque chose à nous apprendre ?
Pour
être très honnête, je ne crois pas vraiment. Ils font
des sites très "best practice", mais nous avons la capacité
d'être très inventifs. Je trouve que le site de Gap a
des petites choses intéressantes, par exemple, mais je
trouve que celui d'H&M en Suède est pas mal non plus.
Allez voir le site de La Redoute en Corée également, vous
verrez que nous pouvons être très inventifs aussi (laredoute.co.kr,
je crois). Nous avons à apprendre de l'observation partout,
pas seulement aux US, même s'ils font les choses en grand.
Parfois, on est plus souple quand on est petit...
Quel est le chiffre d'affaires
en ligne de Redcats sur les neuf premiers mois ?
Quelle progression, et quelles sont les enseignes qui
performent le plus ?
Je ne peux communiquer sur ces chiffres pour l'instant
pour des raisons que vous comprendrez. En termes de croissance,
nos enseignes spécialisées progressent très bien, Cyrillus
par exemple. Nous cherchons systématiquement à spécialiser
nos marques, pour "coller" au plus près des besoins de
nos clients.
Que représente Internet dans
le chiffre d'affaires du groupe Redcats à présent ?
C'est le deuxième canal de vente après le téléphone ?
|
|
Internet
représente 30 % du CA de Redcats sur
les 6 premiers mois de 2006." |
|
Internet représente 30 % du chiffre d'affaires de
Redcats sur les six premiers mois de 2006, (contre 4 %
en 2001). Toutefois, nous ne raisonnons plus en termes
de canaux vs les autres canaux. Nos marques sont accessibles
pour les clients sur différents canaux, et c'est l'ensemble
de la marque que nous suivons. Les clients choisissent
le canal de contact ou de commande qui leur plaît selon
leur envie, leur besoin, leur profil ou le moment de la
journée. C'est cela le multicanal.
D'où vient le nom "La Redoute" ?
Compte tenu des différentes définitions possibles, je
ne vois pas trop le rapport...
Aucun rapport, en effet, si ce n'est l'endroit où l'entreprise
est née je crois. Il faudrait que je vérifie l'origine,
en fait.
Un rachat de société à venir ?
Les 3 Suisses ont 2xmoinscher et entament les synergies...
On prévoit de racheter Google... Nous venons de racheter
The Sportsman Guide aux US, société multicanal spécialisée
dans l'outdoor. Si vous avez des dossiers intéressants
à me soumettre, envoyez à la rédaction qui fera suivre.
Vous êtes également à la tête
de Rushcollection. Quel est le chiffre d'affaires du site
en 2006 ?
Comme 2006 n'est pas terminé, je ne peux pas le dire.
Noël est important pour nous. Un scoop ? Nous refondons
l'ensemble de la plate-forme très bientôt, le nouveau
Rushcollection va bientôt sortir, avec une nouvelle image
et pas mal de surprises.
Que pensez vous du Web 2.0 ?
Avez-vous intégré la technologie Ajax dans vos plans de
développement ?
Je n'aime pas l'expression. Comme si rien n'avait été
inventé sur le Web depuis 10 ans... Ceci dit je pense
que cela a le mérite de mettre l'ergonomie et l'utilisation
des sites, et donc les internautes, au centre du débat,
et ça a aussi l'intérêt que les médias s'y intéressent.
Cela dit, oui, nous travaillons sur des technologies de
ce type et nous cherchons activement des compétences dans
ces domaines, à bon entendeur...
Les moteurs de recherche sont
ils importants dans votre stratégie de création de trafic ?
Faites-vous du lien sponsorisé, et pour quel budget ?
Oui, ils sont très importants, bien sûr nous faisons des
liens sponsorisés, du XML feed, du référencement naturel
et tout ce qui peut aller autour. Nous avons sur le sujet
un savoir-faire je crois assez unique, en particulier
en France. Pour ce qui est des montants d'investissements,
ils sont suffisants pour que Google aux US soit attentif
à notre compte. Nous avons des équipes dédiées sur ces
sujets.
Quelle est votre formation ?
Votre parcours ? Etes-vous bon technicien ou bon
manager ?
J'ai fait l'ESSEC, j'ai participé à la création de Made
In Sport, je suis chez PPR depuis 10 ans (10 ans !),
chez Redcats depuis 3 ans, et je ne suis pas un technicien.
Quelles ont été vos opérations
de marketing mobile ? Les résultats ?
Nous utilisons beaucoup les mobiles pour le service
aux clients (confirmation de livraison par SMS, messages
téléphonés...). Je ne crois personnellement pas encore
aux applicatifs commerciaux, les supports ne sont pas
mûrs et les clients trouvent cela trop intrusif. Mais
pour le service, nous offrons le choix aux clients de
recevoir des SMS par exemple, et ils adorent. Comme
d'habitude, c'est le client qui dicte (c'est très 2.0,
ça, non ?).
Quels sont les projets du
groupe Redcats sur Internet pour les mois à venir ?
Sur quoi travaillez-vous ?
Nous avons lancé récemment Planet.vertbaudet, un site
de contenus et communautaire autour de la thématique
de l'enfant, nous avons des projets de ce type aux US.
|