Quelles sont vos activités en Europe ?
Pierre Goubet. Je vois deux questions en une. Notre activité : Metaboli est une plate-forme de téléchargement de jeux vidéo par téléchargement. Nous proposons un service par abonnement qui permet de télécharger à volonté un large catalogue de jeux vidéo. C'est un peu comme Canal Plus, mais à la place des films ce sont des jeux vidéo, qui sont disponibles en téléchargement 24h/24 et 7J/7. Concernant l'Europe : Metaboli propose son service dans les principaux pays européens. Aujourd'hui, nous sommes présents au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, et bientôt en Espagne.

Pierre, pensez-vous étendre le modèle du Buy and Download partout en Europe ?
L'offre qui a fait notre succès et qui tire la croissance de Metaboli aujourd'hui est l'offre d'abonnement illimité que je mentionnais plus haut. Effectivement, en complément de cette offre, nous avons développé un service de Buy and Download intitulé Gamesplanet.com, où on peut acheter un jeu et le télécharger. Ce site sera prochainement disponible au niveau européen également.

Combien de jeux dans ce catalogue ? Et surtout, quelle fréquence de mise à jour ?
Ca dépend des pays. En France, nos abonnements donnent accès à près de deux cents jeux vidéo. Nous en ajoutons en gros un par semaine. Dans les pays où nous avons commencé notre activité plus tard, nous n'avons conservé que les jeux les plus récents, ou éventuellement des jeux anciens qui étaient vraiment incontournables, et maintenant nous enrichissons ce catalogue au même rythme.

Comment voyez-vous la concurrence de plates-formes de distribution comme Steam de Valve ? Pensez-vous que les éditeurs vont tenter de se distribuer eux-mêmes à terme ? (Electronic Arts a déjà fait des tests en la matière...) et donc rendre caduque le rôle des agrégateurs ?
Nous sommes convaincus depuis quelques années que l'avenir de la distribution des jeux vidéo est online. Nous ne sommes pas les seuls à le penser, donc pas étonnant qu'il y ait des initiatives de ce type. Les éditeurs souhaitent eux aussi avoir leur propre capacité de distribution sur Internet. C'est notamment le cas de EA avec EAlink.

Nous sommes très favorables à cette évolution, et nous proposons systématiquement aux éditeurs de s'appuyer sur notre plate-forme pour développer leur boutique de vente par téléchargement.

Nous le faisons aujourd'hui pour Atari, Codemaster, Focus, Morphicom (pour lequel nous distribuons en ce moment le jeu Armed Assulat qui est un énorme succès). Je pense que notre expertise est maintenant reconnue et que nous sommes devenus un acteur de premier plan dans notre métier. Enfin, je suis persuadé que les joueurs continueront à chercher des services qui leur proposent des offres transversales comprenant les titres de l'ensemble des éditeurs, comme à la Fnac.

L'avenir de la distribution des jeux vidéo est online."

Quels acteurs proposent aujourd'hui votre service en marque blanche/grise ?
Nous avons environ 50 partenaires au niveau européen. Nous opérons notre service sur un mode co-brandé (ou gris) en partenariat avec Orange (Wanadoo), Free, Aol, Fnac.com, Packard Bell, Game (qui est le premier distributeur de jeux vidéo au Royaume-Uni), Telecom Italia, Wind... Nous sommes assez contents de l'attractivité de notre plate-forme.

Quelle est l'infrastructure nécessaire pour servir ces jeux vidéo au quotidien ?
Il faut... beaucoup de serveurs/routeurs/switchs. Pour donner quelques chiffres, nous délivrons aujourd'hui plus d'un demi million d'heures de jeux chaque mois, et pour ceux à qui ça parle, plus de 100 Téraoctets/mois de données téléchargées. Nous avons dû développer une plate-forme capable de supporter des débits très importants, et pour assurer une qualité de service top niveau, nous mettons systématiquement en place des liens de peering avec nos partenaires opérateurs, de manière à ce que le débit passe de manière plus directe sur leur réseau haut débit. Les volumes de débit que nous manipulons nous impose de gérer notre plate-forme avec la logique d'un opérateur.

Quels sont les jeux qui marchent le mieux ?
Dans les derniers jeux mis en ligne : Titan Quest (THQ), Heros of Might and Magic (Ubisoft) et Trackmania Sunrise Extreme (Focus) marchent très bien. On va sortir bientôt Hitman Blood Money, qui promet d'être un succès. Sinon, il y a toujours les valeurs sûres, comme Age of Empire 2 (Microsoft), Far Cry (Ubisoft) ou même un jeu comme Syberia (MC2) qui sont toujours beaucoup utilisés par nos abonnés.

Vous êtes présents en France et ailleurs. Que pensez-vous du crédit d'impôt demandé par les producteurs de jeux vidéo ? Ca vous paraît juste ?
Juste ou non... c'est un peu difficile pour moi de répondre, je pense que c'est différent selon la situation de chacun. Pour ramener cette question à Metaboli : nous avons des ambitions qui dépassent très largement l'Europe et je serais intéressé par ce genre d'aides si elles peuvent me permettre d'avancer plus vite.

Vous vous partagez les abonnements avec les éditeurs et j'imagine le prestataire qui gère les DRM pour vous. Est-ce que dans le jeu vidéo, les éditeurs se réservent aussi la part du lion comme pour la musique en ligne ? Et si oui, avec les coûts de gestion de la plate-forme c'est quand même rentable ?
Pour développer notre activité, il est fondamental de satisfaire les éditeurs qui nous apportent l'essentiel, à savoir les jeux. Nous leur ouvrons de nouveaux canaux de distributions, et une large partie des revenus que nous générons sont des revenus additionnels à ceux qu'ils perçoivent à travers les canaux traditionnels.

Notre modèle a été passé au crible par les fonds d'investissement."

Le business modèle que nous leur proposons peut se résumer ainsi : les joueurs ont accès à plus de jeux, et eux, éditeurs, en perçoivent un revenu au moins équivalent à ce qu'ils perçoivent à travers la distribution traditionnelle.

Pour ce qui concerne la rentabilité... disons que notre modèle a été passé au crible par des fonds d'investissement et que nous avons fait monter à notre capital des fonds comme Intel Capital ou Innovacom (fond d'investissement affilié à France Telecom). Ils ont évidemment regardé de près cette question ...

Quel est votre jeu fétiche ?
J'ai adoré Far Cry et je suis fan de Trackmania. J'ai aussi beaucoup aimé le jeu Beyond good and Evil (Ubisoft) qui n'a pas été un gros succès en terme de vente CD-Rom, mais qui a connu une deuxième vie sur notre portail, ce dont j'étais particulièrement content.

Les jeux vendus en Buy and Download sont au même prix que la version "en boîte" du commerce. Quel est alors, selon vous, l'intérêt de l'acheter en ligne ?
Oui, c'est effectivement un problème. Je sais que ça évoluera, mais à ce stade, les éditeurs sont un peu frileux sur la question. Cela dit, en Buy and Donwload, vous avez le jeu en une heure, sans vous déplacer... pendant la période de Noël, c'est appréciable !

Combien d'employés chez Metaboli ? Recherchez-vous des gens ? Si oui quels profils ?
Nous sommes 40 personnes. L'essentiel des équipes est à Paris. Nous avons également un bureau à Londres et un autre à Hambourg. Pour les profils, allez sur www.metaboli.com, il y a une rubrique recrutement.

Comment faites-vous pour lancer des jeux avant les distributeurs ?
Nous avons effectivement lancé le jeu Dark Star One (Ascaron) 2 mois avant la sortie CD-Rom, ça a été un gros succès, mais c'est une exception. En règle générale, nous sortons les jeux au même moment que la sortie CD-Rom, ou quelques mois après, ça dépend des éditeurs.

La dichotomie entre mode PC et monde Console finira par disparaître."

A quand des jeux sur console ?
Ce n'est pas encore à l'ordre du jour, mais nous y pensons. Pour essayer de voir à un horizon plus lointain, ma conviction, c'est qu'à long terme cette dichotomie entre le monde PC et le monde Console finira par disparaître, et que la question du hardware deviendra secondaire.

Que pensez-vous du développement des jeux communautaires ? Y croyez-vous ?
Il n'y a aucune raison que le jeu vidéo soit étranger aux phénomènes communautaires type MySpace ou Youtube. Les exemples les plus emblématiques sont des jeux comme World of Warcraft ou Second Life. Nous sentons évidemment les mêmes vibrations communautaires au sein de notre audience et de nos abonnés. Nos abonnés ont envie de partager leur expérience de jeux avec d'autres joueurs et nous pensons que ce sera une tendance croissante dans les mois et années qui viennent. Nous lançons prochainement une nouvelle version de notre service très orientée communautaire... RDV début 2007.

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Pensez-vous étendre votre service à la vidéo ? Musique ? Pensez-vous aussi vous implanter aux Etats-Unis ?
Pour la vidéo et la musique, non. Pour les Etats-Unis oui.