CHAT 
 
Amaury Delloye
Directeur général
ValueClick France
Amaury Delloye
"Nous allons lancer la vidéo"
Positionnement, chiffre d'affaires, développement de Commission Junction, de Pricerunner et du rich media... Le directeur général de ValueClick France s'est prêté pendant une heure au jeu des questions-réponses.
(13/02/2007)
 
JDN. Comment définissez-vous ValueClick aujourd'hui ? Une régie pub ? Un éditeur de solutions e-marketing ?
Amaury Delloye. Whaou, bonne question. ValueClick est une marque enseigne portant plusieurs métiers au services des éditeurs et annonceurs. Il y a en effet la régie, l'affiliation, le comparateur, la technologie d'adserving, et bien d'autres choses encore qui n'ont pour objectifs que d'aider les éditeurs à valoriser leurs inventaires et les annonceurs à développer leurs ventes/marques sur Internet.

Qui sont aujourd'hui vos concurrents directs, sachant que vous intervenez dans beaucoup de domaines ?
Nous en avons beaucoup et très peu a la fois. Je m'explique. Qui a une plate-forme d'affiliation internationale de poids, qui a un réseau media international de poids, qui a une technologie annonceurs couvrant tous les besoins, qui a un comparateur de prix international... Bref, nous avons des concurrents locaux et très peu de concurrents globaux, et nous sommes nous-mêmes plus ou moins puissants dans tous les pays. Ce qui est certain, c'est que en cumulé, nous offrons un nombre de services important qui renforce de jours en jours nos relations avec nos clients, éditeurs et annonceurs.

Comment se répartissent les activités de ValueClick ?
Globalement, en volume, vous avez deux poids lourds que sont l'affiliation et le média. La technologie est un complément de service comme à date le comparateur de prix. En chiffres pour 2007 : média, 445 millions de dollars ; affiliation, 140 millions de dollars ; comparateur, 40 millions de dollars ; et technologie, 30 millions de dollars au global. Attention, en affiliation, nous ne reconnaissons que notre marge brute et non le chiffre d'affaires annonceur, je vous laisse faire les calculs de ce que cela représente en centaines de millions de dollars !!!

Quel bilan faites-vous en 2006 (chiffre d'affaires, progression…) en France et au niveau européen ?
Le bilan est extrêmement positif avec un chiffre d'affaires global de 546 millions de dollars (304 millions de dollars en 2005, 169 millions de dollars en 2004, 93 millions de dollars en 2003) et un résultat net très conséquent, ce qui attire de plus en plus d'actionnaires.

Quel taux à votre marge brute doit-on appliquer pour connaître le chiffre d'affaires que vous générez en afiliation ?
Un chiffre d'affaires global de 546 millions de dollars"
Une plate-forme d'affiliation prend en moyenne de 40 à 30 % de commission sur la commission affilié. On peut donc aisément multiplier par trois pour trouver l'équivalent chiffre d'affaires sans être plus précis, ne communiquant pas sur ces chiffres. Donc, pour ceux qui se demandaient quels sont nos concurrents.... je pense que cela répond bien à la question du début du chat.

Comment expliquez-vous votre croissance ? Quelle est votre croissance organique ?
En France, l'ensemble de la croissance est organique et tourne autour de 60 % l'an depuis 2005. La raison est que plus nous avançons et plus nous travaillons avec nos éditeurs et annonceurs, ce qui renforce nos relations de confiance, et nous aide à avancer ensemble.

Si votre entreprise cherche à accroître son chiffre d'affaires quelle que soit la méthode commerciale (CPM, PPC, affiliate, mais aussi régie, plate-forme et brocker), cela n'est-il pas source de confusion pour vos clients et plus généralement pour le marché en ligne encore en recherche d'un modèle ?
Je dirais volontairement non, car c'est la stratégie du groupe ValueClick depuis ses débuts. Je m'explique : chaque métier est une filiale, ValueClick fonctionne en pépinière et travaille à créer des ponts entre les métiers qui évoluent. Si on met tous ces services dans le même panier, chaque groupe perdra son indépendance de pensée et d'action, sa créativité, et c'est une perte forte dans des métiers comme les nôtres. Le média est un métier qui ne doit pas être mélangé à de la distribution, croyez-vous que Carrefour fait la même chose que TF1 ? Je ne pense pas. Nous préférons volontairement segmenter pour spécialiser et relier plus tard afin de créer des synergies.

Nous irons peut-être vers le mobile."
Si la croissance de l'e-pub est désormais très importante en France et en Europe, quel sera l'intérêt de ValueClick de poursuivre sa diversification au-delà de l'e-pub ?
Je vais répondre en parlant de marketing et de publicité interactifs. Nous travaillons, sur les espaces publicitaire classiques, e-mail, texte, liens sponsorisés, pour faire du branding ou de la performance, le tout majoritairement sur "Internet", alors que nous manque-t-il ? Peut-être d'autres canaux comme le mobile, c'est une piste, mais nous nous concentrons plus à date sur le renforcement de nos positions en Europe et dans d'autres pays dans le monde. La régie et l'affiliation couvrent déjà plus de 240 pays, mais pourraient faire beaucoup mieux dans une logique pays par pays.

Vos principaux concurrents en affiliation ont opté pour l'acquisition d'un acteur local. Avez-vous des cibles en vue ?
Je vais commencer par un rappel, nous envisageons tout le temps tout type d'acquisition en France et à l'étranger, mais cela n'a pas toujours du sens. Je m'explique : lors du lancement de Commission Junction en France, nous avons hésité à racheter des acteurs locaux et nous avons pris la décision de le faire nous-mêmes. Le résultat est stupéfiant, car nos résultats nous placent déjà dans le top en moins de un an et demi et je vais vous dire pourquoi, car Commission Junction est une plate-forme internationale qui tire sa force du réseau international, de ses outils en avance et de ses équipes. Au jour 1 de Commission Junction, on générait déjà des ventes, ce qui facilite le lancement dans beaucoup de pays sans rachat.

ValueClick est américain. Comment éviter le piège de mal juger les marchés locaux, notamment européens ?
Très bonne question, Valueclick appartient à des américains, mais n'est pas une boite américaine !!!! (scoop !). Pourquoi ? Car le boss n'est pas un financier, mais un homme d'affaires qui s'appuie sur d'autres hommes et je peux vous dire que je n'ai jamais vu cela (c'est ma troisième boite américaine !). Nous disposons d'un board européen qui est décisionnaire sur ses développements, ses acquisitions et ça se sent tous les jours, ce qui évite ce type de faille terrible.

Quelle est aujourd'hui la tendance la plus lourde en e-pub : des campagnes paneuropéennes ou plutôt localisées ?
Encore locales, mais de plus en plus paneuropéennes, les acteurs internationaux concentrent leurs actions et les locaux tendent à se développer à l'international (c'est facile en plus avec ces outils). Nous partageons énormément d'informations en interne entre les équipes de chaque pays, et cela nous donne un senti du marché très fin et souvent en avance.

Quels réels partages de savoir faire avez-vous avec vos collègues ValueClick des autres pays ?
Technique, clairement. Evolutions et tendances, ce qui marche et ne marche pas pour un client ou pour un secteur, la culture. Chaque expérience/expertise en provenance d'un pays est poussée au groupe et souvent génère de nouveaux développements ou solutions.

Les équipes Commission Junction, PriceRunner et ValueClick travaillent ensemble dans un même bureau local ? Quelles sont les synergies entre toutes les filiales ValueClick ?
Nous les avons organisées en plateaux afin de maintenir l'esprit de groupe (produit), mais chaque département se croise avec celui des autres comme les pôles publisher / annonceurs / opérations / marketing.

Si je ne me trompe pas, vous ne faites pas la promotion de Commission Junction d'une façon agressive en France. Est-ce pour favoriser la marque ValueClick ?
Soyons clair. Valueclick n'est pas une marque. Nous mettons en avant Commission Junction, ValueClick média, Mediaplex, Pricerunner, Search 123 qui tous font partie de la Value team. Le handicap au vu de votre question est qu'une ligne de produit s'appelle encore du nom du groupe ce qui n'est probablement pas idéal. Pour la promotion de Commission Junction, nous avons volontairement démarré SOFT, c'est à dire en faisant entrer peu de clients pendant la phase de lancement pour délivrer un très haut niveau de qualité et de satisfaction. Mais la phase 2 arrive.

Que vient faire le comparateur de prix dans l'éventail de vos activités ? Les autres comparateurs n'appartiennent pas à des sociétés pub !
Facile, le comparateur c'est deux, trois choses : des annonceurs, du contenu et des éditeurs qui le distribuent. Vous voyez, cela ne nous intéresse pas d'être concurrent des éditeurs, au contraire, nous l'utilisons pour offrir du contenu rémunérateur à nos éditeurs grâce à la technologie et nos feeds produits complets, renforçant en cela notre relation commerciale et technologique avec les annonceurs. C'est un moyen supplémentaire pour les éditeurs de renforcer leur relation avec leurs internautes tout en apportant une source de revenu supplémentaire.

L'acquisition de votre comparateur PriceRunner a-t-elle tenu ses promesses ? Etes-vous satisfait des résultats enregistrés ?
Très, en 2006, nous avons multiplié par 4 nos résultats en France et avons lancé celui-ci sur les US et l'Allemagne, joli challenge réussi. Ce métier est passionnant et prend du temps à mettre en place. Les deux premiers mois de 2007 sont plus que positifs, au delà des budgets.

Qu'en est-il de PriceRunner face aux enquêtes de la DGCCRF ?
Pricerunner est un des seuls comparateurs à avoir une présentation des résultats en fonction du prix de vente."
Pricerunner est un des seuls comparateurs à avoir une présentation des résultats en fonction du prix de vente (et non de ce que paie l'annonceur), la DGCCRF n'a rien relevé sur cette partie et nous en sommes très fiers. Le métier de Pricerunner est d'offrir un contenu de qualité aux internautes et donc à nos éditeurs qui le distribuent... et cela a été noté. Pourvu que les internautes s'en aperçoivent aussi !

Comment rentre Shopping.net dans votre portefeuille ? N'est-ce pas un doublon avec Pricerunner ?
Non, Shopping.net c'est un annuaire, pas un comparateur qui valorise ces espaces avec pub, affiliation, contenu. L'objet de cet achat (petit) correspond à cet esprit "pépinière" afin de mieux comprendre quelques mécaniques et de renforcer Pricerunner, Commission Junction et le média avec ses millions de visiteurs uniques.

Rechercher à renforcer les relations avec les clients, mais dans le "monde Internet" la fidélité n'est pas toujours source de qualité. En d'autres termes, en recherchant le volume, l'acquisition externe et la fidélité, vous oubliez l'innovation interne et donc risquez de ne plus jouir de cette relation de fidélité.
Je ne suis pas d'accord, nous n'avons pas une politique de ricain où la seule chose qui compte est de racheter tout ce qui passe. Nous aurions pu racheter beaucoup d'autres sociétés, mais nous ne l'avons pas fait. Je reprends l'exemple de Commission Junction en France, nous nous sommes appuyés sur notre technologie, nos expertises de lancement dans les autres pays et bien sûr, nos hommes et femmes qui ont fait un travail remarquable !

DoubleClick vient d'annoncer le rachat de Tangozebra. Et vous, quoi de neuf du côté du rich media ?
Plein, plein de choses. D'abord, on a déjà des outils de reach dans tous nos outils et nous allons lancer la vidéo, le comportemental, mais je ne peux pas en dire plus si ce n'est que, pour répondre encore une fois à la question précédente, on a pas toujours besoin de racheter. L'expertise sur ces produits vient de l'interne.

Il nous reste à nous implanter en Europe de l'Est et du Sud."
Le RSS revient en force avec les pages d'accueil personnalisées Web 2.0. Où en est-on en matière d'e-pub dans les fils RSS ?
Cela ne change rien. Ce sont les éditeurs de sites qui proposent aux lecteurs de personnaliser leurs pages. Cela ne permettra que de faciliter la personnalisation de la pub au contenu, ce qui était plus dur avant avec une arborescence classique. Le lecteur prend de plus en plus sa place et c'est bien !

Que pensez-vous du Web 2.0 ? Quelle est votre approche ?
Ce n'est pas une révolution, c'est une adaptation qui était nécessaire et qui est agréable pour le surf. Ce que j'apprécie le plus, c'est que le Web, ce n'est pas des grands carrefours, ce sont des millions d'individus. Internet prend enfin cette direction plutôt que vouloir nous faire tous manger des produits que l'on ne veut pas ! Vive le Web Libre !

Sur quels marchés prévoyez vous de vous développer, notamment dans l'affiliation ?
Nous sommes bien positionnés en Europe du Nord, maintenant en Europe du Centre, reste donc l'Est et le Sud sans oublier les pays asiatiques of course.

Combien de personnes travaillent chez vous en France ?
40 contre 6 en 2005, et sans doute 60 à la fin de l'année. Alors si vous êtes bons, pas prétentieux, que vous voulez bosser dans une société dynamique et humaine et vous construire un avenir, vous savez ou venir... www.valueclick.fr

Pensez-vous recruter cette année ? Si oui, combien de personnes et quels profils ?
Concernant les profils, ValueClick est un mélange de tout, juniors et "seniors", chacun à sa chance pourvu qu'il soit motivé. Sinon, des commerciaux, des gestionnaires, des développeurs…

  En savoir plus
 ValueClick France
Quelle sera l'évolution et la part de l'e-pub selon vous pour en 2010 ?
Nous sommes sur Internet comme sur un "carrefour" dans les deux sens, c'est-à-dire à la jonction entre le consommateur et le producteur. Internet va devenir de plus en plus incontournable par le volume et la diversité.
 
 
Propos recueillis par Rédaction JDN & JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Voir la fiche d'Amaury Delloye dans le carnet des managers.

  
 
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International