A la tête du comparateur
de prix Kelkoo, Pierre Chappaz a initié le développement
de son site à travers l'Europe. L'ouverture de
Kelkoo Espagne a eu lieu au printemps 2000, après
le rachat du principal acteur du pays sur le secteur :
Donde Comprar. Un an et demi plus tard, a filiale espagnole
de Kelkoo reste la moins développée du
groupe. Pierre Chappaz garde malgré tout un oeil
vigilant sur le développement de l'Internet ibérique,
même si à l'heure actuelle, le constat
n'est guère brillant...
Le
retard espagnol est-il aussi important qu'il y paraît ?
Pierre
Chappaz. Absolument. L'Espagne est vraiment le pays
d'Europe le moins développé. Il est très
en retard par rapport à l'Italie, qui est déjà
lui-même très en retard par rapport à
la France. L'Espagne est le pays dans lequel le commerce
électronique est le moins développé.
Cela est dû à plusieurs éléments :
d'un part, la pénétration du Web n'est
pas au niveau des autres pays européens. Il faut
peut-être y voir des facteurs socio-culturels,
voire climatiques : il est clair que, plus l'on
va vers le Nord de l'Europe, plus les gens passent de
temps sur Internet. S'ajoute à cette pénétration
atrophiée du Net, le faible poids de la grande
distribution traditionnelle en Espagne, comme Tesco
au Royaume-Uni ou la Fnac en France. En Espagne, en
dehors d'El Corte Ingles, il n'y a personne. Enfin,
les investissements du capital-risque espagnol dans
les pure-players sont presque inexistants.
Les sites n'ont donc pas eu l'occasion de se développer
comme cela a été le cas en France.
Qu'est-ce
qui explique ce manque d'investissements ?
L'explication
peut presque prêter à sourire : les
capitaux-risqueurs espagnols ont été fascinés
par l'Amérique du Sud. Ils ont donc mis des montants
considérables outre-Atlantique et ils ont un
petit peu oublié leur propre marché. Il
est clair qu'aujourd'hui l'Internet espagnol est sous-capitalisé.
Dans
ce cas, le marché doit être encore assez
facilement pénétrable...
Nombre
d'entreprises françaises ont fait leur entrée
sur le marché en rachetant des sociétés
déjà existantes. Cela a été
notre cas et cela a aussi été le cas de
Carrefour qui a implanté son cybermarché
Ooshop en rachetant l'un des tout premiers sites marchands
espagnols, Submarino, qui périclitait. Wanadoo
s'est aussi introduit par ce biais, en rachetant le
portail et fournisseur d'accès eresMas. Néanmoins,
il ne faut pas espérer un trop large développement
sur le marché espagnol qui n'est pas encore mûr
aujourd'hui. C'est pourquoi nous aidons des pure-player
français à se développer là-bas
à moindre coût. Pour des sociétés
comme Pixmania ou Nomatica, il leur a suffit de réaliser
une version espagnole de leur site et Kelkoo s'est ensuite
chargée de leur donnée la visibilité
nécessaire. Cette façon d'investir le
marché est encore possible aujourd'hui car il
n'y a pas beaucoup de sites locaux et que, donc, les
Espagnols ont l'habitude d'acheter sur des sites étrangers.
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