C'est l'un des groupes qui a le
plus contribué à la concentration du marché
des fournisseurs d'accès Internet en Europe. Tiscali
Group est même devenu un acteur incontournable dans
le secteur des FAI : il figure en troisième
position en Europe derrière T-Online (Deutsche
Telekom) et Wanadoo (France Télécom). Une
belle performance pour un acteur de l'accès Internet
qui n'est pas issu d'un opérateur historique ayant
bénéficié d'une position monopolistique
sur son marché domestique.
L'histoire
de Tiscali suit celle de la libéralisation des
secteurs des télécommunications en Italie.
En juin 1997, Renato Soru fonde la société
Telefonica della Sardegna, rebaptisée quelques
mois plus tard Tiscali. C'est justement à cette
époque que le gouvernement italien ouvre à
la concurrence le secteur des télécommunications.
En avril 1998, Tiscali obtient une première licence
portant sur des services de téléphonie
en Sardaigne, à Milan et à Rome. Quelques
mois plus tard, il signe un accord d'interconnexion
avec l'opérateur historique Telecom Italia.
A partir de 1999, Tiscali
prend son envol dans le domaine de l'Internet en surfant
sur la vague européenne des services d'accès
gratuits (via TiscaliFreeNet) sur le modèle initié
par Freeserve en Grande-Bretagne. En octobre 1999, alors
que la Nouvelle Economie tourne à plein régime,
la société est introduite sur le Nuovo
Mercato et lève 120 millions d'euros. Désormais,
Renato Soru dispose des moyens nécessaires pour
entreprendre une expansion paneuropéenne.
Le patron italien ne va pas
manquer d'audace en la matière. Entre 2000 et
2002, les emplettes dans le monde des télécoms
et de l'Internet se comptent en dizaines. Tiscali se
tourne vers des sociétés étrangères
ayant développé leur notoriété
sur l'accès Internet gratuit. En Belgique, le
groupe achète en avril 2000 la société
Interweb, qui exploite le service FreeBel. Dans l'année
qui suivra, cette stratégie de croissance externe
sera marquée par deux opérations majeures :
l'acquisition de World Online en décembre 2000
et celle du groupe français LibertySurf en janvier
2001 pour une valorisation totale de 645,5 millions
d'euros..
Cette politique agressive de
rachat a permis à Tiscali Group de s'implanter
dans 14 pays : Autriche, Belgique, République Tchèque,
Danemark, Espagne, France, Allemagne, Italie, Pays-Bas,
Norvège, Suède, Suisse, Royaume-Uni et Afrique du Sud.
Des pays où le groupe italien n'est pas uniquement
présent via l'accès Internet. Tiscali
a conservé un pied dans le monde des réseaux
télécoms en exploitant, comme en France,
sa propre infrastructure réseaux et des services
voix à destination du monde professionnel.
Au dernier pointage, le groupe
Tiscali dispose de 7 millions d'abonnés Internet
actifs en Europe. Le chiffre d'affaires du groupe sur
le premier semestre 2002 s'est élevé à
367,7 millions d'euros, en hausse de 42% par rapport
au premier semestre 2001). Pour l'ensemble de l'exercice
2002, Tiscali prévoit un objectif de chiffre d'affaires
de 800 millions d'euros et confirme son objectif d'Ebitda
positif.
Aujourd'hui, 46,1 % du
capital ont été placés en Bourse.
Renato Soru détient 30,1% de son groupe aux côtés
de la famille Sandoz (17 %). Europ@web, la structure
d'investissement Internet de Bernard Arnault désormais
désossée, et le groupe britannique Kingfisher détiennent
chacun 3,4% du groupe. Derrière cette répartition
qui fait la part belle aux marchés, revient dans
les médias européens un sujet récurrent :
Tiscali projet financier ou industriel ? Dans un
marché où la concentration n'est pas encore
arrivée à terme, l'indépendance
du groupe a de quoi raviver les velléités de croissance
externe de plusieurs acteurs de l'Internet européen.
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