Marc Simoncini (Sensee.com) "Il est encore matériellement impossible de vendre des lunettes en ligne"

Si un porteur de lentilles de contact sur dix achète sur Sensee, le site marchand d'optique ne parvient pas encore à vendre en masse des lunettes de vue, explique son patron.

JDN. Dans quels domaines jugez-vous le plus intéressant d'investir actuellement ?

Marc Simoncini. Il s'agit à mon avis de l'éducation et de la santé, qui vont s'ouvrir de plus en plus au privé car l'Etat ne pourra plus les assumer seul. C'est cette certitude qui guide deux de mes plus récents projets : l'Ecole Européenne des Métiers de l'Internet (EEMI) dans l'éducation et Sensee.com dans la santé. Nous avons beaucoup d'ambition pour l'EEMI, que nous allons développer encore beaucoup plus qu'aujourd'hui.

Côté Sensee, nous cherchons à vendre des produits de qualité en mettant en place un circuit court, afin de réduire considérablement les prix de l'optique. Le gouvernement va d'ailleurs dans cette direction, en déclarant que le prix des lunettes est trop élevé. Cela conforte la mission de Sensee tout comme celle des centres Ophta Point Vision, dans lesquels a investi mon fonds Jaïna fin 2011, qui réduisent à 48 heures les délais d'attente pour les consultations d'ophtalmologie, contre plusieurs semaines habituellement.

Sensee, qui est le prolongement de Lentillesmoinscher.com, a ouvert en octobre 2011 en beta privée puis officiellement en mars 2012. Quel premier bilan en tirez-vous ?

Nous venons de l'apprendre : Sensee représente 10% du marché français de la vente de lentilles de contact tous canaux confondus ! Plus précisément, sur ce marché de 350 millions d'euros, un acheteur de lentilles sur dix achète chez nous.

Le chiffre d'affaires de Sensee, qui vend à peu près moitié prix, tourne-t-il donc bien autour de 17 millions d'euros ?

Un peu plus...

Arrivez-vous à vendre des lunettes de vue ?

Pour l'instant, il est matériellement impossible de vendre en ligne des lunettes. Essilor, qui contrôle 90% de la production de verres en France et 45% dans le monde, ne veut pas vendre en ligne. Nous travaillons donc avec le numéro 2 du secteur, à la seule condition que nous ne le nommions pas. Donc pour l'instant, mon travail consiste avant tout à casser le marché. Toute l'année, je vais continuer à marteler mon message, à taper au même endroit jusqu'à ce que la fissure s'agrandisse et que le mur s'effondre. Après seulement, nous pourrons vendre des lunettes. Cela ne signifie donc même pas que nous en vendrons en 2013. Ce sera sans doute pour après.