Sait-on faire des vidéos?

Les écrans sont partout. Mais qu’y-a-t-il dedans? Souvent des vidéos dénuées de sens grammatical et de structure. Et si les téléphones intégraient la capacité de «faire faire» des vidéos? D’aider les utilisateurs à retrouver le sens en suivant des règles narratives simples? L’être humain sait parler, il sait écrire demain il saura faire de la vidéo

Demain tous vidéastes ?

A partir du moment où l’on appuie sur le bouton "rec", quel que soit l’appareil, on commence à raconter une histoire. Mais une histoire intelligible pour nous même, c’est déjà plus difficile. Une histoire intelligible pour les autres, c’est un cran plus difficile. Niveau suprême de difficulté : une histoire pour vendre, produire une émotion... Les gens vont s’exprimer et acquérir des formats vidéo parce qu’ils les auront vus. L’acquisition du langage, de la compréhension de l’image se fait à travers l’éducation qui s’acquiert par ce que l’on regarde depuis l’enfance. Mais aussi en fonction des pays dans lesquels on vit, des tendances... On obtient alors une grammaire plus ou moins évoluée techniquement. Dans ce contexte, donner envie de raconter soi-même les images est un enjeu. En l’absence d’éducation, les gens s’approprient inconsciemment un langage et établissent un argot. Des formats qui n’existaient pas deviennent référents. Ils ont pu exister parce qu’on a trouvé sur Internet un endroit où les exprimer et avec les smartphone un outil pour les fabriquer facilement. Internet est disruptif dans l’usage de la vidéo par rapport au cinéma ou la télévision car la vidéo est supplantée par l’usage du smartphone, la capacité immédiate de pouvoir faire de la vidéo sans respecter de règles.

L’évolution des formats

La syntaxe qui vient de la télévision a été marchandisée avec la publicité. On regarde des choses faites pour nous maintenir sur l’écran. C’est une "dénaturation" de la syntaxe cinéma. Une sorte de concentré/précipité. Dans un sens la publicité télé est le tout premier argot. C’est aussi un outil de communication redoutable. Le premier qui permette de faire passer une idée en 30 secondes ! En termes de format esthétique, la télé a surexploité les gros plans. Auparavant, au cinéma il n’y avait jamais de gros plans, c’était rare sur grand écran. Sur Internet on ne montre pas les choses avec des visions très larges, on privilégie les visions "spotées". Cela induit un format. Les vidéos sur Internet peuvent avoir un seul sujet précis qui n’a pas forcément d’importance. Une seule idée, une seule valeur de plan. Le gros plan est constant et systématique de par la nature du média. Pas besoin de mettre le sujet dans un contexte, celui-ci est autour de la vidéo. C’est le site Internet qui induit la navigation. De cet usage, nait une grammaire. Quelle syntaxe les marques appliquent-elles aujourd’hui pour communiquer aux Internautes ? Elles s’orientent à leur tour vers cette "dénaturation" de la syntaxe traditionnelle.

L’exemple des vidéos "Lol Cats"

On peut les dénigrer mais quoi qu’il en soit elles existent. Une vidéo Lol Cat raconte l’histoire d’un animal dans une situation parce qu’il est mignon. La structure est induite par ce que l’on va ressentir. C’est l’attribution d’un langage. Le sujet est plus important que le format. Et de manière généralisée, sur les écrans aujourd’hui : merci la télé réalité ! Des formats sortis de l’utilisation improbable d’utilisateur avec leur téléphone deviennent des formats de référence. Même s’ils ne sont pas structurés, ils changent la syntaxe audiovisuelle, l’a font évoluer.

La notion de "bien" ou "pas bien" est relative sur Internet

Le fait de ne pas connaitre la syntaxe, induit la création de syntaxe ! On produit un nouvel argot. C’est un appauvrissement et en même temps générateur de valeur ajoutée, de créativité et d’inspiration. La technologie est le chaînon manquant entre les règles syntaxiques ciné/TV qui reviennent aux experts et l’Internaute. Un outil peut compenser l’absence de connaissance des règles s’il agit comme une balise qui accompagne l’utilisateur et l’aide à produire automatiquement des vidéos qui ont du sens. Nous sommes dans l’air des Intelligences Artificielles (IA) dans bien des domaines, pourquoi la vidéo ne pourrait-elle pas être assistée par une application intelligente ? Dans l’avenir, tous les téléphones seront équipés d’une IA qui accompagnera les utilisateurs et baliseront un comportement pour automatiser leurs projets vidéo, pour produire la bonne syntaxe du premier coup. La capacité de FAIRE des vidéos. L’argot va se structurer. Ce qui manque au téléphone c’est le "savoir faire-faire". On ne sait pas où la vidéo ira dans le futur mais elle sera partie prenante de la vie des hommes. L’être humain sait parler, il sait écrire, demain il saura faire de la vidéo aussi naturellement !