Patrick Dalsace (La Fourchette) "Le nouveau LaFourchette est social, mobile et multilingue"

La Fourchette mise sur les nouvelles versions de son portail BtoC et son logiciel de réservation BtoB pour porter son expansion internationale, explique son cofondateur.

JDN. Vous mettez en ligne aujourd'hui le nouveau portail de LaFourchette.com. Quel est son objectif ?

dalsace 275
Patrick Dalsace, cofondateur et DG de La Fourchette © S. de P. La Fourchette

Patrick Dalsace. Il est l'aboutissement d'un projet qui a occupé 20 développeurs pendant un an et constitue le point de départ fondamental pour envisager l'avenir. Nous avons redéveloppé toute notre plateforme en API. En premier lieu, cela va nous permettre de nous déployer à l'étranger beaucoup plus facilement. Nous couvrons déjà la région parisienne et 10 villes françaises, ainsi que Madrid et Barcelone où notre site ElTenedor.es est leader du marché. Nous venons d'ouvrir à Genève et à Lausanne et Bruxelles est presque prêt.

Nous avons de grandes ambitions à l'international et désirons nous étendre à 10 nouvelles zones urbaines hors de France cette année. Nous réfléchissons à Milan, Turin, Berlin, Rio, Sao Paulo, Montréal, Vancouver, Hong Kong, Singapour... Les immenses mégalopoles que sont Tokyo ou Séoul nous intéressent évidemment beaucoup aussi. Tout comme Londres, où le marché déjà évangélisé compense la présence d'acteurs concurrents. Enfin, notre logiciel de réservation pour les restaurants a déjà des clients à Dubai, aux Philippines, en Argentine, en Pologne... nous pourrons donc y ouvrir facilement notre portail BtoC. Au final, le choix de ces villes dépendra en grande partie des managers que nous trouverons sur place pour développer La Fourchette.

Qu'est-ce que la nouvelle version du portail apporte de neuf ?

Elle sera beaucoup plus sociale. Par exemple, une sorte de doodle permet de choisir un restaurant à plusieurs. Nous avons aussi intégré Facebook Connect. Dans un mois environ, il sera également possible de "suivre" les personnes dont les recommandations en matière de restaurants vous intéressent, nous ferons remonter des avis d'experts sur le site,  vous pourrez prendre en photo et partager les plats... Entre 5 000 et 10 000 avis sont déjà postés chaque semaine sur La Fourchette. Ce nombre devrait donc encore augmenter, d'autant que nous réfléchissons à un système de points pour encourager la dépose de commentaires. Elle est déjà très pratiquée puisque 50% des gens qui réservent sur La Fourchette laissent une note et parmi eux, la moitié rédige un avis.

L'ergonomie du portail change aussi énormément, dans le sens de la simplification. Par exemple, les fiches restaurant regroupent toutes les informations utiles dans un seul onglet, le second étant réservé aux échanges de la communauté. Par ailleurs le site devient multifacettes : il est maintenant possible de rechercher un brunch, dans le 11ème arrondissement de Paris, de cuisine asiatique.

Et côté mobile ?

D'une part, nous avons adapté au portail quelques bonnes pratiques nées de la simplicité d'usage qu'exige le canal mobile. Par exemple des fonctionnalités de géolocalisation, ou encore de réservation en un seul clic.

Mais au-delà de cela, la mobilité est en train de bouleverser la réservation en restaurant. Nous avons voulu y prendre nos marques très tôt et affichons par exemple tous les restaurants et offres alentours, ceci en tenant compte de l'inventaire en temps réel que nous remontent les restaurants via le logiciel de réservation MyFourchette installé chez eux. Le mobile est déjà très important pour nous, puisqu'il représente 25% des réservations sur La Fourchette et passera à 50% d'ici un ou deux ans. Nous sortons d'ailleurs notre application iPad en mars, sachant que sans application dédiée, les tablettes pèsent déjà 5% de nos réservations aujourd'hui.

Avez-vous également fait évoluer votre logiciel de réservation pour les restaurants ?

En réalité nous avons commencé par cela, car ce logiciel est la brique de base de notre activité. Nous avons commencé à migrer tous les comptes en novembre dernier. Maintenant que la plateforme est en place et que tous ont le nouveau MyFourchette, nous pouvons lancer le portail BtoC.

Quelles modifications avez-vous apportées à votre logiciel ?

Il est désormais évolutif, multilingue et totalement adapté au mobile et à tous les écrans. En outre, le restaurateur peut paramétrer son activité comme il l'entend. Il peut décider combien de places il propose à la réservation sur La Fourchette, combien seront en promotion, il peut créer des menus spéciaux... Il dispose donc d'une grande autonomie sur la gestion de son inventaire. Le restaurant peut aussi intégrer à son propre site un module en totale marque blanche, dont les étapes sont étudiées pour optimiser le taux de transformation.

Plus largement, nous considérons qu'il est important de donner au restaurant toutes les informations possibles pour lui permettre de maîtriser son CRM et de réduire sa dépendance aux différents canaux d'acquisition. Par exemple, nous ne lui fournissons pas seulement les prénoms, noms et numéros de téléphone des clients, mais aussi leur mail, contrairement à Booking.com par exemple. Quant à notre module en marque blanche, il leur laisse toute autonomie, contrairement par exemple au bouton de l'américain Open Table qui est nécessairement cobrandé, payant bien sûr, mais capte en outre les données client au passage. Nous avons toujours eu cette philosophie-là, mais la nouvelle version de notre logiciel la porte encore un cran plus loin.

Patrick Dalsace, diplômé de la San Jose State University en 1998 et de l'Essec en 1999, a cofondé La Fourchette en 2007 avec Bertrand Jelensperger et Denis Fayolle. La société a réalisé un chiffre d'affaires de 9 millions d'euros en 2011-2012 et vise 12 millions sur son exercice 2012-2013, pour 200 millions d'euros générés auprès des restaurateurs partenaires. La Fourchette indexe environ 7000 restaurants en France et prend une commission de 2 euros environ par réservation. La start-up, qui avait déjà levé 3,3 millions d'euros en juin 2011 auprès de Smart&Co Ventures, a bouclé un nouveau tour de table de 8 millions d'euros en avril 2012 auprès de Serena Capital et de Partech International.