Journal du Net > Economie  Untitled Document > Pourquoi les enseignes développent des cartes de fidélité à plusieurs

Une carte de fidélité traditionnelle a très souvent un taux d'activité inférieur à 50% selon les observateurs du secteur. Comprenez que ce n'est pas parce qu'elle est dans un portefeuille, qu'elle sert. Problème. Pour encourager les porteurs à dégainer leur carte, les services marketing des enseignes mettent tout en œuvre pour que leurs clients puissent l'utiliser partout. C'est l'avènement des programmes de fidélité multimarques, comme S'miles.

"Avec une carte multipartenaire, nous élargissons l'univers de consommation et de récompense", résume le directeur de Laser Loyalties, Jean-Michel Chanavas. Laser gère le programme de fidélisation S'miles pour le compte des quatre groupes qui se sont fédérés pour proposer une même monnaie de fidélisation. "Le client a la possibilité de gagner plus vite des points et donc d'être récompensé plus vite", explique-t-il. Aux marques partenaires, "il est démontré qu'en intégrant un réseau de fidélité, elles ont l'opportunité, non seulement d'élargir leur clientèle, mais aussi d'abaisser leur taux d'attrition." Simple. Mais encore faut-il encore que les enseignes se mettent d'accord. Les précurseurs, S'miles (Galeries Lafayette/Casino) et Mouvango (Total/Accor/Europcar) n'ont pas tardé à être suivis dans leur démarche. En un an, la Caisse d'Epargne et la SNCF ont rejoint S'miles quand Mouvango réussissait à convaincre Gaumont et Carlson Wagon-lit de tenter l'aventure.

La carte Accor Mouvango. Photo © Accor

"Fidéliser un client coûte moins cher que de le conquérir", affirme Jean-Michel Chanavas. Le client s'attache à une monnaie d'échange, le tour est joué. Mais l'offre doit être large, et le partenaire se chasse. "Avec 93 partenaires, Maximiles offre à des enseignes d'amener des clients qu'ils n'avaient pas", se félicite Thomas Châtillon, le directeur adjoint de Maximiles. L'enjeu aujourd'hui est de fidéliser autour d'une banque et d'un opérateur de téléphonie mobile. Tous n'en ont pas.

Simple pour le client fidèle, la gestion de S'miles l'est beaucoup moins. Derrière le même logo et la même monnaie de points se cachent quatre gestionnaires distincts : Caisse d'Epargne, Sncf, Galeries Lafayette et Casino. Des gestionnaires qui ne se communiquent pas les données clients entre eux. "Chacun garde son identité", insiste Jean-Michel Chanavas. Les gestionnaires attribuent et distribuent des points selon un barème jalousement tenu secret. Les sociétés stockent les points acquis par le porteur de la carte qui garde toujours la mention de l'origine de son adhérent (Monoprix, Sncf…). C'est seulement au moment de la distribution des récompenses que le GIE qui réunit les quatre gestionnaires agit avec un taux de transformation établi pour chaque partenaire. Chez S'miles, Casino est le premier pourvoyeur de points. Suivent les Galeries Lafayette et la Sncf. L'opération est bénéfique à tous points de vue, puisque "les points sont finalement très souvent dépensés dans l'univers de consommation d'origine", avoue Jean-Michel Chanavas.

Le programme Mouvango, lui, est plus orienté vers la fidélisation dans l'univers des transports et des loisirs. "Nous partageons un réseau d'acceptation de cartes" résume Gustavo Bazan, responsable de l'exploitation des programmes de fidélité Accor via sa filiale Accentiv. "Chaque émetteur (Total, Europcar et Accor) gère son programme. Ils ont leur propre monnaie de fidélisation." Accentiv est la plate-forme arrière qui chapeaute l'ensemble afin d'attirer de nouveaux partenaires. Les fournisseurs de points (Courte Paille, Gaumont, Wagons-Lits…) paient à Accentiv les points qu'ils distribuent en fonction de l'utilisation qu'en font les clients de chaque enseigne. Courte Paille ne pèse pas autant que Total dans la distribution de points. Mais tous les deux ont la certitude d'augmenter leur chiffre d'affaires grâce à Mouvango.

 

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