Henri Seydoux (Parrot) "Les appareils pros représentent 20% du CA de la branche drone de Parrot"

Le groupe français veut développer son offre pro et investit dans des start-up. L'une d'elle propose un robot de surveillance autonome roulant, capable de surveiller son environnement.

JDN. En 2015, Parrot a investi dans quatre entreprises liées au secteur du drone professionnel et a levé 300 millions d'euros pour se positionner sur ce nouveau marché. Comment progresse cette conquête ?

Henri Seydoux, président de Parrot © Mondino_CMJN

Henri Seydoux. Nous avons écoulé plusieurs milliers d'appareils professionnels. Ces ventes représentent aujourd'hui 20% du chiffre d'affaires de notre activité drone. Nos résultats dans le secteur sont en progression. Le marché du B to B est naissant mais pèse déjà plusieurs millions de dollars dans le monde, hors drones militaires. Difficile d'être plus précis sur cette estimation, car les analystes disent tout et son contraire…

Vous produisez d'importantes quantités de drones grand public. Cela vous permet-il de réaliser des économies d'échelle dans votre branche B to B ?

Non, car nous fabriquons nos drones grand public en Chine alors que les appareils destinés au marché des pros sont produits en Europe. Les drones grand public sont des jouets, des délires d'ingénieurs qui font de la technologie un trait d'humour. Les problématiques de production ne sont pas les mêmes que dans le B to B et les quantités produites n'ont rien à voir. C'est pour cela que nous avons pris le contrôle en 2012 du fabricant de drones suisse senseFly. Nous commercialisons d'ailleurs ses avions sans pilote destinés notamment aux entreprises agricoles sous sa marque et pas sous l'appellation Parrot.

Avez-vous tout de même tiré de votre expérience grand public certaines connaissances qui vous sont utiles sur le marché pro ?

Absolument, surtout dans le champ du logiciel. Les développeurs qui travaillent sur les programmes permettant de piloter nos drones partent de la même base et reconfigurent le système en fonction de la cible choisie : un enfant, un agriculteur, un industriel…

"Nous avons écoulé plusieurs milliers de drones professionnels"

Comme les smartphones, les PC, ou n'importe quel objet connecté, ce sont des appareils tout en un. Parrot ne vend pas que le hardware mais aussi les capteurs qui enregistrent les données, le service de communication qui permet de faire transiter ces informations vers le cloud, le traitement de ces data… Imaginez un iPhone sans appareil photo, sans application et sans GPS. Il n'aurait pas plus de valeur qu'une vulgaire calculatrice ! Pour les drones, c'est là même chose. Nous avons acquis ce savoir-faire dans le BtoC, mais nous nous en servons dans le BtoB.

Vos drones professionnels ciblent essentiellement les agriculteurs pour le moment. Avez-vous lancé de nouveaux appareils destinés à d'autres secteurs ?

Oui. Nous avons investi un million d'euros en 2014 dans la société Eos Innovation, qui commercialise un drone de surveillance roulant. Cet appareil est capable de circuler de manière autonome dans son environnement. On pourrait imaginer par exemple qu'il puisse se balader dans des salles serveurs pour vérifier que tout est en ordre.

Les drones pros de senseFly sont spécialisés dans la cartographie. © senseFly

Vous avez présenté le 30 août vos deux derniers bébés : les drones grand public Swing et Mambo. Ces deux appareils n'ont que sept minutes d'autonomie. Les batteries de vos drones professionnels sont-elles plus solides ?

Bien sûr. Les drones civils destinés aux pros sont nettement plus gros et peuvent avoir une durée de vie quasi-infinie. Mais dans certains pays, les règlementations exigent que leur autonomie ne soit pas supérieure à  une heure, sinon ils basculent dans la catégorie militaire (ce n'est pas le cas en France, NDLR).

Souhaiteriez-vous que ces textes soient assouplis et que l'autonomie légale des drones professionnels soit prolongée ?

En une heure de temps, nos appareils peuvent déjà parcourir des distances importantes et être utiles aux entreprises. Mais c'est vrai que Parrot a des discussions à ce propos avec les régulateurs en charge de ces questions. Ils sont à l'écoute des acteurs du marché et les lignes peuvent bouger très vite. Souvenons-nous que les textes qui encadrent cette activité en France sont très récents. Désormais, le cadre est posé. Il faut disposer d'un permis pour piloter ces engins, comme pour conduire une voiture.

Détenez-vous ce sésame ?