Journal du Net > Economie  Untitled Document > Le boom de la beauté ethnique
Nicolas Boulanger, Eurostaf
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Nicolas Boulanger est le responsable du pôle luxe, mode et beauté chez Eurostaff

Quelle est l'attitude des grands groupes de cosmétiques face au marché de la beauté ethnique ?
Nicolas Boulanger. Aujourd'hui, tous les grands groupes sont positionnés sur la totalité des produits de cosmétiques classiques. L'offre est pléthorique. Au contraire, la cosmétique ethnique est un marché dynamique, sur lequel les grandes marques sont encore peu positionnées. Vu la maturité actuelle du marché des cosmétiques, elle est devenue une niche au fort potentiel.
Pour les grands groupes, la beauté ethnique offre une double opportunité : un relais de croissance grâce à des populations qui n'ont pas encore fait l'objet de recherche et développement et un bol d'air sur le marché grâce à une population moins difficile à capter, puisque tout un pan de la demande ne trouve pour l'instant pas d'offre aussi sophistiquée que ce qui se fait pour les peaux caucasiennes.
C'est donc la logique de l'histoire que les grands groupes se positionnent désormais et qu'ils étoffent leur portefeuille. Le rachat en 2000 par L'Oréal de SoftSheen-Carson, leader américain pour le capillaire ethnique, puis celui du chinois Yue-Sai (maquillage et soins de la peau) en 2004, ilustrent cette volonté.

Quels autres indices montrent cet intérêt ?
La cosmétique est une industrie de recherche et développement. Ce qu'il faut noter, c'est l'évolution de la R&D de L'Oréal par exemple - je vous rappelle qu'elle s'élève à 500 millions d'euros par an. En 2005, le groupe a ouvert un centre à Pudong, près de Shanghai, pour travailler sur la peau et les cheveux asiatiques. Deux ans auparavant, L'Oréal avait ouvert un autre centre, à Chicago, cette fois : l'Institute for Ethnic Hair & Skin (Institut pour les cheveux et la peau ethnique, NDLR). Autre exemple avec Estée Lauder, qui a lui aussi ouvert il y a moins d'un an un centre de R&D à Pudong.
On peut désormais s'attendre à un scénario similaire à ce qui s'était passé avec les marques alternatives, qui proposaient un autre discours, notamment avec des promesses scientifiques hyper ciblées. Pour gagner du temps en apprentissage sur la beauté ethnique, les grands groupes devraient d'abord acheter des indépendants
D'ici dix ans, quinze au plus tard, la demande ethnique sera aussi bien pourvue en offre que la demande caucasienne l'est aujourd'hui

Que pouvez-vous nous dire sur la demande ?
La demande la plus évidente est la demande asiatique, parce que le potentiel est énorme et qu'il est dans l'ère du temps de conquérir l'Asie. On pense donc d'emblée à la Chine, mais il ne faut pas oublier des pays comme le Japon ou Taiwan où le pouvoir d'achat est plus élevé. Surtout, il ne faut pas non plus oublier les Etats-Unis, où la population noire est très importante avec un pouvoir d'achat conséquent. D'autant qu'elle est très demandeuse de cosmétiques.

Selon vous, qui est pour l'instant le mieux parti sur ce marché ?
L'Oréal a pris de belles positions, Estée Lauder aussi. Mais des groupes comme Procter& Gamble et Johnson & Johnson ont les moyens de suivre.

   
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