INTERVIEW 
 
Benoît Gruet
Vice Président Marketing Cartes
American Express
Benoît Gruet
"Internet représente une part de 15 à 20 % dans l'acquisition de clients"
Positionné sur une cible de clientèle CSP+, le Web croît rapidement au sein des activités d'American Express. Le vice président marketing cartes précise les stratégies mises en oeuvre pour intégrer le canal Internet à l'ensemble des actions marketing.
(22/01/2007)
 
JDN. Avez-vous remarqué chez American Express une progression du canal Internet par rapport aux autres canaux dans l'univers des cartes ?
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 Benoît Gruet
 American Express

Benoît Gruet. Notre cible de clientèle sont les 10 à 15 % de la population la plus aisée et sur ce segment, près de 100 % de nos clients disposent d'une connexion Internet en haut débit. Notre site Internet est beaucoup consulté, nous avons enregistré une croissance de 60 % de connexions en 2006.

Mais en termes de stratégie, depuis le début des années 2000, lorsque nous avons lancé le site americanexpress.fr, nous n'avons pas traité Internet différemment des autres canaux. Nous l'avons intégré dans l'éventail des modes de contacts d'acquisition de clientèle, au même titre qu'un envoi de courrier couplé à un appel de télémarketing, de la vente directe en face à face ou via nos stands dans les aéroports par exemple. Toutefois, il est vrai qu'Internet offre des avantages certains également en ce qui concerne la relation avec les titulaires de carte et les établissements qui acceptent nos cartes, grâce à la réactivité et aux possibilités de traçabilité liées à ce canal.

En matière de recrutement, quelle part représente le Web désormais pour American Express ?

Internet représente une part non négligeable de l'ordre de 15 à 20 % des acquisitions. Même si cette part peut paraître modeste en comparaison avec les marchés anglo-saxons, elle est due à des raisons d'ordre pratique : le cadre réglementaire français impose aux consommateurs d'envoyer un ensemble de documents, comme un RIB et une photocopie de la carte d'identité tandis que dans les marchés anglo-saxons, il est possible de souscrire une offre de carte sans présenter de justificatifs.

Le processus de souscription à une carte en France ne peut donc pas être uniquement effectué en online. C'est pourquoi nous multiplions les formules pour optimiser ce processus de souscription, via des dossiers envoyés par la poste pré-remplis avec les informations entrées directement en ligne par l'internaute, afin de faciliter la concrétisation des demandes de souscription. Nous constatons par ailleurs que si la volumétrie de recrutement en ligne est moins importante que par les canaux traditionnels, elle est cependant d'excellente qualité. Un point crucial dans le monde du paiement : l'enjeu pour nous consiste à recruter les bons profils, c'est-à-dire des personnes qui ne multiplient pas les moyens de paiement, ou cherchent à réaliser des fraudes.

Nos newsletters enregistrent des taux d'ouvertures de 60 à 80 %."
Qu'en est-il de l'utilisation d'Internet dans la gestion de la relation clients et partenaires ?
La force d'American Express réside dans cette relation unique que nous entretenons d'une part avec les titulaires de nos cartes, et d'autre part avec les établissements acceptant la carte American Express. Les actions que nous menons via des mailings clients ont été appliquées depuis environ deux ans au online, par le biais de e-newsletters qui sont totalement intégrées dans la communication. Ces campagnes d'e-mailing enregistrent un très bon accueil, avec des taux d'ouverture de 60 à 80 %.

L'e-mailing nous permet de réaliser des envois extrêmement ciblés, sur des segments plus réduits. Ce point est crucial, car nous ne voulons pas que ces e-newsletters soient perçues comme du "spamming", et c'est pourquoi nous surveillons les fréquences d'envois. Mais à partir du moment où l'offre correspond aux attentes des clients, les e-newsletters mettant en avant des offres promotionnelles d'établissements partenaires ne sont pas perçues comme dérangeantes. Nous analysons ensuite les retours, pour déterminer les types d'offres aux différents profils, et rester en affinité avec les attentes.

Sur ce point, le monde bancaire dispose d'un avantage indéniable : vous devez avoir accès à un ensemble d'informations qui vous permet de connaître précisément le profil de votre clientèle ?
Nous avons en effet plusieurs clés de sélection : tout d'abord, la couleur de la carte correspond très exactement à des comportements de consommation, car le titulaire choisit une carte et des services associés, et monte en gamme en fonction de ses besoins. De notre côté, nous réalisons une segmentation de l'offre commerciale en fonction des cartes, à savoir Gold, Platinum et Centurion. Nous pouvons ensuite appliquer des filtres géographiques et par industrie, c'est-à-dire par domaine d'activité, en fonction de la nature des dépenses réalisées.

La couleur de la carte, la localisation, la nature des dépenses sont des clés de sélection."
En revanche, je ne pense pas que le monde bancaire classique atteigne ce niveau de connaissance de leur clientèle. Les émetteurs de cartes doivent avoir accès à cette information, mais ils n'ont pas de relation en direct avec les clients. A contrario, en contrepartie d'un supplément du coût de la commission prélevée, notre modèle réside dans le fait que nous offrons un moyen de paiement associé à un outil marketing, s'appuyant sur notre capacité à promouvoir l'activité des établissements qui acceptent notre carte.

Et cette animation de l'offre de vos partenaires, vous la proposez tant dans le monde physique que sur le Web. Vous avez notamment réalisé des opérations particulières avec Chateauonline. Pouvez-vous préciser votre approche ?
Oui, nos établissements partnaires sont des acteurs du monde physique uniquement, ou à la fois dans le monde physique et sur Internet, ou des pure players, mais la relation reste la même. Avec Chateauonline, nous avons lancé depuis quelques temps déjà une offre pilote qui permet aux clients d'accéder depuis une e-newsletter à des offres privilèges, définies en fonction de la couleur de leur carte, directement dans des pages cachées sur le site de notre partenaire. Le filtre du paiement par carte American Express s'applique ensuite pour garantir que l'offre est exclusivement réservée à nos clients.

Pensez-vous étendre ce modèle commercial plus largement ?
Oui, nous sommes en discussion avec d'autres partenaires, car même si cela impose un certain travail de la part du partenaire qui héberge et anime ces pages, le modèle s'est avéré efficace, et lui offre une augmentation du chiffre d'affaires. D'autre part, nous souhaitons élargir ces offres Internet au-delà des tarifs préférentiels. Si le monde Internet était à ses débuts très centrés sur le prix, aujourd'hui le principe de l'accès privilégié à des offres commence également à intéresser les internautes. En décembre 2005, nous avons par exemple réalisé une opération importante autour du concert des Rolling Stones : nous avons pu proposer d'accéder à la billetterie sur le site de Ticketnet, avant que les réservations ne soient ouvertes en France au grand public. Nous souhaitons donc renforcer ce type d'opérations de pré-vente.

Le principe des ventes privées en ligne ne nous échappe pas."
Vous comptez également surfer sur la vague des ventes privées en ligne ?
Le modèle online des ventes privées qui s'impose rapidement, ne nous échappe pas, car nous sommes justement positionnés dans cet univers. Nous avons des discussions très avancées avec des sociétés spécialisées dans le monde de la vente privée, mais également avec des marques qui souhaitent toucher une clientèle très ciblée. Car nous n'avons pas vocation à être grand public, et les volumétries de nos cartes premium rassurent ces marques.

Investissez-vous également pour la promotion de ces offres partenaires sur votre propre site Web ?
Nous constatons de notre côté, une évolution des canaux : les titulaires souhaitent réaliser beaucoup de transactions en ligne, et c'est pourquoi nous travaillons pour offrir un maximum de services sur notre site. La possibilité pour nos clients de téléphoner pour utiliser leurs points de fidélité accumulés en fonction du volume d'achat réalisés avec la carte est un système cher à American Express. Toutefois, depuis 2005, nous avons également mis en ligne notre guide Membership Rewards qui rassemble toutes les offres qui leur sont proposées dans le cadre de ce programme de fidélité. Et pour Noël 2006, nous offrons désormais la possibilité de réaliser des échanges de points pour acquérir les produits offerts.

D'autre part, nous avons investi en termes de communication pour accroître la notoriété de notre programme "Selects", via une stratégie de communication de 'drive to Web' dans les newsletters print, ou sur les relevés de compte papier. Ce programme a pour vocation l'animation de notre base clients pour créer du trafic vers les offres de nos partenaires, comme Galeries Layette, Fnac… Depuis 2004, il est donc possible de consulter les offres internationales en temps réel. Un moteur de recherche par destination, puis thème (restaurant…) permet de visualiser l'ensemble des offres et permet même d'imprimer un coupon pour recevoir en cadeau par exemple une bouteille de champagne lorsque le titulaire se présente dans le restaurant. Et pour les offres Internet, des codes privilèges sont fournis aux clients. Ce programme est aujourd'hui bien installé, et monte rapidement en puissance. Nous analysons bien entendu le niveau de fréquentation, de clics sur l'offre, de concrétisation afin de réaliser une sélection des offres les plus pertinentes.

Réfléchissez-vous également à avancer vers de la personnalisation, du marketing one-to-one sur votre site ?
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 Benoît Gruet
 American Express

C'est un sujet d'intérêt essentiel. Toutefois, nous prenons beaucoup de précautions, car dès lors que cela touche à des zones sécurisées, une fois que le titulaire d'une carte a entré son mot de passe et son login, c'est la sécurité qui prime avant tout. De fait, la marge de manœuvre pour pousser des offres commerciales dans ces zones est plus limitée. De leur côté, les clients préfèrent une communication épurée et la moins parasitée possible. Mais bien sûr, nous suivons de près les résultats de ce qui se fait aux Etats-Unis.

 
 
Propos recueillis par Solveig Emerard-Jammes

PARCOURS
 
 

Voir la fiche de Benoît Gruet dans le Carnet des Managers du JDN.

   
 
 
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