INTERVIEW 
 
Pierre Alzon
Directeur général
Odysia
Pierre Alzon
"L'objectif est de rattraper nos confrères d'ici deux ans"
Voilà cinq mois que la filiale de Travelocity s'est implantée en France. Premier bilan avec son directeur général, qui se laisse deux ans pour installer l'agence parmi les poids-lourds français.
(19/04/2005)
 
JDN. Quel premier bilan peut-on faire de l'activité d'Odysia.fr après cinq mois d'existence ?
  Le site
Odysia.fr
Pierre Alzon. Je ne peux pas encore vous donner de chiffres précis. Je peux simplement vous dire qu'Odysia a démarré plus rapidement que nous l'avions imaginé, et ceci malgré une offre très ciblée sur l'avion, la voiture, l'hôtellerie et les packages dynamiques. Aujourd'hui, afin de préparer correctement l'été, nous travaillons à compléter cette offre. Dans ce cadre, nous préparons une nouvelle version de notre système de réservation de packages dynamiques pour qu'il soit plus rapide, plus robuste et plus stable. Parallèlement, les voyages au forfait devraient bientôt faire leur apparition sur Odysia.fr, ainsi que les vols charters.

Quels sont vos objectifs pour l'ensemble de l'année 2005 ?
Ils sont ambitieux. Nous allons accompagner la croissance générique du marché et sans doute, en raison de notre jeunesse, faire plus que celle-ci. Nous n'avons toutefois pas l'intention de nous lancer dans la guerre des prix, mais plutôt de nous positionner sur un segment moyen-haut de gamme. Nous espérons également développer la fréquence des visites et des achats des internautes, grâce notamment à des offres de packages dynamiques sur des week-ends. L'objectif est de parvenir à rattraper nos confrères d'ici un an et demi, deux ans, en dégageant un chiffre d'affaires compris entre 100 et 300 millions d'euros.

Odysia s'est volontairement positionnée sur les packages dynamiques lors de son lancement en France. Ce segment répond-il à vos attentes ?
Oui, tout à fait. Dans ce domaine, nous bénéficions d'une triple expérience dans le groupe. A nous de choisir la meilleure technologie et de savoir répondre aux spécificités du marché français. Notre objectif est, pour chaque destination, de doubler l'offre, c'est-à-dire de pouvoir proposer aux internautes à la fois des voyages au forfait et des voyages sur mesure.

Odysia donne aujourd'hui accès à environ 700 compagnies aériennes. La suppression des commissions vous inquiète-t-elle ?
Non, pas du tout. Ce n'est pas une nouveauté. L'entreprise s'y est adaptée depuis longtemps. L'aérien devient de plus en plus un produit d'appel qu'il est difficile de rentabiliser. D'où la nécessité d'élargir l'offre avec des produits connexes, comme les packages dynamiques qui devraient nous permettre d'être rapidement rentables. Le cas de Boomerang (Ndlr : le pôle BtoB de Travelocity en France) est d'ailleurs sur ce point très encourageant. Alors qu'il y a quelques années, la société réalisait 80 % de son chiffre d'affaires sur l'aérien, ce segment ne représente plus aujourd'hui que 5 % de son chiffre d'affaires. Le travail sur l'offre est un facteur remarquable de croissance. Le marché du tourisme est difficile, mais Boomerang a enregistré en 2004, grâce à des produits bien segmentés sur des marchés de niche, un taux de croissance de 26 %. Ce qui est une belle performance. Je pense d'ailleurs que les agences ont une carte à jouer dans cette mutation. Il est tout de même plus facile de faire du conseil en agence que sur Internet ou via un call-center.

Quelle a été votre stratégie de communication pour accompagner le lancement d'Odysia ? Et quelle est la taille de votre budget ?
Nous avons procédé de manière pragmatique. Notre offre étant assez restreinte et notre marque peu connue. Nous avons décidé avant tout de créer du trafic sur le site, afin de mesurer la sensibilité des internautes par rapport à l'offre telle qu'elle est actuellement et d'analyser les flux. Dans cette perspective, nous avons travaillé essentiellement sur notre référencement, sur l'achat de mots-clés et sur la mise en place de partenariats. Dans un deuxième temps, nous avons complété le tout par une campagne de visibilité et de notoriété qui devrait croître à mesure que l'offre sera enrichie. Quant à notre budget, il est nettement inférieur à celui des autres agences en ligne qui se sont lancées récemment. Mais les résultats sont encourageants. Je trouve pour ma part que l'attitude générale du groupe Travelocity est très saine. Il y a une vraie volonté et de vrais moyens. Mais cela ne signifie pas pour autant qu'ils sont prêts à faire n'importe quoi. Leur approche est très concrète et ils laissent une large part aux contraintes locales.

Après cinq mois d'existence, la marque Odysia s'est-elle imposée dans les esprits des internautes ?
Elle commence à être présente. Mais nous avons encore beaucoup de travail devant nous. C'est une marque qu'il n'est pas facile à mémoriser. En revanche, elle plait beaucoup aux internautes, surtout à l'écrit.

Quels sont vos plus grands concurrents en France ?
Opodo, Lastminute, Expedia, Voyages-sncf.com.

Les futurs rachats dans l'e-tourisme seront motivés par l'acquisition de compétences."

Comment voyez-vous évoluer le marché dans les quelques mois qui viennent ? Des mouvements de concentration sont-ils à attendre ?
Les grosses concentrations ont déjà eu lieu. Il reste encore quelques incertitudes, notamment concernant Lastminute. Le groupe Switch suscite également des convoitises, mais la reprise serait risquée. De manière générale, je pense que les futurs rachats d'entreprises dans le domaine de l'e-tourisme seront motivés avant tout par l'acquisition de compétences et non par le rachat de parts de marché.

Quand auront lieu les lancements d'Odysia en Espagne et en Italie ? Quel est le rôle de la France dans ce développement vers l'Europe du Sud ?
Ces lancements dépendent en fait de moi. Ils interviendront dès que le site français sera bien lancé. Pour ce qui est du rôle de la France, rien n'est figé. Ce qui est sûr, c'est que Nice jouera le rôle de plate-forme vers l'Europe du Sud. Ce qui ne veut pas dire qu'à terme, il n'y aura pas d'équipe sur place. Tout dépendra des développements.

Et l'ouverture des agences "physiques" Odysia ? Où en êtes-vous ?
Nous avons déjà ouvert une agence à nos couleurs Rue Carnot à Paris. Les premiers résultats sont très satisfaisants. Grâce aux synergies avec le site, le chiffre d'affaires de ce point de vente a augmenté de manière conséquente ces derniers mois. Nous allons donc accélérer le rebranding de nos huit autres agences issues du réseau Usit. Dans les trois à quatre mois qui viennent, nous devrions ouvrir deux agences Odysia par mois pour être prêts cet été.

Lors du lancement, vous avez beaucoup insisté sur votre stratégie multicanal. Quels sont les poids respectifs aujourd'hui du Web, du téléphone et des agences ? Vers quoi devraient-ils tendre ?
Aujourd'hui, donner un pourcentage n'a pas beaucoup de sens. Le site à cinq mois et nous ne disposons pour l'instant que d'une agence. A terme, la situation idéale serait que tous les canaux représentent un tiers du chiffre d'affaires. Mais au final, ce sera au client de décider. Dans la situation actuelle, je pense que de toute manière, être multicanal est une force. Car même si le Web est de plus en plus sophistiqué, il ne peut offrir que des prestations simples. Ce qui n'est pas le cas des agences qui ont vraiment une carte à jouer dans les prestations complexes qui nécessitent du conseil.

Quel est le dernier voyage que vous avez acheté en ligne ?
J'achète beaucoup de choses en ligne, mais cela n'a pas été le cas de mon dernier voyage. Je suis parti un mois aux Etats-Unis, mais c'était un véritable travail de dentelle qui ne pouvait être mené à bien que par une agence de voyages spécialisée.

Qu'est-ce que vous préférez sur Internet ?
C'est d'abord un moyen d'expression individuel et populaire massif. En tant que tel, c'est un formidable outil de communication qui propose une ouverture sans limite. C'est le cas notamment des blogs. En revanche, cela nécessite aussi un peu plus de responsabilité de la part des individus.

  Le site
Odysia.fr

A l'inverse, qu'est-ce que vous détestez le plus ?
La capacité de raconter n'importe quoi et de propager très facilement des rumeurs. Il y a un véritable travail d'éducation des utilisateurs à faire afin qu'ils prennent l'habitude de contrôler les informations qu'ils trouvent sur le Net.

 
 
Propos recueillis par Anne-Laure BERANGER, JDN

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