INTERVIEW 
 
Pierre Bellanger
Président et fondateur
Skyrock
Pierre Bellanger
"L'interactivité représente plus de 20 % de notre chiffre d'affaires"
Lancement d'une messagerie instantanée, première place au classement des plates-formes de blogs, nouveaux sites : Skyrock est sur tous les fronts pour développer ses activités multimédia. Son PDG Pierre Bellanger fait le point sur l'actualité du groupe.
(16/01/2006)
 
JDN. Pouvez-vous faire un point sur les différents sites Web du groupe ?
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Dossier Internet et les jeunes
  Le site
Skyrock
Pierre Bellanger. En 2005, en plus de nos sites déjà existants (Skyrock.com, Bonbiz.net, etc.), nous avons lancé deux nouveaux services : ladiz.fr, site communautaire dédié aux jeunes filles chics et urbaines et SM (SkyrockMessager), service de messagerie instantanée, nouveau maillon de la communauté des skynautes.

Où en est l'audience des sites gérés par Skyrock ?
Les différents sites et services Internet développés par le groupe ont connu, au cours de l'année 2005, une croissance extraordinaire, quelles que soient les références utilisées par le marché. Si on se réfère au Panel Nielsen/NetRatings de Médiamétrie, qui ne prend pas en compte les internautes résidant hors de France, ni les internautes se connectant dans d'autres lieux que leur domicile ou leur lieu de travail, le Groupe Orbus est crédité, en novembre 2005, de 3.814.000 visiteurs uniques.

Et comment cette audience évolue-t-elle ?
Sur l'ensemble des sites du groupe, cela fait une progression de 95 % de novembre 2004 à novembre 2005, ce qui place le groupe Orbus au premier rang de la catégorie "broadcast media" devant TF1 par exemple, et au 19ème rang des groupes Internet en France. Si on se réfère à l'outil de mesure de fréquentation Médiamétrie-eStat, en décembre, le Groupe Skyrock a atteint 2,3 milliards de pages vues et 96,8 millions de visites (soit une progression de 193 % des pages vues et de 172 % de visites en décembre 2005 par rapport à décembre 2004), ce qui le place, depuis février 2005, en première position de ce classement de 54 sites. L'ensemble des sites du groupe a accompagné la très forte croissance des Skyblogs. En termes de visites [Ndlr : source Médiamétrie-eStat sur la période de référence décembre 2004 à décembre 2005] Tasanté a progressé de 180 %, Yazata de 137 % et Tropmalin.com de 78 % (lire l'article du 21/06/2004).

Avez-vous d'autres projets de sites Internet ? Dans quels domaines ? Quelles sont les pistes que vous explorez ?
Pour l'essentiel, l'année 2006 sera consacrée à développer nos sites et services existants. J'ajoute cependant que nous sommes toujours discrets sur nos développements en cours.

Où en est le site de commerce de produits d'occasion Bonbiz.net ? En termes de trafic ?
Après plus de deux ans d'existence [Ndlr : il a été lancé en février 2003], le site compte un peu plus d'un million de pages vues et environ 250.000 visites mensuelles. Le site génère un chiffre d'affaires non négligeable et constitue pour nous un indicateur intéressant sur les pratiques de consommation de nos internautes.

Quelle est la part des nouvelles technologies dans votre chiffre d'affaires (revenus Web, SMS, sonneries mobiles…) ? Les activités Web sont-elles rentables ? Quelles sont les sources de revenus des sites ?
Plus de 3,5 millions de Skyblogs, et 10 à 20.000 nouveaux chaque jour"
L'interactivité représente plus de 20 % de notre chiffre d'affaires et contribue positivement au résultat de notre groupe. Les revenus proviennent principalement de la publicité. Celle-ci ne prend pas seulement la forme de campagnes classiques : nous faisons de plus en plus souvent bénéficier nos annonceurs de l'expertise, tant technique que marketing, que nous avons acquise sur notre cible d'internautes, en leur proposant des opérations plus globales, pouvant aller jusqu'à la création et l'animation de sites Internet et mobiles, en synergie avec des campagnes Web et radio. Se développent également d'autres sources de revenus : les extensions mobiles de nos sites et services Skyrock, Skyblog et Skychat sur le Wap et l'imode, ainsi que l'ensemble des services Web premium, y compris l'e-commerce et notre site de personnalisation de mobiles.

Quel est le chiffre d'affaires et le résultat du groupe ?
Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de plus de trente millions d'euros en 2004, avec un excédent brut d'exploitation qui devrait être supérieur à six millions.

Quel est le nombre de "skyblogs" ? Comment cela évolue-t-il ?
La barre des 3,5 millions de Skyblogs a été franchie le 29 décembre dernier. La croissance est constante, puisqu'il y a, chaque jour, entre 10.000 et 20.000 nouveaux Skyblogs créés, et entre 500.000 et un million de nouveaux articles, avec un pic de 1,2 million par exemple, le dimanche 8 janvier 2006.

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Dossier Blog
Comment avez-vous vécu les récents débats autour des skyblogs ? Faites-vous de la surveillance sur les blogs ?
Les plus de trente ans découvrent la génération skyblog. On peut regretter l'emploi systématique du support passionnel - insécurité, peur, angoisse - pour faire connaître cette révolution culturelle de la nouvelle génération. Afin de préserver le caractère ouvert du service Skyblog et d'en éviter les usages mal intentionnés, nous procédons à une modération du service.

Où en est l'affaire vous opposant au Britannique Sky sur l'utilisation du mot "skyblog" ?
L'essentiel est que la qualité du service et sa pérennité ne soient pas en cause. Le reste est un débat de juristes.

Le podcast, c'est le surgelé de la radio"
Pensez-vous pouvoir améliorer le service de blogs à l'avenir, par de nouveaux services par exemple ?
Mais oui, mais oui...

Quelle est votre position sur le podcast ? En faites-vous ? Sinon, est-ce un domaine qui vous intéresse ?
Le podcast, c'est le surgelé de la radio. Pour nous qui faisons une radio vivante en direct avec ses auditeurs, le podcast n'est pas, à priori, adapté. Cependant, tout nouveau moyen d'écoute est bienvenu et nous y réfléchissons.

Envisagez-vous de lancer une plate-forme de téléchargement, comme certaines radios (NRJ, Europe 2) ont pu le faire ?
Non.

Que pensez-vous du débat sur le peer-to-peer ?
Ce sont les nouvelles offres de services qui vont rémunérer la musique"
Un vrai débat s'est ouvert de manière impromptue en France, la législation bouge en Espagne. Les décisions de justice indiquent une certaine diversité d'appréciation des magistrats sur le phénomène. La musique a toujours été disponible gratuitement aux côtés de l'offre payante. Ce n'est donc pas de la musique que l'on achète, mais un service que celui-ci soit de la distribution, un support physique, une qualité d'enregistrement, etc. Et ce service, en retour, rémunère la musique. Nous changeons de modèle de distribution. Il y a toujours de la musique disponible gratuitement, et ce sont les nouvelles offres de service, téléchargement, play-list intelligentes, choix infini, qui vont rémunérer la musique. Deux observations complémentaires : la première est que cette mutation de réseau de distribution doit s'accompagner de la lutte contre la piraterie lucrative et la contrefaçon de masse, qui sont d'une autre magnitude que l'échange entre particuliers. La seconde est que la musique, comme tous les réseaux traditionnels, est remise en cause par la conversation électronique. Le nouveau media, ce sont les gens, et ce n'est qu'un début.

Seriez-vous intéressés par une offre de VOD sur votre site ? Comment envisagez-vous le développement du multimédia sur vos sites ?
Je ne pense pas que cela soit à l'ordre du jour. Notre métier sur Internet n'est pas la distribution, mais la conversation. Mais, pour ce qui concerne le multimédia, l'enrichissement de nos services est bien entendu notre horizon.

Comment développez-vous les synergies entre la radio et le site ? Pouvez-vous aller plus loin dans ce sens ?
Cette synergie se fait naturellement via les canaux de chat, ou les interfaces Web et mobiles d'envoi de messages dans les studios, ou via les reprises par les auditeurs et les animateurs de leurs Skyblogs respectifs lors de leurs interventions à l'antenne. Tout se fait naturellement à partir des auditeurs et des internautes.

Pas d'intervention sur le marché mobile, ni en MVNO ni en licence"
Il y a quelques mois, on avait parlé d'un intérêt de Skyrock à se lancer dans la téléphonie mobile, à la manière de NRJ. Etait-ce vrai ? Si oui, qu'en est-il de ce projet ?
Nous avons étudié différentes hypothèses et avancé dans nos réflexions avec des opérateurs. Notre conclusion est de ne pas intervenir sur ce marché, ni en MVNO, ni en licence. Nous poursuivons une relation étroite et cordiale avec les trois opérateurs, avec une présence forte de nos services sur les trois plate-formes. Notre fer de lance est notre messager instantané, le "SM", qui a été conçu tout autant en version PC que mobile.

Comment vous situez-vous désormais en termes d'investissements publicitaires sur Internet ?
Selon la dernière étude TNS Secodip, de novembre 2005, Skyrégie on line est la septième régie publicitaire française sur Internet.

Et en termes de captation des investissements publicitaires sur votre portail ?
Nous sommes une radio-communauté en résonnance entre radio et Internet. Notre plate-forme d'échange se développe par viralité. C'est un système global de notoriété et de développement extrêmement puissant.

Quel est pour le groupe le rôle d'Internet ? Un moyen de communication pour vos auditeurs ? Un moyen d'élargir votre audience ?
Je pense que l'on se posait la même question avec l'électricité au début du XXème siècle : c'est-à-dire comment l'électricité allait s'insérer dans les processus existants. La réponse a été la reconfiguration complète autour de l'électricité. Il en va de même avec Internet. L'axe du monde est l'Internet Protocol. Nous sommes devenus la première plate-forme d'échange générationnelle. La liberté de la radio et de l'Internet vont si bien ensemble...

Comment voyez-vous évoluer vos sites à l'avenir ?
La distance entre la radio, l'Internet, la diffusion et la conversation va s'estomper. Ce qui est deux aujourd'hui sera, demain, deux aspects d'une seule unité.

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Dossier Internet et les jeunes
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Skyrock
Vous défendiez dans votre livre, il y a quelques années, l'idée d'une convergence du code, plutôt qu'une convergence médias. Est-ce toujours le cas ? Les évolutions récentes ne montrent-elles pas une convergence entre le monde des médias, celui des télécoms et celui du Web ?
L'ouvrage "La convergence c'est le code" expliquait que la convergence ne signifiait pas l'accumulation des moyens de distribution, mais le contrôle de l'interface informatique commune à l'ensemble de ces moyens. C'est toujours le cœur du débat.

Les dirigeants de Skyrock ont-ils leur Skyblog ?
Pour ma part, je publie et converse avec plaisir.
 
 
Propos recueillis par Nicolas RAULINE, JDN

PARCOURS
 
 
Pierre Bellanger, 47 ans, est un professionnel des médias. Au début des années 80, il avait participé au mouvement des radios libres (Radio Paris 80, Radio Cité Future, La Voix du Lézard). Actuel président de Skyrock, il a fondé cette station de radio en 1986 avec Filipacchi Media.

En 1999, Skyrock entre dans la société de participation Orbus, détenue par Morgan Grenfell Private Equity et présidée par Pierre Bellanger. Passionné par les technologies numériques, il a créé en 1991 le service MultiRadio (premier service de radios numériques payantes par câble et satellite). En 1994, il monte Contact Télévision (CTV), une chaîne de petites annonces diffusée sur le câble. On le retrouve à l'origine du service MultiMusic, diffusé sur Canal Satellite à partir de 1996. Dans les années 94-97, Pierre Bellanger multiplie les collaborations Internet avec France Télécom Multimédia : lancement du projet France en Ligne mais aussi création de guides Internet (Mirandole pour l'éducation) ou l'Internet rapide (Presto).

Pierre Bellanger a également écrit des ouvrages et des articles sur les développements technologiques liés au numérique comme "La Radio du Futur" (éditions Armand Collin) ou "La convergence c'est le code" (téléchargeable sur le site de Skyrock).

   
 
 
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