JDN. Pourquoi avoir créé un tel site Pourflorenceethussein.org ?
Laurent Carpentier. S'il existait déjà des sites Internet qui publiaient les dernières informations sur l'enlèvement de Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi, à commencer par le site de Libération, il n'y avait pas de site répertoriant les initiatives menées en France montrant le soutien de la population française et sa préoccupation quant à leur sort. Pourflorenceethussein.org est là pour proposer un contenu interactif et multimédia aux internautes et leur montrer comment ils peuvent "se bouger" pour eux. Nous sommes là pour faire du bruit et soutenir les mobilisations. Le site est comme une grosse boîte à outils au service des internautes. C'est aussi pour cela que des versions anglaise et italienne existent. Pour permettre aux internautes du monde entier de se mobiliser eux aussi pour Florence et Hussein.
Quelle est l'audience du site ?
Lancé le 24 janvier dernier, le site enregistre sur les 30 derniers jours un demi million de pages vues. Chaque jour, entre 6 et 10.000 visiteurs uniques consultent Pourflorenceethussein.org. La newsletter hebdomadaire compte, elle, près de 1.000 abonnés. Le trafic augmente à mesure que le site s'étoffe en contenu, grâce à la participation en ligne du public, aux annonces des opérations menées et à la collaboration bénévole des professionnels de la presse. Concrètement, le site est mis à jour quotidiennement par deux personnes du Comité de soutien. Il est réalisé avec le support technique des équipes de Benchmark Group, qui héberge également le site [Benchmark Group édite Le Journal du Net, ndlr].
Comment avez-vous monté l'opération "1000 fanfares pour Florence et Hussein" qui a lieu samedi 12 mars ?
En raison du très grand nombre de concerts prévus à cette occasion, nous avons opté pour un système informatique poussé. En effet, l'opération remporte un grand succès : nous répertorions déjà plus de 250 villes où une fanfare jouera pour la libération de Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi. Environ quatre personnes travaillent à la préparation de l'événement "1000 fanfares". Nous fonctionnons comme une agence de presse. Nous nous appuyons sur la base de données Weps, mise au point par Patrick Rebondy et Bruno Choupart, qui était employée par Aden [Laurent Carpentier est le rédacteur en chef d'Aden, le guide culturel
hebdomadaire du Monde en cours de fermeture, ndlr] et envoyons les données en XML vers le site Pourflorenceethussein.org, au format XPress pour une intégration sur Libération. La mise à jour se fait en temps réel. Les internautes ont la possibilité de trouver sur le site l'ensemble du programme avec des entrées par régions et par villes.
Pouvez-vous nous détailler le contenu du site ?
Outre les actions comme celle des fanfares, nous permettons aux internautes de télécharger, via notre boîte à outils, des bannières, des tracts et des affiches pour les placer sur leur site ou les imprimer. C'est aussi une ressource pour les mairies qui peuvent y trouver les fichiers en version haute définition pour les imprimer et afficher au fronton des mairies des portraits géants de Florence et Hussein. Par ailleurs, le site publie les témoignages des internautes. Déjà plus de 4.000 messages ont été envoyés par le public pour soutenir les deux otages. Ce sont des amis du Comité de soutien, des correspondants à l'étranger de Libération qui voulaient contribuer au Comité de soutien malgré leur éloignement qui se chargent de modérer ces témoignages et de les mettre en ligne. Ils sont basés à Londres, Washington, New York ou encore Pékin.
Vous recevez aussi des contributions de personnalités...
En effet, nous publions aussi des lettres et des témoignages sonores de personnes comme Jean-Paul Kauffmann, Edwy Plenel, Yann Moix, François Reynaert, Dominique Blanc, Christine Angot, Marie Desplechin mais aussi... Giuliana Sgrena, l'otage italienne qui a été libérée. Par ailleurs, nous proposons du contenu audiovisuel.
Outre la vidéo de Florence, hébergée par le site du Nouvel Obs, des photographes nous donnent des photos témoignant des différentes initiatives, à commencer par le photographe freelance Marc Chaumeil. Nous avons aussi des dessinateurs (Cabu, Plantu, Cimarron, Petillon, Sokal...) qui publient sur notre site des dessins, libres de droits, et une BD a été réalisée spécialement pour Florence par Didier Lefèvre, Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier. Et puis nous avons aussi lancé un blog.
Ce blog, justement, pouvez-vous nous en dire plus. Il paraît qu'il rencontre un grand succès...
Hébergé sur Skyblog, le service de blog de Skyrock, le blog pour Florence et Hussein a été lancé pour accompagner le site et toucher d'autres publics. Les jeunes qui ne lisent pas forcément la presse écrite et ne regardent pas les journaux télévisés. Le blog est alimenté chaque jour par deux ou trois nouveaux petits articles, le plus souvent issus du site Pourflorenceethussein.org. Depuis sa création, le 24 février, plus de 54.000 internautes sont déjà venus le visiter. Nous avons même eu la chance que notre blog soit élu "blog de la semaine" et mis en avant sur la page d'accueil de Skyblog.com. Aujourd'hui, il est à la sixième place des 100 blogs les plus populaires du service. Le septième blog le plus visité sur les 1,5 million de blogs existant sur Skyblog !
Cela a été difficile d'intéresser des jeunes à votre combat ?
Dès le départ, nous n'avons pas essayé de faire du jeunisme, de chercher à parler aux jeunes dans leur langage. Nous avons préféré jouer la carte de la transparence, ne pas cacher que nous étions des adultes mais leur expliquer que nous étions des amis de Florence, que nous voulons faire parler d'elle et que nous avions besoin d'eux et de leurs "posts" pour cela. Et ils ont joué le jeu : entre 2.500 et 3.000 commentaires ont été envoyés depuis le lancement. Quatre personnes ont accepté de modérer le blog. Ils viennent le consulter plusieurs fois par jour pour s'assurer qu'aucun commentaire blessant ou hors sujet n'a été envoyé. Mais nous nous contentons d'une modération légère. Ainsi, nous laissons s'installer des débats sur les risques qu'elle a pris en partant en Irak. Cela amène aussi les jeunes à discuter du rôle des journalistes, ce qui est très intéressant.
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Propos recueillis par 