Au
regard des derniers résultats financiers de Yahoo
Inc, quel bilan dressez-vous de Yahoo France ?
Antoine Duarte. Globlamenent,
on observe une progression sensible de la publicité
et surtout de ce qui relève des services payants.
Il y a trois types de revenus chez Yahoo : la publicité,
les services payants et les commissions versées
sur les produits et services achetés via nos
sites. Aux Etats-Unis, nous en sommes à 60% pour
la publicité et 40% pour le reste, contre 80/20
il y a un an. Notre PDG, Terry Semel, s'est fixé
comme objectif de parvenir à une répartition
50/50 d'ici 2005. En France, nous ne pouvons pas citer
de chiffres, mais les ratios sont différents
[NDLR : selon Les Echos, le ratio serait encore de
90/10 en faveur de la publicité]. Outre-Atlantique,
vingt-cinq services payants ont été ouverts.
En France, il y a en a deux : Yahoo Storage, qui permet
de disposer d'un espace mémoire supplémentaire
pour archiver ses mails, et Yahoo Express, pour la soumission
des sites destinés à être intégrés
dans notre annuaire. Aujourd'hui, en Europe, nous sommes
dans une logique de mutualisation des coûts.
Le
recours au système payant de la soumission des
sites est devenu un réflexe pour les webmasters
?
Nous recensons actuellement une centaine
de sites soumis par semaine, sachant qu'aujourd'hui,
tout site français commercial passe par le procédé
de soumission payante. Nous avons des agences de référencement
partenaires. Il est certes possible de soumettre directement
un site en ligne à partir de Yahoo - c'est le
chemin généralement suivi par les TPE-PME
-, mais les grands comptes passent par des professionnels
du référencement, qui, du coup, deviennent
de gros apporteurs de business.
Quels
nouveaux services premium allez-vous lancer ?
Nous n'annonçons pas de nouveaux
services à l'avance. En revanche, je peux évoquer
le cas du service premium de l'America's Cup, que nous
avons lancé avec la société neo-zélandaise
Virtual Spectator et qui permet de suivre les courses
en 3D. Nous sommes le partenaire exclusif Internet de
la compétition.
Toujours
dans le domaine du sport, quel bilan dressez-vous du
service premium lié au Mondial de football. Combien
avez-vous eu d'abonnés?
Le bilan est mitigé, mais nous
ne communiquons pas le le nombre exact d'abonnés.
On peut évoquer deux grandes raisons à
ce résultat : le poids relatif de l'Internet
face à l'abondance d'images liées à
la compétition et diffusées gratuitement
sur la télévision. Et le fait que nos
images n'étaient pas en direct. De plus, en raison
de négociations ardues avec le groupe Kirch,
à l'époque détenteur des droits
liés à la retransmission TV, ce service
n'a ouvert quelques jours seulement avant le début
de Mondial . Mais l'accord signé en 2001 avec
la Fifa portait sur deux éditions (2002 et 2006)
et nous nous positionnons déjà pour le
Mondial 2006, qui se déroulera en Allemagne.
Que
va faire Yann Motte, qui vient d'arriver chez Yahoo
France en qualité de directeur des produits et
services ?
Il va prendre en charge l'éditorial
sur le portail, les chaînes, tout ce qui est "customer
care" (relations avec les internautes), l'équipe
surfing et la distribution de Yahoo. C'est un nouveau
poste. Yann Motte s'est installé cet été
chez Yahoo France mais il était présent
au niveau de Yahoo Europe depuis quatre ans en charge
des services commaunautaires (chat, mail, etc.).
Où
en êtes-vous dans l'accès Internet ?
Aux Etats-Unis, nous avons monté
un service haut débit avec l'opérateur
SBC. Mais nous n'avons pour l'instant aucun accord similaire
en France, où la situation est compliquée
puisque tous les FAI y disposent d'un portail. Et il
est encore plus difficile de trouver un acteur paneuropéen
dans le domaine, même si c'est la formule que
nous voulons privilégier. Netsystem, un FAI par
satellite, a signé un accord avec Yahoo en Italie
et a décidé d'étendre son activité
en France, mais nous ne nous impliquons pas dans le
projet. Le statut de Netsystem vis-à-vis de Yahoo
France est celui d'annonceur, cela ne va pas plus loin.
Quel
est l'objectif de la carte pré-payée Internet
estampillée Yahoo, fabriquée par Kertel
?
Il s'agit d'une expérimentation
que nous avons lancée fin août. Nous la
considérons comme une opération marketing
autour d'une carte d'accès Internet pré-payée
aux couleurs de Yahoo. Sous l'URL Kernet.com, les utilisateurs
disposent d'un portail avec des services communautaires
Yahoo.
Quelles
sont vos ambitions dans le domaine de l'Internet mobile
?
Nous avons pris position sur ce marché
en Europe par un accord avec l'opérateur finlandais
Zed. Yahoo a pris une part du capital de cette société.
Zed dispose d'accord avec l'ensemble des opérateurs
européens sauf en Espagne et en France. Le cas
de l'Hexagone est iun peu particulier compte tenu de
l'organisation du marché : les trois opérateurs
(Orange, SFR et Bouygues Telecom) ont monté une
association qui gère le marché. Nous discutons
avec eux pour que les accords Zed soient applicables
en France. Aujourd'hui, la chaîne Yahoo Mobile
propose des services basiques : sonneries et logos mobiles
à télécharger, messages personnalisés
des répondeurs...Nous
n'avons pas réservé de numéros
SMS Plus en France pour des raisons stratégiques
paneuropéennes. Nous préférons
ne pas nous écarter de Zed.
En
matière de commerce électronique, que
prévoyez-vous pour les fêtes de fin d'année
?
Nous allons davantage mettre en avant
Yahoo Shopping. Pour les annonceurs et les e-marchands,
nous avons mis en place un package événementiel.
Nous montons également une opération autour
d'un calendrier de l'Avent : le but est de mettre en
avant un produit un jour.
La
mesure de l'audience sur Internet se rationalise avec
un seul outil désormais : Nielsen-NetRatings.
Est-ce une bonne chose ?
Nous trouvons que c'est très positif.
Tout média a un outil de référence
qui doit être indépendant, reconnu, incontesté
et incontestable. Nous voulons toutefois que l'outil
soit perfectionné : on sait par exemple que les
connexions depuis le bureau sont sous-représentées
dans l'échantillon. De plus, le panel ne prend
pas en compte les accès depuis les cybercafés
et les universités.
Mais
à vos yeux, Internet est-il en train de se doter
des outils dont il avait besoin?
Oui, à
la fois dans la mesure de son audience, dans le chiffrage
détaillé de son marché publicitaire,
que permettent les chiffres de l'IAB (Lire l'article
du JDNet du 31/10/02), et dans la mise en place
d'un GRP Internet (Lire le dossier
du JDNet). Lorsque nous abordons le sujet Internet
avec un directeur marketing dans le cadre d'une campagne
plurimédia, il faut que nous parlions le même
langage que les autres supports (affichage, radio, télévision).
La définition du GRP sur Internet est intéressante
car c'est un outil qui parle aux annonceurs et aux médiaplanneurs
traditionnels. C'est important car on constate désormais
que sur Internet, sept annonceurs sur dix sont des annonceurs
traditionnels.
"Des
stars de l'Internet sortent de la crise", titrait
La Tribune il y a trois semaines. Vous adhérez
?
A 100%. Surtout que l'article était
notamment illustré par le cas de Yahoo après
l'annonce de ses résultats trimestriels !
Toutefois, je pense que le marché sera "flat"
l'année prochaine, même Internet pourra
tirer son épingle du jeu lors des campagnes plurimédias.
Vous
venez de secteurs plus traditionnels que le Net (presse
et radio). Pourquoi ce choix?
Je crois énormément à
la puissance du média Internet et j'avais envie
de venir chez Yahoo car je suis convaincu par la puissance
de cette marque.
D'ailleurs, je suis rassuré
de constater que l'on retrouve des gens de mon profil
et ayant suivi un parcours professionnel à des
postes homologues au sein des FAI, chez Wanadoo ou Tiscali
par exemple.
Quel
est votre site favori ?
Le site de Tignes.
Je suis un fana de ski.
Qu'aimez-vous
sur Internet ?
Les recherches.
Et
qu'est-ce qui vous irrite ?
Les sites qui ne marchent pas. Même
quand on est connecté en haut débit, on
en trouve encore.
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