INTERVIEW
 
Directeur commercial
Yahoo France
Antoine Duarte
"Il faut que nous parlions le même langage que les autres supports"
Sous l'impulsion de Terry Semel, son PDG, Yahoo concentre ses efforts sur la recherche d'un partage plus équilibré entre revenus publicitaires et services premium. En France, où une nouvelle page d'accueil vient d'être inaugurée, le portail multiplie les initiatives pour se positionner dans divers domaines : ouvertures de nouveaux services payants, expérimentation dans l'accès Internet, la mobilité, etc. Etat des lieux avec Antoine Duarte, le "M. Revenu" de Yahoo France. 31 octobre 2002
 
          
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Au regard des derniers résultats financiers de Yahoo Inc, quel bilan dressez-vous de Yahoo France ?
Antoine Duarte. Globlamenent, on observe une progression sensible de la publicité et surtout de ce qui relève des services payants. Il y a trois types de revenus chez Yahoo : la publicité, les services payants et les commissions versées sur les produits et services achetés via nos sites. Aux Etats-Unis, nous en sommes à 60% pour la publicité et 40% pour le reste, contre 80/20 il y a un an. Notre PDG, Terry Semel, s'est fixé comme objectif de parvenir à une répartition 50/50 d'ici 2005. En France, nous ne pouvons pas citer de chiffres, mais les ratios sont différents [NDLR : selon Les Echos, le ratio serait encore de 90/10 en faveur de la publicité]. Outre-Atlantique, vingt-cinq services payants ont été ouverts. En France, il y a en a deux : Yahoo Storage, qui permet de disposer d'un espace mémoire supplémentaire pour archiver ses mails, et Yahoo Express, pour la soumission des sites destinés à être intégrés dans notre annuaire. Aujourd'hui, en Europe, nous sommes dans une logique de mutualisation des coûts.

Le recours au système payant de la soumission des sites est devenu un réflexe pour les webmasters ?
Nous recensons actuellement une centaine de sites soumis par semaine, sachant qu'aujourd'hui, tout site français commercial passe par le procédé de soumission payante. Nous avons des agences de référencement partenaires. Il est certes possible de soumettre directement un site en ligne à partir de Yahoo - c'est le chemin généralement suivi par les TPE-PME -, mais les grands comptes passent par des professionnels du référencement, qui, du coup, deviennent de gros apporteurs de business.

Quels nouveaux services premium allez-vous lancer ?
Nous n'annonçons pas de nouveaux services à l'avance. En revanche, je peux évoquer le cas du service premium de l'America's Cup, que nous avons lancé avec la société neo-zélandaise Virtual Spectator et qui permet de suivre les courses en 3D. Nous sommes le partenaire exclusif Internet de la compétition.

Toujours dans le domaine du sport, quel bilan dressez-vous du service premium lié au Mondial de football. Combien avez-vous eu d'abonnés?
Le bilan est mitigé, mais nous ne communiquons pas le le nombre exact d'abonnés. On peut évoquer deux grandes raisons à ce résultat : le poids relatif de l'Internet face à l'abondance d'images liées à la compétition et diffusées gratuitement sur la télévision. Et le fait que nos images n'étaient pas en direct. De plus, en raison de négociations ardues avec le groupe Kirch, à l'époque détenteur des droits liés à la retransmission TV, ce service n'a ouvert quelques jours seulement avant le début de Mondial . Mais l'accord signé en 2001 avec la Fifa portait sur deux éditions (2002 et 2006) et nous nous positionnons déjà pour le Mondial 2006, qui se déroulera en Allemagne.

Que va faire Yann Motte, qui vient d'arriver chez Yahoo France en qualité de directeur des produits et services ?
Il va prendre en charge l'éditorial sur le portail, les chaînes, tout ce qui est "customer care" (relations avec les internautes), l'équipe surfing et la distribution de Yahoo. C'est un nouveau poste. Yann Motte s'est installé cet été chez Yahoo France mais il était présent au niveau de Yahoo Europe depuis quatre ans en charge des services commaunautaires (chat, mail, etc.).

Où en êtes-vous dans l'accès Internet ?
Aux Etats-Unis, nous avons monté un service haut débit avec l'opérateur SBC. Mais nous n'avons pour l'instant aucun accord similaire en France, où la situation est compliquée puisque tous les FAI y disposent d'un portail. Et il est encore plus difficile de trouver un acteur paneuropéen dans le domaine, même si c'est la formule que nous voulons privilégier. Netsystem, un FAI par satellite, a signé un accord avec Yahoo en Italie et a décidé d'étendre son activité en France, mais nous ne nous impliquons pas dans le projet. Le statut de Netsystem vis-à-vis de Yahoo France est celui d'annonceur, cela ne va pas plus loin.

Quel est l'objectif de la carte pré-payée Internet estampillée Yahoo, fabriquée par Kertel ?
Il s'agit d'une expérimentation que nous avons lancée fin août. Nous la considérons comme une opération marketing autour d'une carte d'accès Internet pré-payée aux couleurs de Yahoo. Sous l'URL Kernet.com, les utilisateurs disposent d'un portail avec des services communautaires Yahoo.

Quelles sont vos ambitions dans le domaine de l'Internet mobile ?
Nous avons pris position sur ce marché en Europe par un accord avec l'opérateur finlandais Zed. Yahoo a pris une part du capital de cette société. Zed dispose d'accord avec l'ensemble des opérateurs européens sauf en Espagne et en France. Le cas de l'Hexagone est iun peu particulier compte tenu de l'organisation du marché : les trois opérateurs (Orange, SFR et Bouygues Telecom) ont monté une association qui gère le marché. Nous discutons avec eux pour que les accords Zed soient applicables en France. Aujourd'hui, la chaîne Yahoo Mobile propose des services basiques : sonneries et logos mobiles à télécharger, messages personnalisés des répondeurs...Nous n'avons pas réservé de numéros SMS Plus en France pour des raisons stratégiques paneuropéennes. Nous préférons ne pas nous écarter de Zed.

En matière de commerce électronique, que prévoyez-vous pour les fêtes de fin d'année ?
Nous allons davantage mettre en avant Yahoo Shopping. Pour les annonceurs et les e-marchands, nous avons mis en place un package événementiel. Nous montons également une opération autour d'un calendrier de l'Avent : le but est de mettre en avant un produit un jour.

La mesure de l'audience sur Internet se rationalise avec un seul outil désormais : Nielsen-NetRatings. Est-ce une bonne chose ?
Nous trouvons que c'est très positif. Tout média a un outil de référence qui doit être indépendant, reconnu, incontesté et incontestable. Nous voulons toutefois que l'outil soit perfectionné : on sait par exemple que les connexions depuis le bureau sont sous-représentées dans l'échantillon. De plus, le panel ne prend pas en compte les accès depuis les cybercafés et les universités.

Mais à vos yeux, Internet est-il en train de se doter des outils dont il avait besoin?
Oui, à la fois dans la mesure de son audience, dans le chiffrage détaillé de son marché publicitaire, que permettent les chiffres de l'IAB (Lire l'article du JDNet du 31/10/02), et dans la mise en place d'un GRP Internet (Lire le dossier du JDNet). Lorsque nous abordons le sujet Internet avec un directeur marketing dans le cadre d'une campagne plurimédia, il faut que nous parlions le même langage que les autres supports (affichage, radio, télévision). La définition du GRP sur Internet est intéressante car c'est un outil qui parle aux annonceurs et aux médiaplanneurs traditionnels. C'est important car on constate désormais que sur Internet, sept annonceurs sur dix sont des annonceurs traditionnels.

"Des stars de l'Internet sortent de la crise", titrait La Tribune il y a trois semaines. Vous adhérez ?
A 100%. Surtout que l'article était notamment illustré par le cas de Yahoo après l'annonce de ses résultats trimestriels ! Toutefois, je pense que le marché sera "flat" l'année prochaine, même Internet pourra tirer son épingle du jeu lors des campagnes plurimédias.

Vous venez de secteurs plus traditionnels que le Net (presse et radio). Pourquoi ce choix?
Je crois énormément à la puissance du média Internet et j'avais envie de venir chez Yahoo car je suis convaincu par la puissance de cette marque. D'ailleurs, je suis rassuré de constater que l'on retrouve des gens de mon profil et ayant suivi un parcours professionnel à des postes homologues au sein des FAI, chez Wanadoo ou Tiscali par exemple.

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Quel est votre site favori ?
Le site de Tignes. Je suis un fana de ski.

Qu'aimez-vous sur Internet ?
Les recherches.

Et qu'est-ce qui vous irrite ?
Les sites qui ne marchent pas. Même quand on est connecté en haut débit, on en trouve encore.

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Antoine Duarte a pris au début de l'année les fonctions de directeur commercial de Yahoo France, où il a pour mission de superviser l'ensemble des activités commerciales du portail, notamment sa régie publicitaire interne. Auparavant, il était directeur adjoint de la régie IP France, après avoir été directeur commercial adjoint au sein du Groupe Expansion.

   
 
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