JDNet.
En quoi consiste le projet Good Futur ?
Laurent Edel.
Notre nouvelle activité démarre réellement
ce mois-ci avec un tour du monde pour effectuer une
veille technologique internationale : Chine, Japon,
Australie, Canada, Suède, Lithuanie et Etats-Unis,
où nous allons nous rendre à Palo Alto
et à Berkeley. Nous
voudrions sortir de la grisaille Internet que nous avons
connue en 2002 et créer un carnet de tendances
des grandes idées business pour favoriser la
création d'entreprises. C'est notre ambition.
Cet observatoire ne tourne pas forcément autour
des NTIC, même si leurs usages doivent entrer
dans la trame des projets d'entreprises.
Quelles
sont les grandes tendances que vous avez retenues comme
points de départ pour ce projet ?
Nous en avons retenu trois : les nouvelles
idées business (NDLR : résumé
sous le malheureux acronyme NIB) à la maison,
les NIB éthiques et les NIB technologiques. Nous
voulons développer des entreprises "post-bulle
Internet" qui sont innovantes et rentables. Actuellement,
en France, on recense 130 000 créations
d'entreprise par an. C'est peu par rapport au nombre
de Français qui souhaitent devenir entrepreneurs,
notamment parmi les jeunes qui se sont sentis pousser
des ailes lors de la période de la nouvelle économie.
Maintenant, je trouve qu'ils ont mûri : ils
sont plus modestes et pragmatiques.
Vous
avez déjà trouvé un exemple d'entrepreneur
NIB en France ?
J'ai en tête l'exemple d'un entrepreneur
à Ville d'Avray (Hauts-de-Seine) qui développe
depuis son domicile un service de vente de vins par
achats groupés en utilisant uniquement l'e-mail.
Il a réalisé un chiffre d'affaires de
150 000 euros au bout de dix mois. C'est un exemple
de NIB à la maison. On retrouve un peu l'esprit
"garage" propre aux start-ups.
Que
devient Republic Alley ?
L'incubateur s'est recentré sur
un volet unique : l'investissement. Depuis décembre
2001, je ne suis plus opérationnel chez Republic
Alley. Mais je ne voulais pas pour autant que tout ce
qui avait été monté depuis 1999
dans l'immeuble parisien du 18 Faubourg du Temple disparaisse.
La Mairie de Paris ayant un plan de pépinières
et d'infrastructures très ambitieux pour accueillir
des entreprises avec le projet Paris Développement,
j'ai proposé qu'une partie de leur équipe
s'installe dans nos locaux chargés de symboles.
Christian Sautter, chargé du développement économique
et des finances de la Mairie de Paris, a accepté
ce projet d'implantation. Le bail de 1 700 m²
a été signé début novembre.
Les locaux abritent des espaces d'accueil pour trois
types d'entreprises : des designers, des stylistes et
des prestataires technologiques. Pour le moment, il
n'existe aucun lien structurel entre Paris Développement
et Good Futur. Nous n'avons réalisé pour
la Mairie de Paris qu'une prestation de conseil en communication
à l'occasion de l'inauguration d'une pépinière
high-tech du côté du quartier de la Villette.
Quel bilan dressez-vous des
incubations effectuées au sein de Republic Alley
?
10% des sociétés incubées
ont stoppé leurs activités. Les autres
continuent leur développement en réalisant
des chiffres d'affaires qui montent à un million
d'euros et qui se positionnent sur des créneaux
porteurs. Elles ont survécu car elles se sont
adaptées à la nouvelle donne. En attendant
la prochaine vague...
Justement, quand prévoyez-vous
la prochaine vague ?
Je n'en sais rien. L'activité
économique est très ralentie aujourd'hui
et le niveau de l'investissement en France n'est pas
glorieux. Cette situation devient inquiétante.
Nous avions pris de l'avance dans des activités
liées aux domaines de la mobilité et de
la télévision interactive mais, faute
d'investissements, nous allons perdre en compétitivité.
Pour le moment, il est très difficile de trouver
du capital d'amorçage.
Quels conseils donneriez-vous
pour les jeunes entrepreneurs NTIC ?
Il faut compter au moins un an avant
d'effectuer une première levée de fonds.
Ce qui veut dire que l'entreprise doit savoir se passer
de capital-risque et donc rester en configuration minimum
pendant cette période. Les nouvelles sociétés
doivent prouver rapidement la pertinence de leur positionnement
et convaincre leurs interlocuteurs qu'il existe un marché.
Aujourd'hui plus qu'avant, l'aspect "time to market"
est crucial. Il faut également regarder du côté
des technopoles françaises pour éventuellement
créer des liens qui facilitent le développement
de projets TIC.
Avez-vous une idée
de la prochaine "killer app'" de l'Internet
?
En France, je n'ai pas découvert
récemment de véritables innovations. D'où
l'idée de voir ce qui se passe dans le reste
du monde.
Que pensez-vous du dispositif
Re/Zo 2007 lancé par le gouvernement Raffrin
en faveur de la société de l'information
?
Honnêtement, je ne l'ai pas lu
dans le détail. Mais je suis persuadé
de l'importance des pouvoirs publics dans le développement
de l'usage des NTIC en France. J'observe simplement
qu'au-delà des cercles de réflexion et
des comités d'experts montés sous l'impulsion
des pouvoirs publics, il faut passer à l'acte.
Avez-vous gardé des
contacts avec le Président de la République
Jacques Chirac depuis son passage à Republic
Alley en mars 2000 ?
Non.
Estimez-vous
que l'Internet a singulièrement changé
le mode de fonctionnement des entreprises ?
J'ai eu des échos qui ne sont
pas très clairs et même contradictoires
à ce sujet. Certes l'usage du mail s'est vulgarisé,
mais il me semble que le développement de l'Internet
dans les grandes entreprises n'a pas eu de très
grandes répercussions dans leurs modes de fonctionnement.
Il y a bien de nouveaux outils de communication interactifs,
mais cela ne change pas fondamentalement les cultures
d'entreprise.
Quelle
est votre première résolution 2003 dans
vos usages Internet ?
Faire de la soirée Web is Dead* que j'anime
mercredi prochain un événement digne de la splendeur
d'antan.
*Sur webisdead.org, les internautes peuvent
voter pour le pire et le meilleur de l'Internet. A l'occasion
de la soirée de clôture mercredi, douze
prix seront remis dans des catégories plus ou moins
loufoques comme le prix de la technologie ou du hardware
défunt, le prix de la meilleure revente ou encore du
"concept le plus dead".
Les
start-ups toujours soutenues par Republic Alley
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Après
avoir délaissé son activité
d'incubation, Republic Alley s'est recentré
sur la partie investissement. Sur son site, la société
indique "avoir participé" au lancement
de start-ups comme Publibook (édition
en ligne), Cantoche.com (création
de personnages 3D animés interactifs), 7P4
(gestion de contenu), Code 511 (conseils
en sécurité), Pneumopartners
(auscultation à distance) et Omniservices
(cartes prépayées Internet). Parallèlement,
Republic Alley est actionnaire des sociétés Freelance
(recherche de professionnels indépendants
en ligne), Paraschool (soutien scolaire en
ligne), Natoora (livraison de produits frais)
et Mobiligence (agence de développement
en téléphonie 3G). |
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