|
|
Fabrice Epelboin
Co-fondateur
et directeur associé
Yades |
|
Fabrice
Epelboin
"Pour vendre en ligne, il ne faut pas briser les règles de l'ergonomie"
Internet, Fabrice Epelboin le connaît surtout côté design. Son passage par des web agencies et sa collaboration aux sites de Zebank et Egg lui ont appris à lier design et stratégie business. Aujourd'hui, co-fondateur de la web agency Yadès, il applique son expérience à de nouveaux projets.
(09/04/2004) |
|
|
|
JDN. Quel a été votre parcours pour devenir web designer ?
Fabrice Epelboin. Après des études scientifiques, j'ai fait un passage dans l'éphémère école de communication de Jacques Séguéla, RSCG Campus puis je me suis beaucoup formé
moi-même à la PAO. Mais c'est lors d'une collaboration chez un éditeur
multimédia que j'ai participé pour la
première fois à la création d'un
CDrom, "Le trésor du San Diego", qui a d'ailleurs remporté un Milia d'Or en 1994. A ce moment-là, je sentais que le
produit CFrom, et en particulier le CDrom culturel
n'était pas viable, à cause des coûts
de production faramineux et des problèmes de
diffusion. Et puis, concrètement le marché
n'était pas là. En revanche, j'avais bien
accroché à l'aspect multimedia et aux
possibilités de création que cela permettait.
Je me suis ensuite dirigé dans le milieu du publishing,
plus rémunérateur. Et c'est là que
j'ai pu aborder les problématiques de production.
Au final, le monde de l'édition m'a appris à
appréhender les contenus et m'a formé à
la gestion de projets centrés sur le contenu.
C'est ensuite avec cette expérience que je suis
entré dans la web agency BabelStal pour m'occuper
de tout ce qui est design, ergonomie et architecture
d'information... des domaines dont j'ai appris le b.a.-ba
au fur et à mesure que je les pratiquais.
Quels sont les projets qui
vous ont marqué à ce moment-là
?
Les projets de banque et de bourse en ligne. J'ai notamment travaillé comme indépendant pour les sites Zebank et Egg. Il s'agissait de projets colossaux qui s'étalaient sur plusieurs
années, avec des problématiques aussi
bien de marketing, que de design ou d'ergonomie. Mais, d'une manière générale, j'ai
essayé de respecter un équilibre
entre des projets de l'ordre de l'exploration de nouveaux
médias et des projets plutôt business où
il fallait résoudre des problèmes et tenir
des délais. J'ai par exemple travaillé
sur le projet artistique Kéo, qui a reçu
un Clic d'or et un prix au festival Ars electronica
en 1999. Il n'a fonctionné qu'à l'aide
du marketing viral, et ça a été
un vrai succès. Il a aujourd'hui un peu périclité.
C'est le genre de projet qui se situe entre la science
et l'art.
Après deux expériences
dans des sociétés Internet qui ont sombré lors du krach Internet et avoir travaillé
comme indépendant pour Ze Bank et Egg, aujourd'hui
quel est votre activité ?
J'ai monté une société en collaboration
avec Khelil Ben Osman [réalisateur multimedia qui a notamment participé à la création du site Internet rothschild-cie.com,
ndlr]. Elle s'appelle Yadès et a maintenant quatre mois d'existence. La société couvre trois dimensions. D'une part, une activité de prestation
de services que l'on peut assimilier à une petite
web agency avec des points de compétence forts
en Flash dynamique, en ergonomie et une façon
particulière de penser le design, au service de l'optimisation
d'un business modèle.
Yadès comprend ensuite
un département recherche et développement,
Quantic, dans lequel nous faisons de l'expérimentation
avec du Flash sur des projets d'art contemporain. Cela
représente environ 15 % de notre activité
et nous prend un cinquième de notre temps. C'est
surtout un prétexte pour ne pas faire que des
projets sérieux. Et puis Yadès est aussi un incubateur.
Nous prenons une participation d'environ 30 % dans
des projets naissants et auxquels nous contribuons.
Nous travaillons en partenariat avec des financiers
et des gens du marketing. Nous nous occupons de la gestion
du produit lui-même, de la gestion de la marque,
nous donnons des conseils d'utilisation de l'outil Internet,
en ergonomie, design, etc. Il s'agit de projets dans
l'univers de la musique, de la communauté virtuelle,
de la visualisation d'information financière
et même dans l'univers du hardware.
|
|
Quand
on a quelque chose à vendre, il ne
vaut mieux pas sur- innover." |
|
Selon vous, est-ce que la création
design est compatible avec un but commercial ?
Il y a des projets qui privilégient la marque,
donc l'image, d'autres qui privilégient le marketing
et donc une présentation beaucoup plus pragmatique
et commerciale. Quand on n'a quelque chose à vendre,
il ne vaut mieux pas sur-innover. Je ne pense pas que
des sites de e-commerce aient un intérêt
à briser les règles de l'ergonomie. Il
faut vendre et ne rien faire d'autre ; sauf bien sûr
si la marque est partie prenante du concept et exige
par exemple de présenter une interface très
funky. Il faut que le site reste cohérent
avec le concept de base.
Comment vous définissez-vous
?
Je suis un chef d'entreprise mais
pas au sens traditionnel du terme : comme un rescapé
de cette période d'euphorie de la nouvelle économie.
Aujourd'hui nous sommes sur des projets réalistes,
plus modestes, qui se lancent sans fanfare, avec des
valorisation beaucoup plus raisonnables.
Qu'est-ce qui vous motive
dans un projet ?
C'est le potentiel de création de valeur, c'est
d'apporter le maximum de valeur ajoutée à
un projet. Et aussi le fait d'aller dans l'inconnu,
dans quelque chose de totalement nouveau, dans l'Internet
qui est en train de se créer et qui est l'avenir,
comme la musique sur Internet par exemple.
Quelles sont vos références
?
Amazon, et d'une façon générale
toutes les sociétés qui sont dans son giron, comme
The Internet Movie Database. Ce sont des projets qui, en terme de fonctionnalités et
d'optimisation du design ont été menés en fonction d'un business model.
Bien sûr, si on pense le design en terme de création
de marque, c'est différent. Je trouve par exemple
que la campagne en cours de Volvo [lire l'article du 19/03/04, ndlr] est très forte.
Ils ont été très malins. Je ne
suis pas convaincu qu'elle fasse vendre beaucoup de
voitures mais, en terme d'acquisition de notoriété,
c'est une réussite.
Quels sites Internet consultez-vous
?
Les sites de Libération, du Monde et de TF1 pour
suivre l'actualité politique. Côté
technologie, je consulte Wired et
Business 2.0. Sinon je vais
aussi régulièrement sur Imdb
et le laboratoire
Google. |
|
|
Propos recueillis par Philippine ARNAL, JDN |
|
PARCOURS
|
|
|
|
Fabrice Epelboin, 34 ans, a fait des mathématiques supérieures avant de passer trois ans à l'école RSCG Campus. Après diverses expériences dans la publication et la production d'ouvrages et de CDrom,
il fait ses premiers pas dans la conception multimédia en 1996
1996 Il est directeur de création pour la web agency Babel@Stal. Il travaille notamment sur des projets pour le CCF, Axa, Sony France, le cybermarché de Casino C-Online et sur la réalisation de sites pour différents ministères.
2000 Fabrice Epelboin rejoint la web agency Owendo où il collabore notamment avec le Groupe EMAP, Sony Music France, l'ASF, Lafarge et GlaxoWellcome. Il participe à la mise en place d'un "studio multimédia".
2001-2002 Il est co-fondateur et directeur stratégie Internet du site Prizzo.com,dédié à la vente de produits touristiques en price-fixing. Il devient ensuite consultant en web design et e-marketing avec une spécialisation dans secteur banques et finance. C'est à cette occasion qu'il travaille pour Zebank puis Egg (publicité en ligne re-branding du site parès le rachat par Egg, etc.).
2003 Depuis janvier 2003, il a co-fondé et pris la fonction de directeur associé de Yades.com, cabinet de consultants spécialisé dans le design et la gestion de marque sur internet. L'activité est réellement lancée depuis la fin de l'année 2003.
Et aussi Fabrice Epelboin est lauréat de différents prix : Milia d'Or 1994, HotWired 1997,
Communication Art 1999, Clic d'Or Grand Prix du Jury 1999, Ars Electronica 1999. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|