INTERVIEW
 
Directeur des TIC
Caisse des Dépôts et Consignations
Gabrielle Gauthey
"Nous soutenons 139 projets locaux d'infrastructures haut débit en France"
En savoir plus

Article JDNet Palmarès 2002 du Label Ville Internet (23/10/02)

Les sites
CDC- TIC
ServicePublicLocal.fr
Cyber-base.org
Localtis.fr
En qualité d'investisseur public, la Caisse des Dépôts et Consignation (CDC) dispose d'un poste d'observation et d'action unique en matière de technologies de l'information et de la communication appliquées à la vie locale. Alors que la décentralisation est à l'ordre du jour, l'organisme de financement, qui fait la jonction entre secteur public et secteur privé, entend développer l'administration en ligne et les infrastructures haut débit au niveau local. Gabrielle Gauthey, en charge des TIC au sein de la CDC, fait le point sur le développement de l'administration en ligne et de l'Internet haut débit de proximité.
24 octobre 2002
 
          

JDNet. L'administration en ligne en 2005, c'est un projet réalisable ?
Gabrielle Gauthey. C'est un objectif ambitieux à la fois européen qui s'inscrit dans un cadre européen (programme e-Europe) et français : un comité interministériel de la réforme de l'Etat du 15 novembre 2001 s'est fixé comme objectif de mettre en ligne la totalité des procédures administratives en ligne d'ici 2005. Dans ce cadre, la CDC et la Documentation Française (en charge du portail de l'administration en ligne Service-Public.fr) ont été mandatées pour gérer l'intégration des outils de ce portail sur les sites des collectivités locales. D'où la création de la déclinaison Service-Public Local [NDLR : qui permet aux administrateurs d'implémenter sur des sites de collectivités locales une brique de services administratifs en ligne tirées du portail Service-Public.fr.]

Quels sont vos objectifs ?
Les premiers adhérents sont les collectivités locales qui ont déjà fait un effort de sensibilisation vis-à-vis des NTIC : Parthenay, Niort, Vandoeuvre.... La Ville de Paris a également pris l'outil Service-Public Local en test. Nous avons une cinquantaine de partenaires qui demandent à tester le service. De notre côté, nous nous sommes fixés entre 200 et 300 adhérents en 2003.

Quelles sont les ambitions de la CDC autour de son portail Localtis.fr ?
C'est une initiative que nous avons lancée en juin et qui fait suite au Journal en Ligne des collectivités locales (élus, fonctionnaires territoriales, acteurs du développement local), initié en 1997. C'est un portail d'information et d'alertes juridiques (23 rubriques avec 30 partenaires) qui traite de thématiques comme le logement, l'urbanisme, le sport, les finances, les ressources humaines... Le but est d'équiper les Intranet des collectivités locales. Nous avons déjà 200 collectivités abonnés.

Parallèlement, le déploiement d'espaces multimédia Cyber-base [NDLR : d'ici 2004, 400 espaces publics numériques Cyber-Base devraient être ouverts en France. Une mission à laquelle la Caisse des dépôts entend consacrer 15 millions d'euros], lancées en 2001, continue-t-il ?
Oui. Nous aurons une trentaine d'espaces NTIC ouverts en France. 200 autres contrats sont dans les tuyaux.

Vos travaux portent-ils aussi sur la mise en place de places de marchés inter-administrations ou administrations -fournisseurs ?
Le 19 novembre, dans le cadre du Salon des maires et des collectivités locales, nous allons présenter une place de marché de dématérialisation des achats publics. C'est un projet sur lequel nous travaillons depuis deux ans en partenariat avec France Télécom, Dexia-Crédit Local et le Groupe Moniteur. Ce projet, qui va s'appuyer sur une société commune, est dédié à l'aide à la gestion de l'achat public. Jusqu'ici, nous avions un statut de groupement (nom de code : Gael, pour groupe d'achats en ligne).

Comment établissez-vous des liens avec les 36.000 communes de France pour les sensibiliser aux NTIC ?
Nous sommes très proches des collectivités locales compte tenu de notre statut d'investisseur public. Nous avons des tactiques différentes pour approcher les collectivités locales en fonction de leur taille. Tout d'abord, la CDC dispose d'un réseau de 26 directions régionales. Nous nous inscrivons dans les programme d'intérêt général TIC par mandat du Comité interministériel d'aménagement et de développement du territoire (CIADT) de Limoges de juillet 2001, qui nous permet de lancer des projets d'infrastructures haut débit. D'autres relais TIC apparaissent comme Susinet Saem (une société anonyme d'économie mixte pour le développement des TIC à Paris) ou Arantis (Agence des technologies de l'Information en région Poitou-Charentes).

Comment peut-on mesurer la pénétration des TIC dans les collectivités locales ?
Ce sont généralement les collectivités importantes qui s'investissent dans ce type de projet et moins les communes de 500 à 1.000 habitants. Lorsque j'ai pris mes fonctions en 2000, nous avions fait une étude sur le taux d'équipement Internet-Intranet dans les collectivités locales. Nous nous sommes rendus compte qu'elles étaient loin derrière les entreprises du secteur privé. Les collectivités françaises étaient également en retard vis-à-vis de leurs homologues européennes, notamment par rapport aux länder allemand ou aux régions italiennes. Mais cela change assez vite, compte tenu du développement important des intranets au sein des conseils généraux et grandes métropoles. On voit également apparaître des Extranets départementaux dans la Vienne, la Manche et le Finistère. C'est le conseil général qui prend en charge l'équipement des petites communes.

Quels freins rencontrez-vous pour intéresser les collectivités aux NTIC ?
Ils proviennent essentiellement des tiraillements politiques entre les pôles de décision des grandes villes, des départements et des régions. Un comité de pilotage d'un projet de développement du territoire bien structuré permet de travailler efficacement. Autre frein : le manque de sensibilité des élus. Nous organisons des voyages d'élus à l'étranger pour leur montrer des exemples d'administration en ligne. Il y a aussi des freins plus opérationnels comme le manque d'ingénierie et de compétences techniques, au-delà du manque d'argent. A la décharge des collectivités locales, il est vrai qu'elles ne disposaient pas de moyens de développement des activités télécoms.

Quels types de collectivités s'impliquent le plus dans les NTIC ?
On constate que les départements et les grandes villes sont très actives. Et au-dessus, une cohérence régionale est nécessaire à gérer. Cela peut se mesurer aussi par l'irrigation de l'accès haut débit sur un territoire déterminé. La CDC participe au lancement de 139 projets d'infrastructures haut débit, qui concernent 15 régions, 44 départements et 45 intercommunalités. Si l'on dresse une cartographie, on se rend compte que le quart Sud-Ouest est la zone plus active.

Ces projets concernent-ils des zones géographiques où l'ADSL ne passe pas ?
Nous avons contribué à quelques expérimentations satellite dans ce sens. Nous souhaitons ne pas opposer les zones rurales aux zones urbaines dans le domaine du haut débit. L'un des objectifs est de faire parvenir du haut débit sur l'ensemble du territoire français à un tarif raisonnable. Il faut être patient car la mise en place de ce type de réseaux nécessite 12 à 18 mois.

Pour quelles raisons les collectivités locales s'impliquent-elles dans des projets d'accès haut débit ?
Il y a besoin d'argent public pour faire des infrastructures. L'opérateur historique demande aux collectivités de subventionner le déploiement d'un réseau en fibre optique pour optimiser les performances d'un répartiteur en charge de diffuser l'ADSL. Notre modèle local tourne plutôt autour de gestionnaires d'infrastructure neutres et ouverts à l'ensemble des opérateurs et fournisseurs de services. Nous regardons différentes modes d'accès haut débit - satellite, wi-fi, etc - et la mutualisation de la desserte et la collecte.

En savoir plus

Article JDNet : Palmarès 2002 du Label Ville Internet
(23/10/02)

Les sites
CDC- TIC
ServicePublicLocal.fr
Cyber-base.org
Localtis.fr

Quels modèles économiques faut-il adopter pour viabiliser l'exploitation de ces infrastructures haut débit ?
Au préalable, il faudrait mieux se servir du levier des subventions européennes comme les fonds Feder. Plus d'un tiers de ce que l'on a chiffré autour des infrastructures TIC pourrait être financé par des fonds Feder. Deuxième point, pour rendre l'exploitation des infrastructures viable, nous prônons un partenariat "public-privé" avec des responsabilités et des risques partagés. Dans ce sens, nous avons signé un accord avec LD Câble. Et nous venons d'inaugurer le Grand Toulouse, un projet de réseau de fibre optique réunissant les groupes Vinci, Sirti et CDC [NDLR : Il s'agit d'un contrat d'affermage de dix ans avec la nouvelle société Garonne Networks, détenue à 40% par Vinci Networks, 30% par la CDC et 30% par le groupe italien Sirti. L'objectif est d'exploiter un réseau de télécom à haut débit de 80 kilomètres de fibre optique d'un coût de 6,4 millions d'euros.]

 
Propos recueillis par Philippe Guerrier

PARCOURS
 
Gabrielle Gauthey, 37 ans, ancienne élève de l'Ecole Polytechnique et titulaire d'un DEA en analyse économique, est ingénieur en chef des télécommunications. Elle a débuté sa carrière à France Télécom et rejoint la DATAR en 1992 comme chef du service des investissements étrangers en France et Secrétaire général du réseau "Invest in France". Entre 1995 et 1997, elle occupe des fonctions de conseiller technique, au cabinet de François Fillon, ministre délégué à La Poste, aux Télécommunications et à l'Espace. En 1998, Gabrielle Gauthey prend les fonctions de directeur général adjoint de la Sofirad, et directeur général de "Le SAT", premier bouquet numérique par satellite de chaînes et radios francophones en Afrique. Mi-2000, Gabrielle Gauthey est nommée Président du directoire de CDC Mercure (filiale de la CDC), qui porte l'ensemble de l'offre de services TIC du groupe. En qualité de directeur de la Direction des nouvelles technologies de l'information et de la communication (DNTIC), elle est directement rattachée à Michel Gonnet, directeur général adjoint de la CDC en charge du pôle Dépôts, épargne et financements publics (DEFP).

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Chaine Parlementaire Public Sénat | Michael Page Interim | 1000MERCIS | Mediabrands | Michael Page International