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Frank Leprou
Directeur général
Fnac Direct
Frank Leprou
"Notre stratégie clic et magasin est le point fort du groupe"
Ancien directeur administratif et financier de la filiale espagnole de la Fnac, Frank Leprou a pris les rênes de Fnac Direct depuis fin 2004. Au sortir d'une année riche en nouveautés pour Fnac.com, il fait le point sur les enjeux et les projets de l'enseigne en 2005.
(05/04/2005)
 
JDN. La croissance du chiffre d'affaires Internet de la Fnac est la plus forte du groupe PPR en 2004. Comment jugez-vous ce résultat ?
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 Fnac Direct
 Frank Leprou
Dossier PPR
Frank Leprou. Le chiffre d'affaires online de la Fnac s'est élevé à 132 millions d'euros en 2004, dont 93 millions pour les marchandises, le reste correspondant aux services. Il comprend l'activité de Fnac.com, FnacMusic, le développement et l'hébergement de photos en ligne. Par rapport à 2003, il est en progression de 42 %, et de 52 % uniquement sur les marchandises. Sur deux ans, la croissance est de 130 %. Ce sont des résultats très satisfaisants. Nous avons surtout réalisé notre objectif qui était d'atteindre la rentabilité en 2004.

Quelles ont été les principales innovations qui ont permis de réaliser une telle croissance en 2004 ?
La plus grande innovation a été le lancement de FnacMusic, notre service de téléchargement musical, qui se développe très bien. Ce site a même reçu un prix pour son ergonomie. Il a été classé premier par le cabinet Shelley Taylor & Associates, parmi 38 sites de téléchargement musical européens et américains. 2004 a également été marqué par le lancement, en mars, du service de développement et de partage de photos, qui propose notamment un espace gratuit de stockage. En novembre, nous avons lancé le chèque-cadeau virtuel, qui permet d'acheter et de convertir en ligne des chèques-cadeaux de 5 à 1.000 euros. En février, nous avons ouvert avec Mobivillage notre premier service de personnalisation de téléphone mobile, permettant de télécharger des sonneries et des logos. D'autres services sont encore apparus sur Fnac.com en 2004 : les dossiers techniques interactifs, le service après-vente en magasin pour tous les achats en ligne, la fonctionnalité de vérification de la disponibilité des produits techniques en magasin, et enfin l'adhésion en ligne, ainsi que la possibilité de profiter des avantages adhérents : journées de remise, facilités de paiement, simulation des mensualités de remboursement lors d'un achat à crédit, et cumul de points de fidélité.

Quelles sont vos prévisions de croissance pour 2005 ?
Nous attendons une croissance similaire à celle de 2004, de l'ordre de 45 à 50 %. Nous espérons gagner des places dans le classement des magasins. Nous représentons aujourd'hui le cinquième magasin de l'enseigne, soit 3,2 % du chiffre d'affaires du groupe, qui s'est monté à 4,139 milliards d'euros en 2004. Mais la progression en haut du classement est la plus difficile, car nous avons devant nous les quatre magasins parisiens : les Halles, Ternes, Saint-Lazare et Montparnasse.

A ce rythme, l'objectif de Fnac.com de devenir le premier magasin de l'enseigne en 2006 est donc toujours d'actualité ?
Nous prévoyons aujourd'hui d'être le premier magasin du groupe dans deux ans, c'est-à-dire en 2007. En effet, le magasin des Halles, dont la surface de vente a doublé, a augmenté de 10 % son chiffre d'affaires en 2004. Forcément, cela décale notre position relative.

Nous nous développons fortement sur les produits techniques."
Une étude de Benchmark Group (éditeur du Journal du Net) a montré que les ventes en ligne de produits culturels ont connu une croissance inférieure de moitié à celle du e-commerce en général. A voir vos prévisions de croissance, vous ne semblez pas en faire les frais.
On ne peut pas parler de ralentissement. Nous avons cette particularité d'être un site mixte, à cheval entre les produits culturels et les produits techniques. Aujourd'hui, nous nous développons fortement sur les produits techniques. La moyenne des résultats en ce qui nous concerne n'est pas pertinente.

Quel est le rythme de croissance des produits culturels et des produits techniques ?
Nous ne communiquons pas ces chiffres. Disons que le site évolue dans la tendance de ce que réalisent les magasins.

Quelle est votre stratégie face au ralentissement de la croissance des produits culturels ?
Nous renforçons nos services à l'intérieur d'une stratégie clic et magasin, ce qui est le point fort du groupe. Nous renforçons également les outils de personnalisation de l'offre clients, à travers le site et la newsletter. Nous avons acquis, en 2004, plusieurs outils permettant de gérer un très grand nombre d'envois d'e-mails personnalisés à notre base clients, constituée de 1,5 million d'adhérents plus les membres en ligne. Ces outils permettent par ailleurs de suivre le parcours client en ligne, ce qui rend possible des conseils personnalisés. Nous analysons nos sites et nos pages afin d'en améliorer l'ergonomie.

Quel est le budget relatif à ces outils ?
Ils requièrent un investissement initial, mais ensuite le budget d'utilisation est un coût marginal. Ils permettent de dépasser de nouveaux seuils en termes de personnalisation et d'envois de mails.

Amazon reste un concurrent assez agressif."
Cette stratégie de personnalisation est celle qu'Amazon a choisie depuis le départ. La délocalisation partielle de ce concurrent à Londres a-t-elle été suivie d'effets sur vos ventes ?
Nous sommes fiers d'avoir réussi à barrer la progression d'Amazon. Nous pouvons nous féliciter, en France, d'être une exception à travers le monde, un pays où Amazon n'a pas une position de leader. Certes, leur chiffre d'affaires s'est réduit et l'audience est plus limitée, mais celle-ci reste quand même assez enviable. Nous n'en avons pas spécialement bénéficié. Cela s'est réparti entre les différents acteurs du e-commerce. Amazon reste un concurrent, assez agressif de par ses actions d'e-mailing et de couponing.

L'espace adhérents est désormais beaucoup plus mis en avant sur votre page d'accueil. Les adhérents ont-ils immédiatement pris la balle au bond ?
Tout à fait. Le pavé adhérents est la deuxième zone en termes de clics sur la page d'accueil, la première étant les nouveautés. Mais nous voulons les inviter à aller encore plus sur le site, par des actions croisées avec les magasins.

Est-ce grâce à cette logique multicanal que Fnac.com occupe la première position du baromètre Direct Panel 2004, sur la notoriété des sites marchands ?
La marque Fnac.com est l'un de nos plus gros actifs, c'est vrai. C'est une marque assez fantastique. La faire figurer sur les sacs en magasin, par exemple, est aujourd'hui un atout. Nous servons de site de référence. En décembre, le site a réunit 4,7 millions de visiteurs uniques à domicile. Un quart des internautes sont venus sur notre site, en tout ! La fonctionnalité de consultation en ligne des stocks renvoie dans les magasins, les fournisseurs sont très demandeurs de mises en avant sur le site… Nous sommes dans une stratégie intégrée clic et magasin, très bénéfique.

Avez-vous des chiffres à communiquer sur FnacMusic ?
Non, mais nous sommes assez satisfaits. Nous sommes actuellement dans le cadre de notre budget 2005.

Qu'en est-il de votre présence sur le canal mobile ?
Nous avons une offre i-mode, qui reste encore très embryonnaire. Nous suivons l'évolution de ce marché. Ceux qui s'y engouffrent sont souvent des filiales de grands opérateurs de téléphonie, qui y voient un intérêt sur un second plan. L'offre de hardware susceptible de permettre une navigation facile et conviviale arrive tout juste. De plus, chaque fois qu'un nouveau téléphone compatible sort, selon son système d'exploitation, on est obligé de procéder à des ajustements techniques de notre service, ce qui complexifie grandement le système. Nous maintenons cette mise à niveau mais n'investissons pas plus.

Nous souhaitons consolider notre position dans la billetterie."
Le site est le plus gros vendeur de billetterie du groupe. Cette activité revêt-elle une importance stratégique particulière ?
C'est l'offre qui est arrivée à maturité le plus rapidement dans le domaine du commerce électronique. Sur ce point, nous sommes partenaires d'autres distributeurs et souhaitons encore développer le site, pour qu'il soit encore plus rapide et convivial. Il génère à lui seul un trafic extrêmement important lors d'événements comme le concert de U2. Nous souhaitons avant tout consolider notre position.

Vous êtes à la tête de Fnac Direct depuis la fin de l'année 2004, et avez donc un regard neuf. Quels sont à vos yeux les principaux défis que l'entreprise devra relever en 2005 ?
Nous devons travailler sur notre cœur de métier, la vente de produits culturels et techniques, dans le cadre de notre stratégie clic et magasin. Il existe un gros potentiel de croissance lié aux synergies, notamment logistiques. Ces deux axes, commercial et back office, nous y croyons beaucoup.

Quels sont vos projets pour 2005 ?
Nous allons améliorer les dossiers techniques interactifs en apportant de nouvelles fonctionnalités, développer les ventes croisées site-magasins, et lancer la réservation de produits en ligne. Nous allons également poursuivre l'intégration en termes de services : SAV, formation, garanties, etc. Enfin, nous souhaitons développer la reprise de matériel technique pour l'achat d'un produit neuf. Les tests actuels sont concluants, et nous sommes le seul marchand en ligne à proposer cette offre.

Vous avez occupé le poste de directeur administratif et financier de Fnac Espagne. Quelles sont les grandes différences entre ce marché et le marché français ?
Les internautes sont un peu les mêmes. Ils recherchent les mêmes avantages en termes de convivialité, d'information produits, et ils veulent aussi éviter les files d'attente en magasin et les embouteillages. Ils faut les rassurer sur les moyens de paiement et la qualité des services. Le développement du e-commerce est un peu moins fort en Espagne, en raison du moindre déploiement du haut débit. Cette étape reste à venir. Dans ce pays, nous avons 10 magasins, et projetons d'en ouvrir 8 autres d'ici 2006. La Fnac occupe là-bas un rôle de pionnier, comme en France.

Quel est votre site préféré, en dehors des sites du groupe ?
Service-public.fr. Je suis assez bluffé par la très grande pertinence de l'information qu'ils mettent en ligne. L'administration en France a fait un grand bon en avant de ce point de vue.

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Qu'est-ce qui vous séduit le plus sur Internet ?
En tant que client, le foisonnement de l'offre et de l'information, l'immédiateté. Internet est LE lieu de recherche d'information, pour moi qui vit à 100 à l'heure. Il m'arrive de faire des achats en ligne très tard le soir. En tant que professionnel, c'est la proximité avec le client, et la très grande réactivité du média. On peut tester très vite le retour sur un produit ou un service. C'est une source d'analyse et d'apprentissage quotidiens, une base d'étude et de travail infinie à l'heure d'aujourd'hui.
 
 
Propos recueillis par Raphaële KARAYAN, JDN

PARCOURS
 
 
Frank Leprou, est diplômé de Centrale Paris et de l'INSEAD.

1993-1995 : Consultant chez Bossard Consultants
1996-1999 : Senior manager au sein du cabinet de conseil Accenture
2000-2002 : Directeur du Plan et de la Stratégie chez PPR
2003-2004 : Directeur administratif et financier de Fnac Espagne

   
 
 
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