INTERVIEW 
 
Scott Macon
Directeur général
Shopzilla Europe
Scott Macon
"Nous souhaitons être le Google de la recherche marchande"
L'un des sites les plus populaires aux Etats-Unis débarque en Europe. Shopzilla, qui réunit outre-Atlantique 17 millions de visiteurs uniques par mois, vient de lancer ses sites britannique, français et allemand. Détails sur la stratégie et les ambitions du comparateur d'achats avec son directeur général Europe.
(09/11/2005)
 
JDN. Shopzilla s'implante en France, au Royaume-Uni et en Allemagne, alors qu'il a été fondé aux Etats-Unis il y a dix ans. Pouvez-vous présenter la société et le niveau de ses activités aujourd'hui ?
  Le site
Shopzilla.fr
Scott Macon. Shopzilla a été fondé en 1996. A l'origine, la société aidait les marchands en ligne dans le suivi de leurs commandes et de leur relation clients. Elle fournissait de l'information aux sociétés concernant leurs ventes, le comportement de leurs clients. Aujourd'hui, nous sommes un site de comparaison d'achats en ligne, leader sur le marché américain et nous nous adressons au grand public. Nous enregistrons 17 millions de visiteurs uniques tous les mois, nous répertorions 30 millions de produits différents, venant de 63.000 marchands en ligne. Pour le troisième trimestre 2005, nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 35,2 millions de dollars et un profit de 7,3 millions de dollars, des chiffres en forte augmentation par rapport à l'an dernier, où, sur la même période, nous avions fait 15,9 millions de chiffre d'affaires et 1,2 million de dollars de profit.

Comment vous définiriez-vous ? Êtes-vous un comparateur de prix ? Un site d'information sur l'achat en ligne ?
Notre positionnement mêle les deux. Nous fournissons ce qu'attend le consommateur quand il achète sur Internet : des informations sur le prix, sur le produit et sur le marchand. Nous sommes différents d'un simple comparateur de prix, qui ne va fournir des informations que sur le prix. Or, il est très rassurant, pour le consommateur, de savoir qui est le commerçant. De plus, l'internaute doit avoir le choix entre payer le prix le plus bas et, par exemple, disposer d'un service après-vente complet, avec un marchand où il sait qu'il pourra renvoyer le produit s'il ne lui convient pas.

Pourquoi vous implanter en Europe ?
Beaucoup disent que le marché américain est plus évolué car le volume des ventes en ligne y est largement supérieur. C'est en partie vrai, mais le potentiel est sans doute supérieur en Europe. Selon une étude récente, 52 % des internautes français consultent régulièrement un site de comparaison d'achat en ligne. Aux Etats-Unis, cette proportion n'est que de 30 à 35 %. Or, l'Europe ne dispose pas d'une offre suffisante en la matière. Un exemple : aucun site ne propose de vrai programme d'estimation des marchands. Pour nous, c'est pourtant fondamental, cela participe à la création d'un climat de confiance autour de l'achat en ligne.

Le site français présentera-t-il le même nombre de produits et le même nombre de marchands que le site américain ?
Pas dans un premier temps, bien sûr, car il nous a fallu dix ans pour construire Shopzilla.com. Mais, à terme, la France pourrait atteindre entre 10 et 20 millions de produits, sachant que notre ambition est de reproduire le modèle que nous avons aux Etats-Unis sur chacun des marchés où nous nous implantons. Pour l'instant, nous avons réuni 500 marchands sur la France. Nous ne nous sommes pas fixés d'objectifs en termes de marchands car, là encore, nous souhaitons être le plus exhaustif possible et délivrer la même offre qu'aux Etats-Unis : proposer tous les produits de tous les marchands en ligne possibles.

Nous utilisons notre propre moteur de recherche "
Quelle technologie utilisez-vous ?
Depuis quatre ans, nous utilisons notre propre moteur de recherche, que nous avons intégralement développé. Il s'agit de l'algorithme de recherche ShopRank, qui permet d'évaluer plusieurs critères à la fois, comme le prix, la disponibilité du produit, sa popularité et les informations fournies par les utilisateurs. Avec cette solution, le nombre de produits possibles sur notre site est illimité. En quelque sorte, nous souhaitons être à la recherche marchande ce que Google est à la recherche sur Internet. Par ailleurs, via Shopzilla Labs, nous recherchons toujours le moyen de perfectionner nos services, comme Robozilla par exemple, un projet de tri automatique des produits.

En quoi consiste la relation que vous avez avec vos partenaires et avec les consommateurs ?
Tout d'abord, nous informons les marchands des retours dont nous disposons pour leurs produits. Chaque jour, ils reçoivent le résumé des commentaires sur le site, ce qui ne leur coûte absolument rien. Quant aux consommateurs, pour chaque achat, quelques jours après, nous leur envoyons un e-mail pour leur demander s'ils ont bien reçu le produit, s'ils ont eu affaire au service client, etc. Ce système aide les commerçants à améliorer leur service et rassure les consommateurs. C'est en grande partie ce qui a fait notre succès aux Etats-Unis.

Déjà huitième en France et troisième au Royaume-Uni "
Cela fait presque un an que vous effectuez des essais sur le marché européen. En quoi ont consisté ces tests  et quels en sont les résultats ?
Il a d'abord fallu retravailler sur les produits, traduire l'offre en français par exemple. Puis nous avons testé différentes formules pour capter du trafic et essayé notre formule auprès des internautes. Ces essais ont été extrêmement fructueux puisque, sans être au maximum de nos capacités, nous sommes arrivés au huitième rang des sites de comparaison d'achat en France. Au Royaume-Uni, où nous avons mis un peu plus de moyens pour ces tests, nous nous sommes déjà hissés à la troisième place.

Et quelle est la réaction des marchands ?
Fantastique. Ils sont très enthousiastes, en France mais aussi partout en Europe. Cela confirme que notre offre profite à la fois aux consommateurs et aux marchands.

Quelles sont vos ambitions ?
Nous ambitionnons d'être, d'ici la fin de l'année 2006, l'un des deux plus gros sites d'e-commerce dans chaque pays où nous nous installons. Nous en avons largement les moyens.

Quel est votre modèle économique ?
Il est uniquement basé sur la rémunération au clic.

Quelles différences voyez-vous entre le marché américain et le marché européen ?
Le marché européen possède un énorme potentiel de croissance "
Les besoins des consommateurs sont les mêmes partout, que ce soit aux Etats-Unis, en France, au Japon ou en Allemagne. Bien sûr, les produits doivent être légèrement différenciés, peut-être verra-t-on des différences de consommation, mais tous les consommateurs répondent aux mêmes logiques : ils veulent économiser du temps, de l'argent, le tout dans un environnement sécurisé. Les sites européens seront donc très proches de Shopzilla.com. Ce qui ne nous empêchera pas de nous adapter si l'on en ressent le besoin. Plus globalement, les sites européens se sont améliorés, les marchands y sont efficaces et de plus en plus nombreux, ils investissent beaucoup. Nous voyons en outre un point extrêmement positif en Europe, c'est le taux de pénétration du haut débit. La France, par exemple, est l'un des marchés les plus compétitifs en la matière, et le haut débit est un élément essentiel pour le développement de l'e-commerce car il implique une amélioration du graphisme, des possibilités.

A terme, quelle sera la part de l'Europe dans vos activités, selon vous  ?
Difficile de répondre, nous sommes très enthousiastes à l'idée de nous lancer en Europe et nous y investissons beaucoup. L'Europe a donc un rôle important à jouer pour nous. Ce qui est certain, c'est que le marché européen possède un énorme potentiel de croissance. Certains jugent même que ce continent dépassera les Etats-Unis en termes d'achat en ligne durant la prochaine décennie.

Comment Shopzilla sera-t-il organisé en Europe ?
Une partie de nos 200 employés va se consacrer aux marchés européens. Nous ne pouvons pas dire combien exactement. Les opérations européennes seront basées à Londres, un site qui a été choisi pour des raisons pratiques. Mais ce point peut évoluer à l'avenir, nous sommes ouverts.

Quel sera votre plan de communication pour vous faire connaître en Europe et en France  ? Quel est le niveau de vos investissements publicitaires ?
Peut-être une campagne publicitaire en 2006 "
Nous allons beaucoup investir en marketing. En fait, nous attendons les conclusions de la campagne que nous venons de lancer aux Etats-Unis, où nous avons fait beaucoup de publicité en ligne, mais aussi off line, avec des spots radio, de l'affichage, de la publicité sur les taxis. Nous regarderons les effets de ce plan et, éventuellement, l'an prochain, nous pourrons mener ce type d'expérience en Europe. Mais il faut aussi, dans un premier temps, construire l'identité de la marque en Europe. La notoriété vient d'abord de la qualité du produit, il ne suffit pas d'investir massivement en marketing, il n'y a qu'à regarder Google. C'est la qualité qui fera la différence. L'aspect communautaire de notre site devrait aussi nous apporter un important bouche-à-oreille.

Finalement, qu'a changé le rachat de Shopzilla par le groupe Scripps l'été dernier, pour 525 millions de dollars ?
Nous pouvons désormais nous appuyer sur une structure très puissante, présente surtout dans les médias. C'est d'ailleurs un challenge très intéressant. Mais, pour ce qui est de notre stratégie européenne, cela n'a rien changé. Nous avons la même volonté.

Quel est, mis à part Shopzilla, votre site préféré ?
Shopzilla ! Et après, le site de la BBC, que je consulte régulièrement.

Quand avez-vous découvert Internet ?
  Le site
Shopzilla.fr
C'était au début de l'année 1995, je travaillais alors dans une société basée à Hong-Kong, qui a été l'une des premières à lancer son site Web. Nous avions alors trouvé ça intéressant et nous avions développé le site en quelques jours !

Qu'aimez-vous particulièrement dans l'Internet européen ?
Sa diversité.

Et ce que vous n'aimez pas ?
Le problème, c'est que je ne parle pas autant de langues que je souhaiterais. Je n'ai donc pas toujours accès à cette diversité !
 
 
Propos recueillis par Nicolas RAULINE, JDN

PARCOURS
 
 
Scott Macon a rejoint Shopzilla en 2004 en tant que directeur général Europe. Il est en charge du développement de la société sur ce marché.

Scott Macon a été le fondateur et CEO d'Avondi, spécialiste dans les échanges de business en ligne. Puis, en 2002, il rejoint Data Connection, une société spécialisée dans les logiciels de communication, au sein de laquelle il a géré le Business Development en Europe.

Auparavant, Scott Macon avait intégré DLJ Merchant Banking Partners, tout d'abord dans l'investissement bancaire où il était spécialiste des fusions,-acquisitions et de la finance, puis dans le domaine des investissements privés. Scott Macon a commencé sa carrière à Hong Kong chez Knight-Ridder Financial et chez IDC.

Et aussi Scott Macon est titulaire d'un MBA de la Wharton School of Business, "Dean's Scholar" de l'University of Colorado, Boulder.

   
 
 
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