INTERVIEW 
 
Patrick Pedersen
Directeur des opérations
Monster France
Patrick Pedersen
"En 2007, les revenus des offres d'emploi en ligne dépasseront ceux du papier"
Très concurrentiel, le marché des offres d'emploi sur Internet se consolide progressivement. Quelques semaines après l'acquisition d'Emailjob par Monster, Patrick Pedersen, directeur des opérations de Monster, fait le point sur le marché de l'emploi en ligne.
(11/03/2005)
 
JDN. Où en est le marché de l'emploi sur Internet ?
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 Patrick Pedersen
Patrick Pedersen. Dans une étude que nous avons commandée en décembre 2004, il ressortait que le chiffre d'affaires des offres d'emploi en ligne était en pleine croissance. En 2000, Internet représentait 15 % des revenus des offres d'emploi. Aujourd'hui, nous en sommes à 40 %. Le chiffre d'affaires des annonces papier a été divisé par deux en l'espace de quatre ans, tandis que celui sur Internet a été multiplié par quatre. Même si les tarifs ne sont pas aussi élevés sur Internet, le phénomène de volume est tel que l'on arrive à une part de marché de 40 %. Et l'on estime que d'ici 2007 ou 2008, le chiffre d'affaires des offres d'emploi en ligne dépassera celui du papier.

La part de marché de l'emploi en ligne est-elle la même en France qu'à l'étranger ?
Evidemment, nous ne pouvons pas comparer la France à des pays comme les Etats-Unis ou la Scandinavie, où le taux de pénétration d'Internet est bien supérieur. Là-bas, la part des offres en ligne est donc encore supérieure. Toutefois, le développement du haut débit en France a fortement tiré le secteur. Un exemple : on estime à 5 % de la population active européenne la base de données de Monster en Europe. En France, cette proportion monte à 8 %, ce qui signifie que le pays reste largement ouvert à ce mode de recrutement.

Quels sont les secteurs qui proposent le plus d'annonces sur les sites d'emploi ?
Nous avons vu apparaître un phénomène nouveau : les secteurs commerciaux sont désormais ceux qui diffusent le plus d'offres. Ce sont des populations mobiles, largement ouvertes aux nouvelles technologies, et les entreprises ont de réels besoins dans ce domaine. Le secteur IT est donc passé en seconde position, même s'il continue traditionnellement d'alimenter une bonne partie des offres. De plus, avec la démocratisation du Web, la part des niveaux BAC ou moins augmente. Nous réfléchissons d'ailleurs à la manière d'accompagner leurs recherches, pourquoi pas avec la création d'un site dédié. Je rêverais d'un Monster 'ouvriers', par exemple.

Sur quels secteurs ou quels domaines le marché de l'emploi en ligne peut-il encore s'améliorer ?
Il faut aller chercher les populations que nous ne touchons pas encore. Par exemple, les salariés handicapés. Les récentes lois incitent les entreprises à les recruter. Or, il y a actuellement 220.000 travailleurs handicapés en poste. Certains vont partir à la retraite, il faudra donc les remplacer. Les sites d'emploi ont aussi un rôle d'information : on ne peut pas ignorer une partie si importante des salariés.

L'annonce en ligne est désormais considérée comme un investissement"
Quels sont les freins qui peuvent encore bloquer le recours au recrutement en ligne ?
Avant tout des difficultés techniques et économiques. Mais de plus en plus les entreprises cessent de le considérer comme un coût pour le voir comme un investissement. Ainsi, les solutions intégrées de gestion des candidatures sont en train de se développer. Nous organisons des formations gratuites pour aider à l'utilisation de ces outils, pour qu'il n'y ait plus aucune excuse de ne pas utiliser Internet dans son recrutement.

Les sites d'emploi ont-ils un rôle à jouer dans le débat actuel sur le recrutement anonyme ?
Nous n'avons même pas été consultés dans ce débat. Pourtant, la possibilité de déposer un CV anonyme existe sur tous les sites depuis 1999 et la signature de la charte Netemploi. Mais plutôt que de rendre obligatoire le CV anonyme, on devrait commencer par éduquer les recruteurs, pour qu'ils cessent les discriminations. Il faudrait s'attaquer aux causes plutôt qu'aux effets.

Quelles sont les priorités d'un recruteur quand il fait appel à un site d'emploi ? Et celles d'un chercheur d'emploi ?
Le recruteur va vouloir ce qu'il veut ailleurs : des gens bien formés, ambitieux, tout en économisant de l'argent dans son mode de recrutement. Les sites lui offrent cela. En plus d'un travail de qualité, le demandeur d'emploi va vouloir du choix, de la réactivité et aussi une réponse, même si elle est négative. D'où l'intérêt de gérer le suivi des annonces.

Le modèle économique des sites d'emploi a-t-il évolué ?
Nous gardons deux sources principales de revenus : les offres d'emploi et l'accès à la CVthèque. Chez tous les sites, elles représentent la quasi-totalité des ressources. Chez Monster, nous avons su les diversifier. Notre calendrier de bannières publicitaires est plein. Et nous avons lancé de nouveaux produits, des solutions intégrées que nous proposons à nos clients notamment. En tout, ces deux sources de revenus alternatives représentent 10 à 15 % de notre chiffre d'affaires.

Comment jugez-vous l'évolution des acteurs sur le marché français ?
La France était, avec le Royaume-Uni et l'Allemagne, l'un des marchés les plus concurrentiels. La concentration était donc inévitable. Monster a racheté Jobpilot l'an passé et, avec le rachat d'Emailjob, c'est le numéro un du marché qui a acquis le numéro deux.

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Quels sont les objectifs de Monster en 2005 ?
Il s'agit de bien réussir l'intégration d'Emailjob. Comme nous n'avions que 20 % de clients en commun, il existe de vraies complémentarités. On peut donc espérer accroître notre part de marché. Nous souhaitons également développer le paiement en ligne sur notre site. Jusqu'à présent, nous représentions environ 6 % du chiffre d'affaires total des offres d'emploi Web et papier. Avec le rachat d'Emailjob, nous atteignons désormais 10 %.
 
 
Propos recueillis par Nicolas RAULINE, JDN

PARCOURS
 
 
Patrick Pedersen, 38 ans, a été nommé directeur des opérations de Monster France l'an dernier.

Auparavant, il était directeur général de Jobpilot et avait occupé, jusqu'en 1997, le poste de directeur commercial de Vobis Microcomputer.

Patrick Pedersen est diplômé de l'université de Sceaux en commerce et marketing.

   
 
 
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