INTERVIEW 
 
Eckhard Pfeiffer
Président du conseil d'administration
Accoona
Eckhard Pfeiffer
"Accoona va entrer dans le top 4 des moteurs de recherche"
Le moteur, lancé en version bêta aux Etats-Unis il y a 18 mois, s'implante aujourd'hui en Europe. Il s'appuie pour cela sur une URL en ".eu". Une démarche originale pour une stratégie ambitieuse : rattraper le trio de tête du secteur.
(28/06/2006)
 
JDN. Quelle étape va franchir Accoona aujourdhui ?
  Le site
Accoona.eu
Eckhard Pfeiffer. Comme annoncé il y a plus de trois mois (lire l'article du 15/03/06), notre société s'implante en Europe, avec le lancement du moteur de recherche Accoona.eu. Il est désormais disponible dans 7 langues parlées sur le vieux continent : le français, l'anglais, l'allemand, l'italien, l'espagnol, le néerlandais et le portugais. Notre technologie détermine la langue de l'utilisateur en fonction notamment des paramètres de son navigateur.

Pourquoi avoir choisi l'extension européenne, et non des extensions nationales ?
Il y a plusieurs facteurs à cela. D'abord, je trouve que c'est une solution plus "élégante" d'avoir un portail unique plutôt que des sites dispersés, même si nous possédons, sans les utiliser, la grande majorité des extensions nationales, comme accoona.de. Ensuite, notre site propose des contenus spécifiques par langue, mais aussi une base commune. Nous voulions signifier par le choix du .eu que nous ne nous limitons pas à la recherche locale, ou dans ce cas, nationale. Enfin, cela permettait d'accompagner la montée en puissance du concept d'"Europe".

C'est-à-dire ?
Je suis un grand supporter de l'intégration européenne. En tant qu'allemand ayant travaillé longtemps aux Etats-Unis, je me suis rendu compte de l'existence d'une identité européenne particulière. J'aimerais que cette différence se retrouve dans le monde des moteurs de recherche. Quand les gros moteurs américains s'implantent en Europe, ils choisissent des extensions nationales. De notre côté, le choix du .eu est un signe de l'importance que nous donnons au marché européen, qui ne doit pas venir après les Etats-Unis. Nous voulons être le "moteur de recherche européen."

Quels postes avez-vous occupé avant de diriger Accoona Corp ?
Que ce soit chez Texas Instruments, ou chez Compaq, j'ai toujours travaillé dans le secteur IT. Avant de devenir CEO de Compaq de 1991 à 1999, je m'occupais de ses activités en Europe et dans le monde. Dans ce rôle, j'ai créé Compaq en Europe. C'est cette implantation réussie que je veux reproduire avec Accoona.

Mais le monde de l'informatique n'est pas très différent de celui des moteurs de recherche ?
Il y a des passerelles. Un exemple significatif : lorsque j'étais chez Compaq, nous avons racheté Digital Equipment Corporation en 1998. Une des raisons de ce rachat était que cette entreprise possédait le moteur de recherche Altavista. Le déclin de ce moteur par la suite et le succès de Google montre que dans ce secteur comme dans d'autres, les premiers arrivants ne sont pas toujours les leaders ! Or le marché des moteurs est encore très jeune, et en forte croissance.

Accoona est également présent en Chine. Comment se passe votre activité là-bas ?
Je rappelle d'abord qu' Accoona a été financé en partie grâce à des fonds publics chinois. Nos derniers chiffres de décembre dernier indiquent que nous étions à l'époque le 10ème moteur en Chine, avec environ 1 % des recherches, mais nous avons fait au premier trimestre une importante percée. Il s'agit d'un marché très différent des autres, qui n'offre pas les mêmes possibilités que l'Europe et les Etats-Unis, au niveau de la publicité notamment.

Les annonceurs paieront pour un contact qualifié"

Votre modèle économique se base comme les autres moteurs sur les revenus issus de la publicité. Mais vous innovez en proposant aux annonceurs le paiement au contact qualifié ? Pourquoi ?
Le système du paiement au clic est complètement dominé par Google. En tant que nouvel entrant, nous voulons proposer une offre innovante. Or les annonceurs avec qui nous discutons nous expliquent que le trafic ne les intéresse pas. Ce qu'ils veulent, c'est maximiser leurs ventes.

C'est le rôle de l'affiliation, non ?
Le problème de l'affiliation est que vous perdez le contrôle. Avec notre système, l'annonceur paie pour être mis en relation avec un contact qualifié, c'est-à-dire un internaute susceptible d'acheter et qui accepte de communiquer ses coordonnées. Nos tests indiquent que le mot-clé, avec notre système, pourra coûter près de 200 fois le prix du mot-clé sur Google ! Nous allons lancer en version définitive ce "paiement au contact qualifié" sur Accoona.com le 20 juillet. Avant de l'inclure sur le .eu, nous attendons d'abord de faire croître notre audience et notre base de partenaires.

Comptez-vous faire de ce système un réseau ou sera-t-il limité à votre moteur ?
Nous allons le proposer sous forme de réseau, sur le modèle des réseaux de liens sponsorisés. D'ailleurs, nous avons un partenariat avec Yahoo Search Marketing, pour l'instant limité aux Etats-Unis. Cela montre que nous ne sommes pas fermés à d'autres sources de revenus, avec notamment la publicité classique en bannière.

  Le site
Accoona.eu

Que comptez-vous faire pour développer votre visibilité ?
Nous avons un partenariat avec la chaîne européenne Euronews et nous en espérons d'autres. Par ailleurs, il y aura après le lancement une campagne on et offline. Mais nous ne sommes pas pressés. Cette course n'est pas un sprint qui sera gagné ou perdu en un mois. Notre situation financière est solide et si nous perdions beaucoup d'argent, il y aurait de la publicité sur notre site dès son lancement. Nous sommes là pour durer. Quand j'étais chez Compaq, on nous disait " IBM va vous tuer, simplement en éternuant !" Cela n'a pas empêché Compaq de prendre plus tard la place de leader du secteur. Avec Accoona, nous avons l'ambition d'entrer dans le Top 4 des moteurs de recherche.

 
 
Propos recueillis par Baptiste RUBAT du MERAC, JDN

PARCOURS
 
 
Eckhard Pfeiffer, Président d'Accoona Corporation

1964-1983 Postes de direction chez Texas Instruments

1983-1999 Postes de direction en Europe, Asie et Amérique latine chez Compaq. Puis président de Compaq Europe et PDG de la société.

Et aussi Siège notamment aux conseils d'administration de General Motors, et d'Ericsson.

   
 
 
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