INTERVIEW 
 
Jean-Paul Rivière
Président
Altitude Telecom
Jean-Paul Rivière
"Nous sommes les seuls à détenir une licence WiMAX en France"
Présent sur le marché de la boucle locale radio, Altitude Telecom développe également des projets en WiMAX. Son président nous livre son analyse du marché télécom en France... et rêve de bourse pour 2006.
(22/09/2004)
 
JDN. Pouvez-vous nous présenter Altitude Telecom en quelques mots ?
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 Altitude Telecom
Dossier Haut débit : les alternatives à l'ADSL
Jean-Paul Rivière. Altitude Telecom, c'est aujourd'hui 300 employés pour un chiffre d'affaires de 35 millions d'euros prévus en 2004 contre 18 millions en 2003. A peu près la moitié de nos revenus télécoms sont réalisés sur des offres de boucle locale radio (BLR) à destination des entreprises dans des villes comme Rouen, Le Havre, Caen, Evreux et en Ile de France. Depuis trois ans, nous proposons des offres entreprises de VPN MPLS (Multi Protocol Label Switching). Nous sommes aussi le seul opérateur en France à disposer d'une licence WiMAX.

Comment analysez-vous l'échec de la BLR en France ?
Nos concurrents ont fait le choix d'affronter l'ADSL, et ils se sont trompés. Au contraire, nous nous sommes tout de suite positionnés pour concurrencer l'accès par fibre optique avec des offres de 10 Mbit/s. C'est une des raisons de notre survie. Mais la BLR marche très bien, notre croissance le montre. Cependant, nous n'avons pas pu profiter d'une dynamique de marché qui aurait engendré une baisse des coûts des équipements. Un marché télécom qui s'épanouit, ce sont des coûts d'investissement qui sont divisés par cinq. Le marché n'a pas connu ce cercle vertueux.

Pourquoi avoir opté pour le WiMAX ?
C'est une évolution naturelle. Il a toujours été évident que les réseaux 3.5 Ghz étaient une fréquence à succès. Notamment parce que les équipements sont moins chers et que la couverture est plus large. Nous avons donc obtenu une licence fin 2003 après dix-huit mois d'attente. A l'époque, nous voulions opérer des réseaux WiFi. Seulement, dans l'intervalle, les constructeurs ont opté pour le WiMAX, nous avons donc suivi. Et finalement cela nous convient très bien puisque c'est une norme qui correspond beaucoup mieux aux besoins des entreprises.

Pourquoi aucun autre opérateur qu'Altitude Telecom n'a de licence dans cette bande de fréquence ?
Quand nous avons fait notre demande à l'ART [Autorité de Régulation des Télécoms, ndlr] pour en obtenir une, les opérateurs qui disposaient d'une licence nationale pour développer la BLR venaient de les rendre, faute de succès sur ce marché. Nous n'avons donc pas rencontré trop de complications pour l'obtenir, même s'il a fallu être patient sur les délais d'obtention. Nos expériences locales dans les régions où nous commercialisions déjà nos offres BLR plaidaient pour nous. Mais aujourd'hui, une quinzaine d'opérateurs a fait une demande. Et un problème de rareté de la fréquence va se poser. Il va donc falloir passer par une procédure d'appel d'offres.

Avec le WiMAX, nous pouvons aussi bien viser les entreprises que le grand public."
Faites-vous du WiMAX votre premier vecteur de croissance ?
Non, notre principale activité reste nos offres de réseaux IP MPLS. Mais nous misons effectivement beaucoup sur le WiMAX. La première aventure de la BLR a été décevante. Mais la deuxième avec le WiMAX est encore plus belle que prévu. Quelquefois, le coup d'essai n'est pas le coup de maître. Avec le WiMAX nous pouvons aussi bien viser les entreprises que, à terme, les particuliers.

Pensez-vous que le WiMAX doive son développement à l'implication d'Intel dans cette technologie ?
Plus qu'Intel qui pousse beaucoup cette technologie, c'est le succès du WiFi qui a motivé les opérateurs à faire du WiFi Outdoor avec du WiMAX. Intel est venu quand il a compris le marché que cela représentait. Un marché d''autant plus important que la norme 802.16e proposera le nomadisme sur les réseaux WiMAX en permettant le handover de cellule en cellule. La technologie est annoncée par Intel pour 2006, elle devrait donc être commercialisée en 2007.

Vous présentez le WiMAX comme une technologie complémentaire à l'ADSL pour améliorer la couverture haut débit du territoire. Comment à ce titre jugez-vous la charte départements innovants de France Télécom ?
Seuls les naïfs peuvent accepter la charte départements innovants. Signer cette charte, c'est accepter de reproduire une situation de monopole dans les régions, c'est-à-dire, accepter que les entreprises paient trois à cinq fois plus cher les mêmes services qu'à Paris. Si des collectivités locales signent ce genre de charte, on ne peut rien pour elles… Elles signent parce que c'est gratuit. Mais elles ne se rendent pas compte qu'elles taxent leurs entreprises en fermant le marché à la concurrence. Au contraire, un département de 400.000 habitants qui choisit un opérateur alternatif fait faire une économie de 10 millions d'euros à ses entreprises. Par exemple, nos tarifs en Vendée sont deux fois moins chers que ceux de l'opérateur historique.

La nouvelle loi permettant aux collectivités locales de construire leurs réseaux va-t-elle permettre de vous développer plus rapidement ?
Nous répondons à tous les appels d'offres de délégation de service public pour lesquels il y a un marché d'au moins 5 millions d'euros. Nous sommes en lice dans l'Allier, l'Hérault, le Loiret, le Limousin et d'autres départements ou régions. Mais nous sommes à chaque fois confrontés à France Télécom qui a presque intérêt à proposer ses services pour zéro francs afin de pouvoir continuer à pratiquer des tarifs très élevés sur le marché des entreprises. C'est aux collectivités locales de faire leur choix. Les premiers appels d'offres devraient aboutir d'ici la fin de l'année.

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Vous avez évoqué une possible entrée en bourse en 2006. Qu'en est-il exactement ?
Nous avons avancé la date de 2006 car nous aurons réalisé notre deuxième année dans le positif à ce moment là. Nous pensons faire en 2005 10 % de revenu net sur notre chiffre d'affaires. Les télécoms sont un marché d'abonnement, je ne prends donc pas beaucoup de risques en disant cela. L'argent levé nous permettra de nous développer un peu plus vite. Cependant, nous ne rentrerons pas en bourse à n'importe quel prix. Cela dépendra aussi des conditions de marché, nous ne sommes pas pressés. Mais début 2006, Altitude Telecom méritera alors la bourse.
 
 
Propos recueillis par Frantz GRENIER, JDN

PARCOURS
 
 
Jean-Paul Rivière, Ingénieur ENSI Caen, diplômé d'un DESS à l'Institut d'administration des entreprises de Caen.
Il Crée CSI en 1990, une SSII dans les métiers de l'ingénierie systèmes et réseaux.
En 1999, il fonde avec deux associés, la franchise nationale Avolys, sur le marché de la formation bureautique et technique.
En 1995, il lance un FAI, et gagne en 1999 le statut d'opérateur. Altitude Telecom prend son envol dans la BLR avec la fourniture de son offre nationale de VPN IP MPLS. Le groupe compte aujourd'hui plus de 300 employés.

   
 
 
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