INTERVIEW
 
Directeur général délégué
LDCom Networks
Serge Schoen
"Plusieurs nouveaux FAI vont prochainement être lancés en France"
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LDCom Networks

Kaptech, Belgacom France, 9 Telecom, FirstMark... Le premier semestre 2002 aura été riche en acquisitions pour LDCom Networks. Passée cette croissance externe intensive, le groupe s'est lancé depuis l'été dernier dans la deuxième phase de son projet avec l'intégration des marques et le déploiement des nouveaux pôles d'activité. Les métiers de LDCom Networks se répartissent aujourd'hui dans quatre grands domaines : un pôle revente de services aux opérateurs (LDCom), un pôle télécoms dédié aux entreprises (9 Telecom), un pôle hébergement (Jet Multimédia) et un pôle grand public (le 9 et 9 Online). Cette palette de métiers fait de LDCom Networks le concurrent le plus abouti de France Télécom. Rencontre avec Serge Schoen, directeur général délégué du groupe.
 

21 février 2003
 
          

JDNet. Un an après avoir mené des acquisitions tambour battant, où en est le chantier d'intégration des nouvelles entités comme Belgacom France ou 9 Telecom ?
Serge Schoen. C'est un chantier que nous avons achevé. Chaque entité dispose désormais de son propre métier. Les actifs ont été fusionnés, les équipes regroupées et le management repositionné. Mais notre oganisation laisse une très grande indépendance à chacun de nos pôles : nous ne voulons pas que LDCom devienne une structure sclérosée. Nous voulons rester réactifs.

La fusion technique des différents réseaux télécoms que vous avez récupérés a-t-elle été douloureuse ?

Nous avons vécu des nuits très courtes l'année dernière. Il nous fallait intégrer des réseaux et des équipements hétérogènes et disparates. Mais aujourd'hui tout est bouclé.

Que représente désormais le groupe LDCom consolidé ?
Notre groupe compte 2 000 salariés. Nous avons réalisé en 2002 un chiffre d'affaires de 550 millions d'euros et nous avons dégagé un Ebitda positif. C'est un tour de force : les entités que nous avons rachetées dégageaient en cumulé des pertes de près de 20 millions d'euros par mois. Cette année, nous tablons sur un chiffre d'affaires d'environ un milliard d'euros.

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En novembre dernier, 9 Online a lancé une offre ADSL dégroupée. Quels objectifs poursuivez-vous en vous attaquant à ce marché ?
Nous avons deux objectifs avec notre offre ADSL dégroupée. Premièrement démontrer aux FAI alternatifs, et aux acteurs intéressés par un positionnement sur le marché de l'accès, que le concept de dégroupage est désormais viable. Deuxièmement, démontrer que le haut débit est valable si, et seulement si, les opérateurs font l'effort d'offrir du 1 Mbt/s à un prix accessible. Faire croire que de l'ADSL à 128 Kbt/s est du haut débit décrédibilise le haut débit. C'est à partir de 1 Mbt/s qu'il est possible de soutenir de nouveaux développements multimédias sur Internet.

Votre offre ADSL dégroupée n'est donc qu'une vitrine pour votre métier de vente de services et de trafic auprès des opérateurs et FAI...
C'est une vitrine, mais cela ne nous empêche pas de poursuivre des objectifs commerciaux. Notre offre ADSL compte à ce jour près de 10 000 abonnés, dont 5 000 en dégroupé. D'ici la fin de l'année nous espérons nous situer entre 50 000 et 100 000 abonnés ADSL. S'y ajoutent, aujourd'hui, les 120 000 clients à l'offre RTC de 9 Online, ce qui forme en tout un million de clients grand public. Mises bout à bout, toutes ces offres devraient nous permettre d'atteindre les 2 millions de clients d'ici quinze à dix-huit mois.

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Interview Nathalie Rose-Andrieux (La Poste) (21/02/03)

La Poste vient d'annoncer le lancement de ses offres d'accès Internet. Des offres qui sont techniquement opérées par LDCom. Cherchez-vous à séduire cette clientèle de FAI entrants avec le dégroupage ?
Tout à fait, et dans les mois qui viennent nous allons multiplier ce type d'annonces avec les signatures de plusieurs clients FAI. Des FAI qui seront des nouveaux entrants en France.

Qui seront ces nouveaux clients FAI ?
Il y a trois types d'acteurs aujourd'hui intéressés par une entrée sur le marché de l'accès : les acteurs qui disposent d'une large clientèle, les acteurs qui disposent d'une marque et les acteurs qui disposent de contenu. Autrement dit, ces nouveaux FAI pourront être aussi bien des groupes de grande distribution que des groupes médias.

Début février, le JDN indiquait dans ses confidentiels que Yahoo avait signé un accord avec LDCom pour lancer son offre d'accès en France. Qu'en est-il ?
Désolé, mais je ne fais aucun commentaires sur ce sujet.

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Le contrat qui liait PPR à 9 Online pour la distribution de kits d'accès a été abandonné l'année dernière. PPR a depuis signé des accords avec AOL et Club-Internet. Pourquoi ce revirement ?
L'accord de distribution remonte à novembre 2000. A l'époque, PPR avait cédé son FAI Magéos à 9 Telecom, alors détenu par Telecom Italia. Puis LDCom a racheté 9 Telecom. L'arrêt de cet accord de distribution s'explique essentiellement par ces mouvements capitalistiques. Mais nous sommes loin d'être perdants dans cette affaire : les deux FAI distribués par PPR s'appuient en partie sur le réseau LDCom.

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Pronez-vous le haut débit à 1 Mbt/s pour favoriser des initiatives comme DreamTV, l'offre pilote de TV sur ADSL lancée en début d'année par TF1 et dont vous êtes le FAI ?
L'arrivée de la télévision sur ADSL fait partie des développements naturels dès que les débits proposés le permettent. Nous suivons attentivement ce marché qui va permettre à terme aux FAI de se positionner comme des nouveaux câblo-opérateurs. Mais faut-il encore trouver les bons modèles économiques et le bon timing en matière de lancement.

Estimez-vous que le paysage français des télécoms est désormais favorable à la concurrence ?
Le cadre réglementaire a évolué et permet aujourd'hui à des nouveaux acteurs, comme LDCom, de se positionner. Maintenant, dans les faits, France Télécom défend son pré carré. On ne peut pas dire que le marché de l'ADSL, avec quelques milliers de ligne dégroupées contre plus d'un million de lignes France Télécom, soit passé sous le régime de la concurrence. Il faut certes du temps, mais il faut également que l'opérateur historique joue le jeu. Au début du dégroupage, France Télécom nous faisait patienter six semaines pour que nos équipes reçoivent leurs badges afin d'accéder aux salles de colocalisation où est opéré le câblage. Il y a dix jours, France Télécom nous a prévenu qu'en raison des vacances de février et d'effectifs réduits, il ne pouvait pas nous servir sur les demandes de dégroupage. Au quotidien, la concurrence est encore faussée.

S'agit-il, selon vous, d'une situation strictement française ?
La France affiche un retard certain en matière d'ouverture à la concurrence sur les télécoms. Mais il est remarquable de noter que cette mutation se fait en douceur, sans qu'il n'y ait un gros crash dans les télécoms.

Siris, la filiale française de Deutsche Telekom, cherche malgré tout un repreneur depuis des mois. Etudiez-vous le dossier ?
Désolé, mais je ne fais également aucun commentaires sur ce sujet.

Où en sont les activités de boucle locale radio (BLR) chez LDCom ?
La BLR fait partie des différentes technologies d'accès que nous proposons aux entreprises. Elle nous permet notamment de compléter les trous de la couverture ADSL au plan national et d'offrir des débits élevés. Aujourd'hui, nous avons 1 500 points en activité.

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La BLR ne risque-t-elle pas de se retrouver dans l'ombre du Wi-Fi ?
Plusieurs technologies d'accès peuvent cohabiter sur le marché, selon les besoins des clients finaux. Concernant le Wi-Fi, nous sommes davantage intéressés par les applications "in house", c'est-à-dire un point d'accès domestique couplé à une offre ADSL. Pour le "outdoor", c'est-à-dire les hotspots, nous sommes moins engagés, même si nous préparons, évidemment, notre propre programme d'expérimentation.

LDCom dispose d'une forte implantation sur le marché entreprises. Que représente aujourd'hui ce métier ?
En cumulant l'ensemble de nos activités, notre portefeuille compte à ce jour 60 000 entreprises clientes. L'hébergement de services représente un quart de notre chiffre d'affaires. LDCom fait partie des principaux acteurs sur ce marché qui a connu une très forte concentration. Cette concentration implique d'ailleurs une nouvelle carte de l'Internet en France, le trafic ayant lui aussi tendance à se concentrer sur quelques points physiques.

Quelles sont les relations entre Louis Dreyfus et LDCom ?
Louis Dreyfus détient 42 % du capital de LDCom. Le groupe, qui dispose d'une histoire de 150 ans, nous apporte de la pérennité et une vision sur la durée. Robert Louis-Dreyfus est également très présent et dispose d'un bureau dans nos locaux. Il nous apporte du pragmatisme et nous permet de nous focaliser sur les fondamentaux, dans un univers où l'on peut très vite être entièrement absorbé par les développements technologiques.

Qu'est-ce que vous appréciez le plus sur Internet ?
Le fait de ne m'être pas rendu à ma banque depuis deux ans ! Sinon, culture du groupe oblige, le site de l'OM fait partie de mes favoris.

Et ce que vous détestez le plus ?
La face sombre du Net, c'est-à-dire les attaques et le spam.

 
Propos recueillis par Ludovic Desautez

PARCOURS
 
Serge Schoen est directeur général délégué et directeur opérationnel de LDCom Networks. Diplômé de l'Ecole Nationale Supérieure des Télécommunications de Paris et titulaire d'un MBA du Massachusetts Institute of Technology, Serge Schoen a rejoint LDCom Netwoks en mars 1999. Auparavant, Serge Schoen a exercé des responsabilités de conseil dans le secteur de l'industrie des télécommunications de 1992 à 1999 au Boston Consulting Group.

   
 
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