JURIDIQUE 
PAR ARNAUD DIMEGLIO

Comment régler les litiges des domaines en ".eu"
l existe deux types de procédure juridique pour régler les litiges concernant les domaines en «.eu» : alternative ou judiciaire. Revue des critères permettant de choisir la méthode plus adaptée. 
 
(02/08/2006)
 
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Depuis l'ouverture à tous, le 7 avril dernier, de l'enregistrement des noms de domaines en ".eu", les litiges se multiplient. Les plaignants revendiquent soit leurs droits antérieurs (marque, nom commercial, nom de domaine, appellation d'origine, etc.), soit contestent les réponses négatives de l'Eurid, l'organisme chargé de l'enregistrement des domaines en ".eu". Il existe deux types de procédure pour régler ce type de litiges : la procédure extrajudiciaire dite ADR, et la procédure judiciaire classique.

La procédure ADR : rapide, online et peu chère
La procédure ADR (Alternative Dispute Resolution) a été mise en place par l'Union européenne afin que les litiges relatifs aux noms de domaine en ".eu" soient réglés de manière extrajudiciaire, par des arbitres. Les règles relatives à cette procédure sont exposées dans le Règlement Européen du 28 avril 2004.

Son principe de fonctionnement est similaire aux procédures UDRP (Uniform Dispute Resolution Policy), qui ont été mises en place par l'ICANN pour régler les litiges relatifs aux domaines génériques (.com ; .net, etc.) et certains domaines de pays dont le ".fr". Par rapport à une procédure judicaire classique, l'avantage de la procédure ADR est qu'elle s'effectue essentiellement en ligne, et qu'elle est rapide (2 à 3 mois).

Son coût est également limité : compter 1.000 euros de taxe pour un arbitre, et 990 euros pour le Tribunal de la République Tchèque qui s'assure du bon déroulement de la procédure. Néanmoins, à ces taxes, il convient d'ajouter, d'une part, des frais d'avocat, lequel, s'il est facultatif, s'avère d'une aide précieuse pour le suivi de la procédure, et d'autre part dans certains cas, des frais de traduction.

Quant à son objet, la procédure ADR est assez ouverte : il est possible de saisir le tribunal en cas d'enregistrement spéculatif ou abusif d'un nom de domaine en ".eu" portant atteinte à un droit antérieur du plaignant. Mais la demande de ce dernier doit respecter certaines conditions : le titulaire du ".eu" ne doit pas avoir de droit ou d'intérêt légitime à faire valoir le nom, ou l'avoir enregistré de mauvaise foi.

De même, il est possible d'agir devant le tribunal arbitral pour contester une décision rendue par l'Eurid, par exemple de rejet de l'enregistrement. Plusieurs décisions concernant des litiges en ".eu" ont été rendues par le tribunal arbitral, et sont accessibles en ligne (www.adr.eu).

La procédure judicaire
La procédure judiciaire est celle qui s'effectue devant les tribunaux (tribunal de commerce, tribunal de grande instance, etc.). Généralement, les juridictions du plaignant sont compétentes, et il n'est pas nécessaire d'agir devant le tribunal de la personne qui a enregistré le nom de domaine en ".eu". En effet, le préjudice peut être constaté en France, ce qui suffit généralement pour rendre les juridictions françaises compétentes.

Par rapport à la procédure ADR, la procédure judicaire offre l'avantage de n'être pas soumise à des taxes (hormis les frais d'huissier, et le cas échéant de placement) ; et le plaignant peut demander, outre le transfert du nom de domaine, la condamnation du titulaire du nom à lui rembourser ses frais de justice (avocat, huissier, greffe) et réparer son préjudice (dommages et intérêts ou provision).

Par ailleurs, elle n'est pas enfermée dans le cadre strict des conditions du Règlement Européen.

Le plaignant devra "simplement" respecter les conditions générales de la procédure classique, et suivant qu'il agit en référé ou au fond, démontrer, dans le premier cas, une urgence ou un trouble manifestement illicite, et dans le second, qu'il y a atteinte à ses droits antérieurs (action en contrefaçon de marque, en concurrence déloyale, etc.).

Ajoutons que si le plaignant entend agir en référé sur le fondement de la contrefaçon de marque, il existe une procédure spécifique soumise à la double condition d'agir à bref délai et que l'action au fond apparaît sérieuse.

Il convient également de préciser que, si le plaignant est libre de choisir le recours à une procédure judicaire classique ou de type ADR, pour le titulaire du nom de domaine en ".eu" ou le registre, la participation à la procédure ADR est obligatoire.

Enfin, une fois la décision arbitrale rendue, elle s'impose aux parties. Néanmoins, le plaignant comme la partie adverse peuvent agir devant les juridictions classiques. Mais elles doivent pour cela respecter un délai de trente jours à compter de la notification de la décision. En revanche, si le plaignant choisit d'agir devant les juridictions classiques, une fois la décision rendue, les parties ne pourront ensuite opter pour une procédure ADR.

Avant d'agir, le plaignant devra donc bien étudier les différentes procédures qui lui sont ouvertes, et choisir celle la mieux adaptée à ses besoins.
 
 

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