"Un journaliste est à la recherche d'un témoin, d'une personnalité, il vient
chercher une relation - il veut donc parler à quelqu'un qui a le courage de dire
'je' et pas simplement nous", explique Philippe Grange.
Il s'agit donc, tout d'abord de choisir le bon interlocuteur. S'il est toujours
plus flatteur pour le journaliste de pouvoir s'adresser au dirigeant de la société,
ce dernier n'est pas toujours celui qui est le mieux à même de répondre précisément
aux questions. Mais celui qui répondra ne doit pas être non plus un simple porte-parole,
chargé de transmettre un message qu'il n'assume ni ne s'approprie vraiment. S'il
n'est pas pertinent de demander au journaliste la liste des questions qu'il compte
poser lors de l'interview, il est parfaitement normal, et même indispensable,
d'obtenir, en amont de la rencontre, le plan de son interview, contenant l'ensemble
des sujets qu'il compte aborder.
| "Un journaliste veut parler à quelqu'un
qui a le courage de dire 'je' et pas simplement 'nous' " |
Une fois que l'on a été choisi pour répondre aux questions, "il
faut définir de façon claire son pré-carré " avertit Philippe Grange, c'est-à-dire,
le champ de compétences dans lequel on intervient et les questions pour lesquelles
on peut répondre justement "je". Dans le cas où le journaliste s'aventurerait,
malgré toutes vos précautions, sur un terrain où il vous est impossible de répondre,
Philippe Grange suggère une procédure en trois étapes, qui permettent d'allier
à son égard fermeté et relation amicale :
» Ne pas tourner autour du pot, ni tenter
d'éviter la question. Cette solution ne fera que repousser le journaliste qui
reviendra à la charge. Il faut au contraire être franc et dire que l'on
n'a pas le droit de répondre à cette question.
» Poursuivre dans une démarche de franchise
et donner les raisons pour lesquelles on ne peut y répondre : "Etant donnée ma
fonction, ou mes responsabilités, il m'est impossible de
"
» Communiquer au journaliste les coordonnées
d'une autre personne qui pourra éventuellement lui transmettre l'information ou
le chiffre en question (même si le journaliste risque d'être confronté là encore
à un refus).
