"Les interviewés ratent le plus souvent leurs prestations lorsqu'ils s'efforcent
de préparer des réponses toutes rédigées, lorsqu'ils cherchent à mémoriser des
dizaines de pages de documentation pour pouvoir répondre à tout."
Pour Philippe Grange, ces situations-là sont périlleuses, car elles figent
et glacent l'interview, lui donnant des allures de récitation. Le message risque
d'être mal, voir pas du tout émis. "Imaginez un interviewé qui vous explique d'une
voix froide et monocorde que les résultats de sa société sont exceptionnels :
difficile d'être saisi d'enthousiasme
". Pire encore, le formateur se souvient
avoir vu des dirigeants interviewés rester muets dès la seconde question, parce
qu'ils avaient cherché à mémoriser des phrases et, sous l'effet du stress, avaient
soudain oublié les réponses.
Tout au contraire, Philippe Grange recommande de ne mémoriser que quatre ou
cinq messages clés qui ne soient pas des slogans, mais des expressions fortes,
précises, exactes. "Ces messages, explique le formateur, doivent avoir été
mis en bouche, c'est-à-dire, préalablement répétés. Ce sont ces messages-clés
qui, s'ils sont bons, seront naturellement repris par le journaliste."
"Il faut faire attention à être
toujours compréhensible, multiplier les analogies, apporter de la documentation...
et des 'bons mots' " |
Il faut faire attention à être toujours compréhensible, ne pas hésiter à multiplier
les analogies et surtout lui apporter de la documentation, des chiffres, des "bons
mots". Autre écueil à éviter : présupposer que le journaliste "sait" de quoi
vous parlez, qu'il connaît votre secteur ou qu'il maîtrise votre jargon.
"D'autant que ce dernier peut bluffer, s'il craint de paraître ridicule,
ajoute Philippe Grange. Dans ce contexte, l'information peut se dégrader fortement."
Enfin, ne pas oublier que le rapport avec les journalistes, loin de la caricature
des débats politiques télévisés, doit être compris comme une relation gagnant-gagnant.
"Il ne faut pas oublier que les journalistes couvrent souvent un secteur pendant
plusieurs années, quatre ou cinq ans, que ce sont des gens curieux, qui vous seront
reconnaissants de leur avoir appris quelque chose."