"Le blues post-départ : c'est normal
J'ai plus d'argent et de temps que je ne l'aurais jamais cru possible
Pourquoi
cette déprime ?
|
|
"Trop de temps libre ne mène à rien sinon à douter de
soi et à tourner en rond dans sa tête" ©
|
|
Excellente question que vous faites fort bien de vous poser maintenant et pas
à la fin de votre vie ! Les retraités très riches sont souvent insatisfaits et
névrosés pour la même raison : trop d'oisiveté.
Mais, une seconde
Du temps, c'est bien ce que nous voulions, non ? N'est-ce
pas tout le propos de ce livre ? Non, absolument pas. Trop de temps libre ne mène
à rien sinon à douter de soi et à tourner en rond dans sa tête. Supprimer le mauvais
ne suffit pas à créer le bon. Cela laisse un vide. Réduire le travail qui fait
bouillir la marmite n'est pas le but ultime. Vivre plus, et devenir plus, voilà
notre but.
Les premiers temps, les distractions extérieures seront suffisantes et il n'y
a rien de mal à cela. Je n'insisterai jamais assez sur l'importance de cette période.
Eclatez-vous et vivez vos rêves. Ce n'est ni superficiel ni égoïste. Il est essentiel
que vous arrêtiez de vous brider et que vous perdiez l'habitude de tout remettre
à plus tard.
Imaginons que vous décidiez de goûter à des rêves du type vous installer aux
Caraïbes pour caboter d'île en île ou faire un safari au Serengeti. Cela sera
merveilleux et inoubliable et vous devez le faire. Viendra un moment, toutefois,
peut-être dans trois semaines, peut-être dans trois ans, où vous ne pourrez plus
avaler la moindre pina colada ou photographier un énième singe à fesses rouges.
C'est à peu près à ce moment-là que débutent les crises d'autocritique et les
attaques de panique existentielle.
Mais c'est ce que j'ai toujours voulu ! Comment est-il possible que je m'ennuie
?
Ne paniquez pas, inutile de jeter de l'huile sur le feu. C'est un phénomène
normal chez tous les individus impliqués qui lèvent le pied pour profiter de la
vie après avoir travaillé dur pendant longtemps. Plus vous êtes intelligent et
tourné vers les résultats, plus ces douleurs seront vives. C'est un peu comme
si vous passiez du triple expresso au décaféiné : savourer le temps au lieu d'avoir
en permanence l'impression d'en manquer.
"Arrêtez de vous brider et perdez l'habitude de
tout remettre à plus tard" |
Mais ce n'est pas tout ! Les retraités dépriment pour une autre raison et il
en ira de même pour vous : l'isolement social.
Le bureau a quelque chose de bon : récriminations autour du mauvais café gratuit,
ragots et compassion, échanges de clips vidéos débiles par courriel accompagnés
de commentaires encore plus bêtes, et réunions qui ne mènent à rien mais font
passer le temps avec quelques bons éclats de rire. Même si le poste en lui-même
laisse à désirer, le réseau d'interactions humaines l'environnement social
nous retient de claquer la porte. Lorsque vient l'heure de la liberté, cette unité
tribale disparaît, et les voix dans votre tête en résonnent d'autant plus fort.
Ne craignez pas ces doutes et ces remises en cause. La liberté, c'est comme
un nouveau sport. Au début, le simple attrait de la nouveauté suffit à nourrir
l'enthousiasme. Mais une fois que vous maîtrisez les fondamentaux, vous vous rendez
compte que, pour progresser, il va falloir vous entraîner sérieusement.
Ne vous en faites pas. Les plus grandes récompenses sont à venir et vous n'êtes
plus qu'à 2 ou 3 mètres de la ligne d'arrivée."
Extraits de La semaine de 4 heures, Timothy Ferriss, Editions Pearson, janvier
2008, p.246-247.