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Les risques d'accident

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La centrale de Tchernobyl après l'accident
© CRIIRAD
Attentats, séismes, catastrophes industrielles ou climatiques… Les sites nucléaires sont parmi les plus protégés au monde. Et pourtant, l'accident de Tchernobyl continue d'attiser les craintes. Conjugué à la divulgation de fausses informations sur le trajet réel du nuage radioactif, cet accident a marqué le début d'une défiance de l'opinion publique française envers les experts du nucléaire.

Le risque est-il réel ? Quelles sont les mesures de sécurité prises en France ? Revenons d'abord sur les raisons qui ont conduit à l'accident de Tchernobyl : le 26 avril 1986, une explosion détruit l'enceinte du réacteur n°4, libérant dans l'atmosphère des produits radioactifs pendant plus de dix jours. Près de 20% de la radioactivité contenue dans le coeur au moment de l'accident est ainsi disséminée. Plusieurs défaillances ont pu être mises en évidence.

Les défaillances techniques
D'abord, la centrale n'était pas équipée de l'épaisse enceinte de confinement dont sont dotées la plupart des centrales dans le monde. Deuxièmement, le réacteur avait un cœfficient de vide positif, ce qui veut dire que la réaction en chaîne augmentait d'autant plus vite qu'il y avait une fuite de refroidissement. Au contraire, les cœurs des réacteurs à eau sous pression actuels sont conçus de telle sorte que toute élévation de température entraîne automatiquement une baisse de puissance.

De plus, dès que l'alimentation électrique est interrompue, les barres de contrôle chutent dans le coeur, arrêtant net la réaction nucléaire. Deux ou trois systèmes différents sont installés, afin que si l'un d'eaux s'avère défaillant, un autre prenne le relais.

Les défaillances humaines
L'accident se produit lors d'un essai insuffisamment préparé. Les trois dispositifs de sécurité avaient été volontairement bloqués, et l'équipe en charge des essais n'avait pas coordonné la procédure avec le personnel de sécurité du réacteur. De plus, les autorités russes de l'époque n'ont pas pris les mesures d'évacuation appropriées, n'écoutant pas les alertes des experts scientifiques, soupçonnés de "dramatiser" la situation. En France, la séparation des responsabilités entre pouvoirs publics et exploitants est une règle de base. Et en cas de désaccord, ce sont les experts nucléaires qui ont le dernier mot.

Les conditions climatiques
La pluie et le vent ont malheureusement aggravé les conséquences de l'accident : le nuage radioactif a été transporté sur des centaines de kilomètres à l'ouest et on a eu à déplorer des précipitations radioactives jusqu'en Biélorussie. Au total, 5 millions de personnes ont été directement exposées.

Les associations écologistes ont eu tendance à se servir de l'accident de Tchernobyl pour amplifier les risques liés à l'industrie nucléaire, d'autant plus que les autorités françaises ont longtemps entretenu l'opacité au sujet des retombées sur le territoire.

Pour Georges Charpak et les co-auteurs du livre De Tchernobyl en Tchernobyls, "il est important de ne pas confondre les problèmes très graves de Tchernobyl et les faibles rejets de radioactivité". Selon eux, la principale préoccupation à propos du nucléaire réside dans la prolifération d'armes nucléaires et leur possible utilisation à des fins terroristes. Certaines matières radioactives (plutonium, uranium) liées au nucléaire civil peuvent en effet être détournées pour fabriquer des bombes, même si ce n'est pas la voie la plus crédible ni la plus aisée (lire l'interview de Jean-Marc Jancovici).
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