Dur aura été
le retour à la réalité pour MandrakeSoft.
Constatant l'échec de sa stratégie autour
de l'e-learning, l'éditeur français amorce
depuis déjà quelques mois un recentrage
sur son métier d'origine. A savoir : le
développement
et les services associés à la distribution
Mandrake Linux. A l'heure du bilan 2000-2001, la société
semble avoir redressé la barre. Sur cette période,
elle enregistre en effet un chiffre d'affaires de 3,6
millions d'euros, soit une hausse de 18,9% par rapport
à l'exercice précédent. Un résultat qui
reste pourtant en deçà des prévisions publiées lors
de son entrée en Bourse, qui tablaient alors sur 4,3 millions
d'euros.
Echec
sur l'e-learning
Pour comprendre ce
retournement, revenons quelques mois en arrière. En
mai 2000, MandrakeSoft décide d'embaucher un nouveau
PDG pour accélérer son développement, notamment à l'international.
Elle opte alors pour un américain originaire de la Silicon
Valley et pionnier dans la création d'agences Web aux
Etats-Unis. Très vite, celui-ci impose sa vision. "Au
lieu de rester concentré sur la distribution Linux,
il a choisi d'axer également la stratégie produit sur
le segment de l'e-learning, métier pour lequel la société
ne disposait pas de compétences réelles", commente Jacques
Le Marois, fondateur et actuel PDG de MandrakeSoft.
"Au final, le chiffre d'affaires s'est révélé stagnant
alors que les coûts étaient multipliés par trois"...
Partant de ce constat d'échec, les principaux actionnaires
décident d'abandonner ce positionnement et de se recentrer
sur une politique -à la fois produits et services-
basée sur le
système
d'exploitation qui avait donné à la firme ses lettres
de noblesse -notamment aux Etats-Unis et en Angleterre.
Les mesures prises dans la foulée se traduisent au premier
chef par une réduction d'un tiers de effectifs. "Il
s'agit en particulier de cadres de haut niveau recrutés
au départ pour accompagner une croissance jusqu'à
400 salariés", précise t-on MandrakeSoft. "Cette équipe
ne se justifiait plus pour la gestion d'une centaine
de postes". Parallèlement à une diminution des frais
généraux, cette restructuration se traduit au final
par une baisse des coûts de près d'un tiers entre mars
et décembre 2001.
Back
to reality
Alors que MandrakeSoft réalise environ 85% de
ses revenus 2001 autour des ventes de sa distribution
et plus de 16% dans les services, son ambition pour
2002 est plus que jamais de se focaliser sur ces deux
lignes métier. Premier objectif : capitaliser
sur une dynamique de diffusion largement amorcée.
"Ce mouvement s'est poursuivi plus rapidement et
à moindre coût que nos concurrents -comme
RedHat ou Caldera", constate Jacques Le Marois.
Estimant le nombre de ses utilisateurs à 2 millions
(grand public compris), l'éditeur répertorie
sur son site quelques 450 sociétés ayant
mis en production des logiciels MandrakeSoft.
Afin de "monétiser" ce capital utilisateur,
MandrakeSoft a déjà lancé une offre
d'adhésion en ligne permettant d'être alerté
de la sortie des nouvelles versions, ainsi qu'un club
utilisateur donnant droit à certains privilèges
(tarifs, services gratuits, etc.). Côté
politique produit, le développement des solutions
d'entreprise se poursuit. Au chapitre des projets, le
département de R&D (soit une quarantaine
de personnes) travaille notamment à la mise au
point d'une offre de clustering. "Depuis le mois
de mai, nous nous sommes lancés dans la vente
directe via notre site Internet, mais également
dans la distribution de logiciels tiers", indique
Jacques Le Marois.
En quête de fonds
Autre axe de développement : celui des services, en
particulier en France et en Amérique du nord (Canada
et Etats-Unis). Fortement concurrencé par RedHat sur
ce créneau, MandrakeSoft souhaite proposer une offre
globale dans ce domaine. D'une part par le biais de
programmes des formation, pour lesquels la société à
opter pour un modèle indirect en s'associant à des partenaires
(tels que Sun ou Atos en France). Et d'autre part via
le conseil en intégration : directement pris en charge
par une équipe interne (20 personnes), ce second axe
propose de créer une distribution adaptée aux besoins
du client. "Nous venons de lancer une garantie pour
fournir l'assistance de nos équipes techniques en cas
de gros problème", complète le porte-parole de
la société.
Pour l'heure, MandrakeSoft a lancé un appel pour une
augmentation de capital. "Une opération qui si elle
ne se faisait pas limiterait forcément nos ambitions
tant en terme de d'activité de services que de création
de nouveaux produits d'entreprise", conclut Jacques
Le Marois.
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