Voir
aussi le dossier: Licences
logicielles, sortez vos calculettes !
Plus
que jamais à l'ordre du jour, le retour sur investissement
(ROI) est depuis le début de l'année devenu
un véritable leitmotiv dans la bouche des éditeurs.
Malheureusement, lorsqu'il s'agit de prendre des engagements
fermes vis-à-vis de leurs clients, on ne trouve
plus guère d'amateurs, et les promesses restent
trop souvent ce qu'elles sont : des paroles. Exception
à la règle pourtant, l'éditeur
de CRM américain
Blue Martini Software a mis en place depuis un an
un double système de tarification pour ses applicatifs,
dont le prix est indexé pour partie sur les résultats
de ROI (Return On Investment) déterminés
en amont avec le client.
Une
offre CRM complète, opérationnel et décisionnelle
Positionné
comme un spécialiste du e-CRM, "e"
désignant externe et non pas électronique,
Blue Martini propose
aujourd'hui
une gamme de quatre applicatifs principaux - Marketing
(gestion de campagnes et data mining) Commerce (grande
distribution et manufacturing), Channel (syndication
de contenu pour les partenaires) et Services (centres
d'appels et co-browsing) - auxquels s'adjoignent deux
modules transversaux de data mining et de reporting.
Blue Martini propose également une plate-forme
d'intégration développée en Java
ainsi qu'un certain nombre de connecteurs pour SAP,
Oracle, Siebel, et, bien entendu, SAS,
son partenaire pour le versant data warehouse de son
offre. Soit un total de 26 modules quand on compte toutes
les briques optionnelles. Ces
différentes applications sont vendues aux entreprises
selon deux modalités distinctes.
La
licence classique, par processeurs
La première, assez classique, dite
"licence définitive", est une facturation
basée exclusivement sur le nombre de processeurs
utilisés par l'entreprise, avec un minimum de
deux processeurs (deux serveurs monoprocesseurs ou un
bi-processeur). Chaque processeur supplémentaire
(N+1) est facturé 60% de plus que le processeur
initial (N+1 = N + 60% de N). Le
nombre d'utilisateurs effectif des applications n'entre
pas en ligne de compte (en tout cas juridiquement, puisque
techniquement le nombre de transactions gérées
par un processeur a des limites). Pour
illustrer ce modèle et donner un ordre de grandeur,
nous avons interrogé le directeur France de Blue
Martini, Fabrice Prugnaud, qui nous a fourni les chiffres
suivants pour un processeur.
Pour les blocs Marketing et Channel, il faut compter
environ 80 000 euros, pour la partie Services, 70 000
euros, tandis que l'application Commerce coutera 120
000 euros pour le
manufacturing,
et 100 000 euros pour la grande distribution. La plate-forme
d'intégration est quant à elle intégrée
en standard dans l'offre , amis peut être achetée
séparément pour 15 000 euros, et les adaptateurs
sont vendus 25 000 euros pièce. Ce qui situe
le ticket d'entrée relatiment haut avec deux
processeurs, et place d'emblée Blue Martini dans
les solutions de CRM haut de gamme du marché.
Les licences entreprise : par
CA ou selon le ROI
Le second modèle de licences s'adresse
d'ailleurs pour l'essentiel aux grandes entreprises
ou grands groupes, ayant des besoins applicatifs multi-sites.
Appelée par l'éditeur "licence entreprise",
celle-ci se se décompose en deux options.
Par CA : la première
formule, dite "full option", est une facturation
établie au prorata du chiffre d'affaire de l'entreprise,
comme PeopleSoft le pratique par exemple. Blue Martini
opère un découpage entre plusieurs tranches
(de 0 à 500 millions de dollars de CA, de 500
millions à 1 milliard, de 1 à 2 milliards,
etc.), appliquant une majoration de 60% pour le passage
de la première à la deuxième tranche,
de 45% de la seconde à la troisième, de
35% de la troisième à la quatrième,
etc.). Pour prendre un exemple, il en coutera 420 000
euros pour l'application Marketing complète dans
ce cas de figure.
Selon le ROI : la
seconde, dite "buy out", consiste à
ne facturer de façon fixe que 50% du prix de
la licence, les 50% restant n'etant versés que
sous condition de résultat de la part de Blue
Martini. Une première semble-t-il dans le monde
de l'édition. Pour
mettre en place ce système, l'éditeur
procède en 4 étapes.
1/Une proposition d'étude de ROI est faite
au client, qui va servir à définir avec
lui les indicateurs d'évaluation du ROI (chiffre
d'affaires, taux de rétention des clients, de
transformation des prospects en clients, de réduction
du coût des processus de commandes, etc.).
2/Ensuite les critères de mesure de ces
indicateurs sont fixés, comme par exemple la
masse de clients qui ont déjà fait un
achat et qui vont revenir sur le site au moins un fois
dans les 12 mois à venir, pour mesurer l'indicateur
de rétention.
3/Troisième phase : l'installation du
software chez le client et la 1ere mesure des indicateurs
à ce moment-là , qui servira d'étalon
comparatif pour apprécier les progrès
lors de la 4e phase, un an après. "En général,
nous pratiquons un audit au bout de 12 mois pour mesurer
le ROI, qui est reconduit d'année en année,
explique Fabrice Prugnaud. Il est cependant possible,
si notre client en fait la demande expresse, de réaliser
des analyses trimestrielles pour prendre des mesures
correctives plus rapidement", ajoute le directeur
général de Blue Martini.
4/Le calcul de la somme à payer au terme
de la 1ere année se fait ensuite par indexation
sur les progrès constatés : si le client
consate une croissance de 10% de son CA, il versera
10% des 50% de la licence restant dus. Idem la 2e, 3e,
4e année, et ce, jusqu'à ce que les 50%
restant aient été couverts. Sauf, bien
entendu, si les résultats sont négatifs
: dans ce cas, l'entreprise cliente ne paye...rien.
"Pour citer un cas concret, lorsque Levis a mis
en place son système de conception et de vente
sur mesure on line, il s'est avéré que
le service n'avait pas fonctionné. Lorsque nous
avons fait le 1er audit au début de l'année
2001, nous ne leur avons donc rien facturé",
précise Fabrice Prugnaud.
Sur les quelque 150 clients de Blue Martini, 15 environ
utiliseraient cette option de paiement conditionnel
qui existe depuis un an, selon notre interlocuteur.
Les raisons de ce taux d'adoption modeste sont peut-être
à rechercher du côté des entreprises
elles-mêmes. "Nous refusons de mettre sur
pied ce type de projet si l'ensemble du directoire n'y
souscrit pas à plein", commente Fabrice
Prugnaud. "Il faut en outre ensuite que les équipes
suivent en interne, tant au niveau de la direction financière
pour nous aider à mettre en place les indicateurs,
qu'au niveau informatique et à celui des utilisateurs
du logiciel dans les services de marketing". Un
argument logique, qui laisse la porte ouverte à
tous les utilisateurs de CRM de bonne volonté,
et qui pourrait inspirer
d'autres éditeurs...
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