Le 1er mars, Lou Gerstner
cèdera son fauteuil de CEO (chief executive officer)
d'IBM à Sam Palmisano, l'actuel COO (chief operations
officer) de la compagnie. Une succession peu surprenante
tant il semblait assuré depuis plusieurs mois
que Palmisano était le mieux placé pour
remplacer celui qui a redressé IBM.
Quand Lou Gerstner rejoint Big Blue en 1993, l'entreprise
traverse une mauvaise passe.
Encore
très dépendante de ses ventes de matériels,
aux prises avec une organisation qui fait la part belle
aux chapelles technologiques, confronté à
l'agressivité commerciale de Compaq, IBM semble
bien parti pour suivre la voie de l'empire romain. Entre
1991 et 1994, l'entreprise entasse près de 16
milliards de dollars de pertes et flirte avec la catastrophe
financière... Neuf ans plus tard, le chemin parcouru
est impressionnant. Il faut dire que le traitement a
été plutôt rude avec des coupes
sévères dans les effectifs - près
de 160 000 postes supprimés. Côté
organisation, c'est la révolution: en interne,
tout est mis en oeuvre entre autres pour faire taire
les gué-guerres politico-technologiques au profit
d'une organisation plus centrée sur les solutions
que sur les produits; en externe aussi, la politique
partenaires est remise à plat.
Aujourd'hui, les résultats sont là. Sur
le front des serveurs, IBM a repris du poil de la bête
face à Compaq sur les plates-formes Wintel comme
face à Sun sur le segment Unix. Même dans
le contexte morose actuel, IBM réussit à
maintenir ses ventes dans ce domaine, là où
Compaq, HP et Sun fléchissent. Sur le du front
stockage, de même, Sun fait désormais de
l'ombre à un EMC - au point que les rumeurs présentent
le premier comme un acheteur possible du second. Mais
c'est surtout dans les services qu'IBM a su faire la
différence: mi-2001, Big Blue génère
plus de revenus en services qu'en matériels.
Compaq et HP en rêvent encore...
Porteurs de croissance pour IBM, les serveurs et les
services représentent aussi deux domaines qui
ont été pris en
charge
par Sam Palmisano. Cette légitimité, acquise
au fil du redressement d'IBM, devra toutefois être
soigneusement exploitée. De nombreux dossiers
demandent encore à être assainis. Côté
matériel, l'activité PC reste déficitaire.
Côté logiciel, il va falloir digérer
les acquisitions (Informix et Crossworld), instaurer
une saine cohabitation entre les marques (Lotus, Websphere,
DB2...) et rentabiliser les investissements réalisés
dans le libre (1 milliards de dollars en 2001).
Sam Palmisano est d'ailleurs, aussi, l'un des grands
artisans de la stratégie de Big Blue en la matière.
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