Vingt-quatre
heures après l'annonce de ses résultats
trimestriels, Veritas
Software a annoncé le portage sous Linux
de Foundation Suite, le socle historique de son offre
de gestion de stockage. Même s'il ne voit pas
dans Linux un relais de croissance dans l'immédiat,
l'éditeur américain mise cependant sur
le système d'exploitation libre pour générer
une partie de son chiffre d'affaires qui pourrait être
importante à l'avenir.
Un
chiffre d'affaires stable
Le quatrième
trimestre 2001 a dépassé légérement
les expectatives des analystes: il a atteint 374,4 millions
de dollars de chiffre d'affaires, sur un total annuel
de 1,5 milliard de dollars en 2001. Une hausse de 1,2%
par rapport au quatrième trimestre de l'exercice
précédent, dont s'est félicité
le CEO de la société. Mais plus que cette
relativement bonne nouvelle dans un contexte morose,
c'est celle du support de Linux qui marquera la semaine
pour l'éditeur et ses clients.
Pour rappel, Foundation Suite est une solution composée
de deux applications, Volume Manager et File System,
qui constitue l'une des quatres gammes des solutions
de Veritas aujourd'hui, avec les logiciels de back-up
(via NetBackup et Backup Exec), de haute-disponibilité
(Veritas Cluster Server) et d'administration des réseaux
SAN (Via SANPoint Control notamment).
Volume Manager est le logiciel de gestion RAID et des
volumes de disques en environnement multi-constructeurs,
et File System un système de fichier journalisé
sous Unix, qui permet d'enregistrer les données
en cas de panne sans avoir à procéder
à une opération de sauvegarde lourde.
Linux : une stratégie
de diversification et un pari sur l'avenir
Le portage de cette brique
logicielle sous Linux correspond pour l'éditeur
à deux objectifs au moins. D'abord, compléter
la liste des systèmes d'exploitation supportés
par ses solutions. Historiquement lié à
Sun et supportant Solaris, Veritas s'est en effet peu
à peu rendu compatible avec les environnements
HP-UX, AIX et Windows. "Solaris et HP-UX représentent
aujourd'hui environ 75% de notre chiffre d'affaires",
explique Hervé Lequippe, chef de produits back-up
pour l'Europe. "AIX reste pour le moment plus marginal,
puisque notre accord avec
IBM en mai 2000 commence tout juste à porter
ses fruits et que nos premiers produits sont sortis
il y a trois mois environ", ajoute Hervé
Lequippe. Dans ce contexte, il etait donc naturel que
Veritas s'intéresse à Linux.
Par ailleurs, Veritas a décidé depuis
septembre dernier, selon notre interlocuteur, de ne
plus sortir de versions de ses produits au coup par
coup, pour faciliter le travail d'intégration
de ses clients.
Un an après le lancement de NetBackup et Backup
Exec sous Linux, la version open de Foundation Suite
s'imposait donc, qui préfigure
une sortie prochaine des solutions de clustering et
de réplication de données. Mais
l'argument décisif repose sur l'analyse de marché
que fait Veritas, qui reprend celles d'analystes de
renom. "Le Gartner Group prévoit que Linux
sera la première plate-forme Unix devant Solaris
dans quelques années", déclare à
ce propos Hervé Lequippe. Quand on lui demande
plus précisément sur quels secteurs il
mise pour l'avenir, le chef de produit sans hésitation
: "Sur les telcos, qui possèdent de grandes
fermes de serveurs qui sont d'ores et déjà
sous Linux pour partie, et, dans une moindre mesure,
sur les sociétés qui développent
de nouvelles applications, et notamment des sites Internet
à base de serveurs Apache".
Pour l'instant Veritas a choisi la distribution Red
Hat Linux 7.2 Standard Edition. Une distribution
par Suse est également à l'étude
pour pénétrer le marché allemand
où le distributeur est en position de force.
Au
total, Veritas table dès à présent
sur un chiffre d'affaires 2002 de plusieurs dizaines
de millions de dollars au plan international grâce
à Linux. Une somme certes modeste comparée
aux 1,5 milliard de dollars réalisés cette
année, mais qui représente un investissement
à long terme pour l'éditeur.
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