Dans
un document publié jeudi dernier, le commissaire
européen de la division Entreprise et Société
de l'Information (EIS) de la Communauté
européenne, Erkki Liikanen, a annoncé
l'adoption d'une communication visant à clarifier
les priorités dans la migration vers le futur
réseau IPv6. Le rôle moteur des Etats membres
y est réaffirmé, ainsi que les différentes
critiques auxquelles l'actuel iPv4 reste en butte. L'enjeu
d'IPv6 est de taille pour la Commission européenne,
qui voit dans le protocole une condition sine qua non
de compétitivité avec les Etats-Unis dans
la fourniture d'infrastructures Internet.
Conçu il y a plus
de vingt ans, IPv4 souffre de plusieurs handicaps, rappelle
la Commission européenne (CE), qui dresse une
sorte de bilan à l'intention de ses membres afin
de les exhorter à bien comprendre les enjeux
qui se dessinent avec le passage à IPv6. On peut
ranger les arguments employés en deux catégories
: techniques et commerciaux.
Une opportunité pour les
pays européens
Côté technique, la CE invoque d'abord un
fait mathématique connu : la limitation du nombre
d'adresses IP à 4 milliards - une réserve
qui pourrait être épuisée dès
2005 selon les spécialistes. Avec IPv6, ce nombre
sera exponentiellement accru, puisque avec un mode d'adressage
à 128 bits (contre 32 pour IPv4), IPv6 disposera
de 2 puissance 128 (plusieurs milliards de milliards)
d'adresses IP. A cela s'ajoutent d'autres raisons techniques,
sur lesquelles la CE reste vague ("stabilité,
sécurité, puissance, etc."), mais
parmi lesquelles on peut notamment citer si l'on en
croit les experts la sécurité renforcée
d'IPv6, la simplification de la gestion de qualité
de service et surtout, la prise en charge améliorée
des terminaux mobiles.
Et ce dernier point n'est pas le moins important pour
la Commission européenne. En effet, c'est aujourd'hui
un fait reconnu, l'Europe a pris une vraie longueur
d'avance sur les Etats-Unis avec le déploiement
massif de son réseau GSM
et
des applications mobiles, SMS en tête de liste.
Pour maintenir cette avancée, la CE estime que
le déploiement rapide d'IPv6 est un facteur majeur
de compétitivité commerciale. D'autre
part, IPv6 pourrait contribuer à rééquilibrer
le partage inéquitable opéré entre
les trois grandes zones commerciales des Etats-Unis,
d'Europe, d'Asie et , ces deux derniers ayant bénéficié
à l'origine d'une attribution d'adresses IP beaucoup
moins généreuse que les Etats-Unis, qui
comptent à eux seuls près de 74% des adresses
disponibles aujourd'hui.
Le soutien des politiques reste
indispensable
Bien que la Commission européenne contribue aux
efforts de recherche autour d'IPv6 avec 55 millions
d'euros injectés, l'organisation européenne
rappelle à ses membres que cela ne saurait suffire
sans un engagement actifs des pays européens
eux-mêmes. "Un effort concerté s'impose
pour consolider et intégrer les efforts européens
dans les domaines suivants : développer la base
des compétences, soutenir les efforts de recherche
européens, accélérer les travaux
en matière de normes et spécifications
techniques, amener tous les secteurs de l'économie
à prendre pleinement conscience des avantages
offerts", conclut la Commission.
Un message d'ores et déjà bien reçu
de la part des industriels internationaux, tant de côté
des fabricants d'équipements réseau (Cisco,
Nokia, Juniper), que des éditeurs d'OS (Windows,
Unix, Linux, etc.), qui ont généralement
intégré IPv6 nativement dans les dernières
versions de leurs produits, ou, à défaut,
les ont rendu compatibles avec le protocole.
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"Le
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