Microsoft,
un acteur majeur de la gestion des relations fournisseurs ?
Pas vraiment... L'éditeur a accru sa présence
sur le marché de la gestion de la relation client
(CRM) notamment avec ses services applicatifs bCentral
pour les PME. Mais ce n'est pas pour autant qu'il s'attaque
au segment des applications b-to-b à forte valeur
ajoutée. En tout cas, pas par la grande porte
pour concurrencer des acteurs comme I2, Peoplesoft,
Commerce One, MatrixOne, Manugistics, SAP, Agile ou
Ariba sur ce terrain.
Ce n'est donc pas chez Microsoft que l'on trouve dans
le catalogue de logiciels les produits de sourcing fournisseurs,
ni les fameuses interfaces de design collaboratif.
Et
si l'on veut émettre des RFQ (request for quotation)
et des RFI (request for information) dans le cadre d'enchères
auprès de ses fournisseurs, la firme de Bill
Gates ne propose pas de solution "packagée"
prête à l'emploi.
Au mieux, ces requêtes attaqueront des donnnées
stockées dans SQL Server 2000, si c'est la base
de données choisie d'un côté ou
de l'autre.
Malgré tout, l'éditeur n'est pas complètement
absent des relations que l'entreprise entretient avec
ses fournisseurs. Mais il officie dans un tout autre
registre que le SRM (Supplier Relationship Management)
en tant que tel : l'infrastructure d'accueil des partenaires
avec son offre Microsoft
Solution for Supplier Enablement. En gros, c'est
la gestion de la relation client b-to-b côté
partenaire pour parler avec la gestion de la relation
fournisseurs côté acheteur. Un domaine
dans lequel sont aussi présents certains des
acteurs cités ci-dessus, dont I2.
Les acheteurs
en avance sur les fournisseurs
En règle
générale, les plates-formes de SRM sont
installées chez les acheteurs. Mais à
quoi sert de gérer ses relations avec ses fournisseurs
si ces derniers n'en ont pas envie ? Quel est l'intérêt
d'ouvrir une place de marché si le nombre de
partenaires présent est réduit à
une peau de chagrin ? En clair : comment acheter dans
un magasin où il n'y a rien à vendre ?
Les fameuses économies tant attendues par les
grands comptes, sur la gestion de leurs achats ainsi
que l'optimisation des cycles de production et de la
chaîne logistique, sont soumises à une
condition forte. Les systèmes d'information des
fournisseurs doivent connaître un développement
et une adaptation parallèle à ceux des
acheteurs.
"Microsoft ne propose pas du SRM, ni un portail
orienté achats, mais des solutions destinées
aux fournisseurs", déclare Stéphane
Toubiana, responsable marché au sein de la filiale
française de l'éditeur.
"Les
échanges b-to-b sont le fait de donneurs d'ordre
qui ont mis en place des projets e-procurement (gestion
des achats). Leur objectif principal a été
d'optimiser les coûts de traitement des achats
et les relations avec les fournisseurs. Aujourd'hui,
une des difficultés majeures qui ralentit les
projets inter-entreprises est l'adoption très
lente et difficile des technologies par les fournisseurs.
Ces derniers ont des problématiques différentes
des acheteurs. Ils n'ont pas vu les bénéfices
qu'ils pouvaient tirer des échanges b-to-b. Pour
les fournisseurs, rejoindre une place de marché
est plutôt vécu comme une contrainte."
L'intégration, facteur
clef des échanges b-to-b
A n'en point douter, les fournisseurs devraient également
pouvoir réaliser des gains en collaborant avec
les acheteurs. Au minimum, ils peuvent éviter
de se faire supplanter par leurs concurrents. Pour Stéphane
Toubiana, le besoin s'exprime ainsi de leur côté
: "J'ai été le premier fournisseur
à répondre à la demande du client.
Je suis le premier à prendre en compte électroniquement
les commandes. Et je peux, au moins à court terme,
augmenter ma notoriété auprès des
grands comptes." Voici pour le facteur accélérateur,
avec des promesses de contrats à la clef. Quant
au facteur d'élimination, il est bel et bien
présent à plus long terme. Au moment où
un nombre critique de fournisseurs aura adopté
ces principes d'échanges, les réfractaires
devront exposer plus d'un argument de poids pour ne
pas perdre des marchés.
Quant aux économies proprement dites, elles sont
peut-être moins évidentes côté
fournisseur que côté acheteur. Quoique...
Microsoft Solution for Supplier Enablement s'articule
autour de deux produits phares de l'éditeur :
Commerce
Server 2000 et Biztalk
Server 2000. Le premier se charge de gérer
les catalogues stockés dans SQL Server 2000
sous la forme la plus normalisée possible. Le
second traite les requêtes et les échanges
de données en rapport avec ces catalogues. Au
passage, il se charge de les transformer dans un format
compréhensible par le système cible de
l'acheteur, si besoin est. Par ailleurs, si Microsoft
ne gère pas les RFI et les RFQ, il les stocke
et facilite leur prise en compte côté fournisseur.
Les grands fournisseurs mangeront-ils
les petits ?
"Avec notre solution packagée, nous renforçons
l'intégration avec le back-office", explique
Stéphane Toubiana. "Nous sommes confrontés
à un existant chez le client, dans des bases
Oracle, avec des systèmes ERP, etc. Biztalk peut
être utilisé dans une optique non EAI pour
pouvoir gérer la relation du fournisseur en aval
avec les clients équipés de différents
systèmes. Ce même Biztalk, aussi bien chez
le client que le fournisseur, va servir à intégrer
les commandes dans les back-office et réduire
les coûts de traitement. Cela concerne plutôt
des fournisseurs de moyenne ou grande taille. Les petits
auront besoin de solutions très simples et très
packagées."
Ces petits choisiront-ils Microsoft Solution for Supplier
Enablement ? Pas si sûr, car le produit se chiffre
en plusieurs dizaines voire centaines de milliers d'euros.
Du coup, il s'adresse à la première catégorie
de ceux qui ont déjà dépassé
une taille critique. Deux solutions se présentent
aux fournisseurs moins importants : jouer le commerce
de proximité, ou attendre que l'éditeur
traditionnellement orienté vers les systèmes
des PMEs fasse un pas dans leur direction, avec des
solutions plus adaptées à leurs besoins.
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