L'élaboration d'un
système d'exploitation comme Mac OS X autour
d'un noyau Unix laissait entendre qu'Apple s'intéresserait
un jour sérieusement au marché des serveurs.
C'est désormais officiel: avec son tout nouveau
serveur en rack, le Xserve, calibré sur les normes
en vigueur dans le petit monde des serveurs, la firme
de Cupertino entend faire son trou sur ce marché.
Pour faire tourner cette machine, Apple mise en fait
sur une version spécifique de son nouvel OS qui
combine un noyau Unix et une interface graphique particulièrement
conviviale: le Mac OS Server 10.1.5.
Apple débarque
sur un marché dont il était quasiment
absent: "Nous avions dans notre gamme un petit
serveur basé sur la version professionnelle de
nos ordinateurs. Mais à franc parler, ses fonctionnalités
étaient limitées", confie Francois
Rondeau, Chef des Ventes Produit. Jusqu'à ce
jour, Apple a donc été un acteur mineur
sur ce marché. "Ces derniers temps, nos
ventes ont même eu tendance à se tasser
malgré la sortie de la version X de notre Mac
OS Server. Nous nous sommes en effet aperçus
que nos clients avaient tendance à bidouiller
eux-même leurs propres serveurs".
Architecture
professionnelle
Avec l'arrivée
du Xserve, les ambitions d'Apple sont métamorphosées.
La firme à la pomme a conçu un
petit
Rack 1U reprenant - une fois n'est pas coutume - un
standard qui ne lui appartient pas. Deux versions sont
proposées: un mono et un biprocesseur fonctionnant
avec des processeurs Motorola - de type G4 à
1 Ghz - dont on sait qu'ils ont un rapport fréquence/performances
plus élevé que ceux d'Intel et AMD. Pour
le stockage, les deux versions du serveur Mac peuvent
accueillir jusqu'à quatre disques durs à
chaud, ce qui porte leur capacité maximum à
480 Go.
Pour la connectique,
les serveurs d'Apple sont avant tout équipés
de ports Gigabit Ethernet, qui leur permet de contrôler
des PC sous Windows et Linux notamment. Des baies d'extension
au format PCI sont par ailleurs intégrées
au rack. Ces caractéristiques, qui ne diffèrent
pas beaucoup de celles des serveurs PC, garantissent
au nouvel arrivant une certaine polyvalence: un serveur
Mac pourra faire office d'unité de calcul de
puissance, d'unité de stockage ou encore de serveur
Web ou de fichiers.
Avantage
sur les tarifs ?
Le véritable
avantage comparatif du Xserve se situerait ailleurs:
"Notre offre est très compétitive.
Avec quatre disques durs de 120 Mo, le coût du
Go après installation de l'OS sur nos serveurs
tombe à 5 euros, précise Francois Rondeau.
Chez nos concurrents directs, il faut plutôt compter
16 euros. Qui plus est, nous ne faisons payer la licence
[client] qu'une fois. On peut donc installer un nombre
de clients illimité sans débourser le
moindre centime." Quant au prix, il faudra débourser
environ 3600 euros pour la version monoprocesseur et
aux alentours de 4800 euros pour la version biprocesseur.
"Nos tarifs sont très agressifs, explique
Francois Rondeau. Nous avons la grande chance d'avoir
pu tout reprendre à zéro, sans avoir à
préserver une quelconque compatibilité.
Lorsqu'on est libre de tout remettre à plat,
on peut faire des miracles d'optimisation".
Apple tente donc
un coup de Poker à deux tours: la firme de Cupertino
montre d'abord à ses clients habituels qu'elle
a pris en compte
leur demande - en particulier le stockage pour
les éditeurs de vidéo et le calcul pour
les universités et les fabriquants d'images de
synthèse. Mais Apple espère aussi convaincre
une partie - aussi petite soit-elle - des utilisateurs
de serveurs traditionnels avec un produit au positionnement
tarifaire particulier.
Reste qu'on ne gagne
pas un marché aussi sensible que celui des serveurs
en misant tout sur un produit, aussi compétitif
soit-il. Apple est-il parvenu à séduire
les éditeurs des logiciels de référence
dans le domaine des bases de données, des serveurs,
etc ... ? Apple a-t-il mis en place un circuit
commercial et une offre de services dignes de ce nom ?
Autant d'interrogations
que nous avons soumises à Jean-René Cazeneuve,
directeur d'Apple Europe dans une Interview.
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