Acteurs
Les grands opérateurs télécoms dans la tourmente
Après la faillite de KPNQwest, les regards se portent vers Sprint, Worldcom et AT&T, dont la santé financière se dégrade. Faut-il anticiper des faillites en chaîne ? (Mercredi 19 juin 2002)
     

Rien ne va plus sur les grands réseaux de télécommunication mondiaux. Après la faillite de KNPQwest, on apprend qu'une partie non nélgigeable des grands opérateurs de backbones sont en grande difficulté financière. AT&T et Sprint ont été dégradés par l'agence de notation Moody's et Worldcom prévoit de licencier 20 % de ses effectifs. Si bien que l'on se demande si tous les opérateurs de backbones seront debout à la fin de l'année.

AT&T et Sprint sont mis dans une position délicate par leur récente dégradation par Moody's. Les deux compagnies se sont endettées pour nourrir leur ambitieuse politique de développement, et elles doivent régulièrement rebourser des
sommes considérables. Or, "le taux de crédit est directement indexé sur l'appréciation des agences de notation, explique Laurent Balcon, analyste financier telecom chez Global Equities. Si la note descend, le taux remonte. Le coût de la dette d'AT&T et de Sprint va donc augmenter de quelques dizaines, voire centaines de millions de dollars par an". La situation financière de quelques-uns des plus gros opérateurs de backbones se dégrade au beau milieu du trou d'air qui affecte le marché des transferts de données.

Marge de manoeuvre réduite
Mais ce n'est pas tout : alors qu'AT&T, WorldCom et Sprint entament leur traversée du désert, leurs relations avec les banques risquent fort de se crisper : "il est nettement plus difficile pour toute entreprise dégradée par Moody's de négocier des lignes de crédit avec son banquier. Ce qui diminue considérablement sa marge de manoeuvre". Pour Jean-Charles Doinau, directeur d'études télécom à l'IDATE, la crise est très sérieuse : "Il y a à cette heure une surcapacité tout à fait considérable sur les grands backbones mondiaux. Le traffic est très largement inférieur aux débits que le réseau peut supporter. Les prix ont donc chuté de façon spectaculaire".

Résultat : des faillites en chaîne. Après Global Crossing et Viatel, c'est au tour du très emblématique KPNQwest de chuter, et avec lui la presque totalité de son réseau. Car il y a peu de chances que son infrastructure en fibres optiques trouve preneur : "Aujourd'hui, personne ne s'intéresse aux tuyaux de KPNQwest, assure Laurent Balcon. Tous les opérateurs se jettent sur son carnet de clients, mais sûrement pas sur ses capacités en bande passante, puisque chacun dispose de surcapacités sur son propre réseau. Le seul véritable actif de KPNQwest, c'est son précieux maillage en Europe centrale. En dehors de çà, les tuyaux de KPNQwest n'intéressent personne". Sauf si chaque tuyau est négocié à un prix ridiculement bas...

Des faillites en cascade ?
La crise va-t-elle s'arrêter là, ou faut-il s'attendre à d'autres chutes spectaculaires ? Les avis des experts sont partagés. Pour Jean Charles Doinau de l'IDATE, "la consolidation n'est sans doute pas encore terminée. Sprint et WorldCom pourraient aussi subir des difficultés. Il y a des risques qu'ils soient obligés de se placer sous la protection du chapitre 11, qui permet à une entreprise de se restructurer plutôt que de déposer son bilan aux Etats-Unis. Mais même avec des restructurations massives, il y a très peu de chances qu'ils se retrouvent à nouveau pertinents sur le marché. En tout cas, s'il n'y a pas de faillite franche et massive, il y aura au minimum des restructurations d'envergure sur le marché des backbones".

En revanche, pour Laurent Balcon - l'expert financier de Global Equities -"l'essentiel de la casse est derrière nous. Il n'y aura assurément pas de fallites chez les grands opérateurs historiques. Pour le reste, les compagnies les plus faibles ont aujourd'hui disparu. AT&T est solide, et va l'être encore plus lorsqu'il sera intégré à une plus grande structure qui va alléger sa dette. Pour WorldCom, les grosses échéances sont à l'horizon 2004 : on a donc le temps d'ici 2002. Le licenciement de 20 % de ses effectifs n'est pas un signe inquiétant. Quant à Sprint, je ne connais pas assez la structure du bilan de l'enteprise pour me prononcer". Laurent Balcon ne conseille évidemment pas à ses clients d'investir dans WorldCom ou AT&T. Mais selon lui, "il y a de fortes chances qu'ils tiennent le coup".

Faillite ou pas, les opérateurs pris dans le coeur de la tourmente ne pourront s'en prendre qu'à eux-mêmes. Pendant que certains plongent dans le rouge, d'autres s'en sortent plutôt bien. Et il y a une raison à celà, comme l'explique Jean-Charles Doinau dans l'interview qu'il nous a accordé.

[Nicolas Six, JDNet]
 
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