Objet d'intérêt
particulièrement vif dans les entreprises, figurant
parmi les sujets de prédilection des analystes
ces derniers mois, les Web Services semblent maintenant
avoir dépassé le stade de l'effet d'annonce
pour se positionner comme notion d'avenir. Pour autant,
la perception de celle-ci reste particulièrement
floue, et deux questions restent en suspens pour les
directions informatiques, au delà des interrogations
techniques: d'une part, est-ce bien nécessaire ?
d'autre part: est-ce le bon moment ?
Direction générale ou direction informatique
?
Avant d'apporter des éléments de réponse
à ces deux questions, il est sans doute nécessaire
de distinguer, dans ces fameux Web Services, ce qui
est de l'ordre du service et ce qui est de l'ordre de
l'applicatif logiciel. Car c'est là que le bât
blesse, finalement: il serait une erreur de présenter
les Web Services comme des services - c'est à
dire, en tant que tels, des éléments de
l'offre d'une entreprise dont il n'appartient pas à
la direction informatique de décider de les fournir
aux clients. Présenter les Web Services comme
une méthodologie nouvelle pour délivrer
du service est déjà plus proche de la
réalité, mais trompeur, car nous parlons
ici de service applicatif, donc de logiciel. Jean-Marie
Chauvet, dans son livre: "Services Web avec SOAP,
WSDL, UDDI, ebXML", insiste sur l'idée de
"logiciel considéré comme service"...
preuve qu'il s'agit bien d'abord de logiciel, et donc,
en dernière analyse, de choix effectués
par la direction informatique (dois-je ou non délivrer
du service par tel moyen technique, ou par tel autre
?). Ensuite, seulement, viendra l'examen des nouveaux
services que le chantier des Web Services offrira l'opportunité
de lancer.
Trois chantiers
Déployer
un Web Service, c'est rendre accessible, via
le réseau Internet, une fonctionnalité
(ou éventuellement un groupe de fontionnalités) d'une
application quelle qu'elle soit (client-serveur, bâtie
avec un serveur d'application
). Pour cela, trois chantiers
sont nécessaires:
- le chantier de la "publication", sous un
format standardisé (WSDL, soit du XML), des services
(fonctionnalités) que peut rendre l'application;
- le chantier de l'accès à distance au
service applicatif, effectué dans le cadre des
Web Services grâce au protocole SOAP, qui combine
XML pour la description des messages entre l'application
qui joue le rôle de client (invoquant le service)
et l'application qui joue le rôle de serveur (dont
une portion du code est exécutée à
distance, délivrant le service), et (notamment)
le protocole HTTP. Les messages XML sont deux types:
un message contenant les paramètres d'invocation
du service, un message contenant les données
en sortie après exécution à distance
du service (soit de la portion de code correspondante
- ou procédure). Ce chantier, très concrètement,
consiste au développement d'une API (Application
Programming Interface) tirant profit de WSDL et de SOAP;
- le chantier, enfin, du référencement
des Web services déployés, au sein d'un
annuaire comme UDDI par exemple.
Ces trois chantiers correspondent à l'utilisation
des Web Services comme vecteur de collaboration inter-entreprise,
mais dans la pratique, le deuxième de ces chantiers
risque fort de concentrer la majorité des efforts
de déploiement autour des Web Services, car il
répond, à lui seul, à la problématique
la plus demandée (pour l'instant du moins) par
les entreprises: l'intégration inter-applicative,
dans l'entreprise elle-même (et non avec ses fournisseurs
ou partenaires).
Combiner interopérabilité interne et
externe
La
question qui se pose est donc, dans un premier temps:
pourquoi "remplacer" mon modèle "traditionnel"
d'intégration à base de composants (ces briques logicielles
qui transportent sur les réseaux la logique applicative)
par un modèle d'intégration à base de
"services". Deux réponses à
cela. La première repose sur les atouts technologiques
des web services: l'intégration apparaît
moins "lourde", non véritablement en
termes de développement, mais surtout en terme
d'infrastructure (les Web Services utilisent les protocoles
internet pour le routage inter-applicatif).
Deuxième réponse: l'intégration
basée sur les Web Services à l'avantage
d'être complémentaire de l'intégration
basée sur un modèle "objet",
dans le sens ou la première n'implique pas l'abandon
de la seconde.
En conséquence, le problème est ramené
à la question de savoir si l'intégration
basée sur les Web Services va permettre à
l'entreprise d'aller plus loin que l'intégration
elle-même. Si la réponse est oui (que l'entreprise
ait ou n'ait pas déjà un middleware d'intégration)
alors le choix des Web Services est, de notre point
de vue, véritablement judicieux.
En effet, outre que les principales briques technologiques
des Web Services sont aujourd'hui arrivée à
maturité (et notamment SOAP) - et même
s'il existe une incertitude quant au modèle de
sécurité associé -, ces briques
possèdent également l'avantage de constituer
des standards ouverts. Cela signifie, pour ne prendre
que quelques exemples:
- que l'on peut envisager d'utiliser des logiciels libres
pour déployer des Web Services,
- que les Web Services combinent à la fois la
variété d'utilisation en interne (par
nature, étant un moyen général
de décrire une ou des fonctionnalités
d'une application, ils ne sont pas limités à
telle ou telle catégorie de fonction, mais peuvent
répondre à n'importe quel besoin applicatif
- Intranet, Extranet, Internet) et la variété
d'utilisation sur des projets impliquant des partenaires
(les standards ouverts favorisant la diffusion de la
technologie).
En d'autres termes, les Web Services offrent une plus
grande probablité de passage réussi de
l'intégration intra-entreprise d'aujourd'hui
à l'intégration inter-entreprise de demain.
Quant à savoir si le chantier des Web Services
doit être mené à bien dès
à présent, malgré l'investissement
moyen évalué, selon Benchmark Group à
partir de projets actuellement en cours ou déjà
menés à terme en France, à environ
100 000 euros, malgré l'adoption moins massive
que prévu d'une technologie comme XML, malgré
la nécessité, à terme, de modéliser
des procédures métier impliquant plusieurs
Web Services... on peut
avancer que l'alternative technologique la plus souvent
citée, en matière spécifiquement
d'intégration B2B, apparaît avant tout
comme une solution transitionnelle, puisqu'il s'agit...
d'ebXML. On en revient toujours au mêmes fondements.
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