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On se souvient que la notion de
Vidéo à la demande (VOD ou Video On demand)
avait été l'un des buzzword des années
1993/94. Lors de cette époque, les développeurs
de Microsoft et d'Oracle rivalisaient afin de dévoiler
les premiers serveurs de vidéo pour concrétiser
cette idée
Presque dix ans après,
cette notion est toujours du domaine du rêve pour
une raison (technique) ou pour une autre (non-technique).
IBM tente de mettre en avant une stratégie ambitieuse
pour les prochaines années, justement appelée
"On Demand Computing"
De quoi s'agit-il
et cette vision a-t-elle des chances de devenir tangible
?
Chaque
année on voit quelques concepts émergeants
capturer l'imagination des gens du marketing de l'industrie
informatique qui vont les promouvoir au-delà
du raisonnable. Cette année, il semble que ce
soit au tour de la notion de Grid Computing d'être
poussée sous les feux de la rampe...
Le moment de gloire du Grid Computing est arrivé
parce que la technologie a juste atteint le niveau de
maturité où elle est plus ou moins utilisable
dans certains contextes d'applications spécialisés.
Cela permet de rédiger quelques études
de cas que les promoteurs de cette technologie vont
alors mettre en avant comme des preuves que leurs grandes
prédictions vont se concrétiser et que
le Grid Computing a un potentiel énorme !
Ce genre de déclaration est faite sans examen
contradictoire et sans que les études de cas
en question soient pertinentes pour des contextes applicatifs
plus larges. Tout cela ne compte pas, seul importe le
principal : le Grid Computing est prêt
pour être le nouveau "hype".
De quoi s'agit-il en
fait ?
On sait que 40 à 80% de la puissance de traitement
des ordinateurs en service aujourd'hui reste inutilisée.
La vocation du Grid Computing serait justement
de permettre une meilleure utilisation de cette puissance
de traitement en fonction des besoins tout comme l'électricité
circule entre les réseaux des producteurs pour
aller là où la demande est la plus forte.
Mais la mise en uvre de cette distribution de
la capacité va de pair avec la distribution des
traitements et là les choses se compliquent !
Imaginons un traitement très consommateur de
capacité comme l'interrogation de grandes bases
de données. Dans ce cadre, le Grid Computing
devrait aussi faire circuler les données
qui sont associées aux traitements concernés.
Rien qu'avec cet exemple, on se rend bien compte que
l'avénement du Grid Computing n'est pas
pour demain
IBM est un des leaders de ce domaine de recherche mais
ce n'est encore que cela pour le moment : un domaine
de recherche !
C'est tout le problème
du hype dans l'informatique : les concepts sont
mis en avant trop tôt, on leur laisse trop peu
de temps pour faire leurs preuves et l'attention du
public passe à autre chose...
Avant d'évaluer
le sérieux de cette initiative, voyons déjà
pourquoi IBM fait ce pari. Souvenons-nous que, il y
a dix ans, IBM était dans un piteux état.
Cette société avait inventé l'informatique
moderne et dominait son marché sans partage (ceux
qui se plaignent de Microsoft devrait se souvenir des
agissements d'IBM au temps de sa splendeur
). Arrive
la vague PC et tout change : IBM ne comprend pas les
implications profondes du tournant et perd son leadership.
Alors qu'IBM était admiré comme une institution
dans les années 70, dans les années 80,
il est considéré comme un dinosaure dont
les années sont comptés.
Il a fallu que le conseil d'administration de "Big
Blue" aille chercher un outsider (Lou Gestner)
afin de mener le travail de sauvetage. Maintenant qu'IBM
est à nouveau financièrement et technologiquement
respectable, il est temps de passer à la reconquête
et c'est bien là qu'il faut chercher la nature
du pari à 10 milliards de Dollars de Sam Palmisano,
le successeur de Lou Gestner.
L'idée derrière "On demand Computing"
est connue : faire de l'informatique une commodité
au même titre que l'électricité
ou le téléphone. La promesse est de réduire
radicalement la complexité des fonctionnements
distribués et, par là-même de baisser
vraiment les coûts d'exploitation. Reste à
savoir si c'est faisable, rapidement et si IBM est l'acteur
le mieux placé pour cela
L'idée est simple
mais sa mise en uvre concrète va réclamer
des avancées spectaculaires dans de nombreux
domaines comme le Grid Computing et "l'administration
autonome" pour ne citer que les plus importants.
Car l'informatique à la demande devra être
aussi fiable que la distribution d'eau ou d'électricité
pour être acceptée.
Or, les systèmes sont devenus trop complexes
pour être surveillés et corrigés
par de simples (et lents) êtres humains. La seule
façon d'arriver au niveau de fiabilité
requis est de disposer de systèmes (matériels
et logiciels) capablent d'auto-diagnostics et de se
réparer eux-mêmes, rapidement et sans intervention
humaine. Une véritable administration autonome
des systèmes (Autonomic Computing) est
demandé au comptoir !
On est loin et là aussi, IBM est considéré
comme le leader de ce domaine de recherche, mais ce
n'est encore qu'un domaine de recherche
Donc, il est clair que
cette notion d'informatique à la demande est
à des années d'un début de concrétisation.
Cependant, il est logique pour IBM d'afficher cette
ambition si la société veut retrouver
sa position de leader.
Attention toutefois, la crise que nous vivons actuellement
vient en grande partie de la tendance qu'à l'industrie
informatique à beaucoup promettre à tort
et à travers. Il ne faudrait pas qu'un engagement
trop prématuré pour être crédible
retarde ou même annule les bienfaits de progrès
réels
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