CHRONIQUE 
Computing On demand, rêve ou perspective ?
par Alain Lefebvre
eForce France (15 juillet 2003)
         
 
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On se souvient que la notion de Vidéo à la demande (VOD ou Video On demand) avait été l'un des buzzword des années 1993/94. Lors de cette époque, les développeurs de Microsoft et d'Oracle rivalisaient afin de dévoiler les premiers serveurs de vidéo pour concrétiser cette idée… Presque dix ans après, cette notion est toujours du domaine du rêve pour une raison (technique) ou pour une autre (non-technique).
IBM tente de mettre en avant une stratégie ambitieuse pour les prochaines années, justement appelée "On Demand Computing"… De quoi s'agit-il et cette vision a-t-elle des chances de devenir tangible ?

Chaque année on voit quelques concepts émergeants capturer l'imagination des gens du marketing de l'industrie informatique qui vont les promouvoir au-delà du raisonnable. Cette année, il semble que ce soit au tour de la notion de Grid Computing d'être poussée sous les feux de la rampe...
Le moment de gloire du Grid Computing est arrivé parce que la technologie a juste atteint le niveau de maturité où elle est plus ou moins utilisable dans certains contextes d'applications spécialisés. Cela permet de rédiger quelques études de cas que les promoteurs de cette technologie vont alors mettre en avant comme des preuves que leurs grandes prédictions vont se concrétiser et que le Grid Computing a un potentiel énorme !
Ce genre de déclaration est faite sans examen contradictoire et sans que les études de cas en question soient pertinentes pour des contextes applicatifs plus larges. Tout cela ne compte pas, seul importe le principal : le Grid Computing est prêt pour être le nouveau "hype".

De quoi s'agit-il en fait ?
On sait que 40 à 80% de la puissance de traitement des ordinateurs en service aujourd'hui reste inutilisée. La vocation du Grid Computing serait justement de permettre une meilleure utilisation de cette puissance de traitement en fonction des besoins tout comme l'électricité circule entre les réseaux des producteurs pour aller là où la demande est la plus forte. Mais la mise en œuvre de cette distribution de la capacité va de pair avec la distribution des traitements et là les choses se compliquent !
Imaginons un traitement très consommateur de capacité comme l'interrogation de grandes bases de données. Dans ce cadre, le Grid Computing devrait aussi faire circuler les données qui sont associées aux traitements concernés. Rien qu'avec cet exemple, on se rend bien compte que l'avénement du Grid Computing n'est pas pour demain…
IBM est un des leaders de ce domaine de recherche mais ce n'est encore que cela pour le moment : un domaine de recherche !

C'est tout le problème du hype dans l'informatique : les concepts sont mis en avant trop tôt, on leur laisse trop peu de temps pour faire leurs preuves et l'attention du public passe à autre chose...

Avant d'évaluer le sérieux de cette initiative, voyons déjà pourquoi IBM fait ce pari. Souvenons-nous que, il y a dix ans, IBM était dans un piteux état. Cette société avait inventé l'informatique moderne et dominait son marché sans partage (ceux qui se plaignent de Microsoft devrait se souvenir des agissements d'IBM au temps de sa splendeur…). Arrive la vague PC et tout change : IBM ne comprend pas les implications profondes du tournant et perd son leadership. Alors qu'IBM était admiré comme une institution dans les années 70, dans les années 80, il est considéré comme un dinosaure dont les années sont comptés.
Il a fallu que le conseil d'administration de "Big Blue" aille chercher un outsider (Lou Gestner) afin de mener le travail de sauvetage. Maintenant qu'IBM est à nouveau financièrement et technologiquement respectable, il est temps de passer à la reconquête et c'est bien là qu'il faut chercher la nature du pari à 10 milliards de Dollars de Sam Palmisano, le successeur de Lou Gestner.
L'idée derrière "On demand Computing" est connue : faire de l'informatique une commodité au même titre que l'électricité ou le téléphone. La promesse est de réduire radicalement la complexité des fonctionnements distribués et, par là-même de baisser vraiment les coûts d'exploitation. Reste à savoir si c'est faisable, rapidement et si IBM est l'acteur le mieux placé pour cela…

L'idée est simple mais sa mise en œuvre concrète va réclamer des avancées spectaculaires dans de nombreux domaines comme le Grid Computing et "l'administration autonome" pour ne citer que les plus importants. Car l'informatique à la demande devra être aussi fiable que la distribution d'eau ou d'électricité pour être acceptée.
Or, les systèmes sont devenus trop complexes pour être surveillés et corrigés par de simples (et lents) êtres humains. La seule façon d'arriver au niveau de fiabilité requis est de disposer de systèmes (matériels et logiciels) capablent d'auto-diagnostics et de se réparer eux-mêmes, rapidement et sans intervention humaine. Une véritable administration autonome des systèmes (Autonomic Computing) est demandé au comptoir !
On est loin et là aussi, IBM est considéré comme le leader de ce domaine de recherche, mais ce n'est encore qu'un domaine de recherche…

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Donc, il est clair que cette notion d'informatique à la demande est à des années d'un début de concrétisation. Cependant, il est logique pour IBM d'afficher cette ambition si la société veut retrouver sa position de leader.
Attention toutefois, la crise que nous vivons actuellement vient en grande partie de la tendance qu'à l'industrie informatique à beaucoup promettre à tort et à travers. Il ne faudrait pas qu'un engagement trop prématuré pour être crédible retarde ou même annule les bienfaits de progrès réels

 

 
 Alain Lefebvre
 
 
 

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