L'aventure du leader mondial des bases de données
relationnelles débute en 1977 lorsque Lawrence (Larry) Ellison, Robert
N. (Bob) Miner et Ed Oates créent la société Relational Software
Inc. (RSI), qui sera rebaptisée en 1983 du nom de son produit phare :
Oracle.
En 1977, le monde des bases de données est en pleine effervescence et digère
encore les enseignements du Docteur E.R. Codd (employé par IBM) qui, sept
ans plus tôt, a jeté les fondements de ce que sont aujourd'hui devenues
les bases de données relationnelles. Son article "A relational model
of data for large shared data banks" (ACM Journal, juin 1970) a en effet
révolutionné tout un secteur jusqu'alors habitué aux bases
de données hiérarchiques - ou réseaux - datant des années 1960.
Une
solution qui a "réponse à tout"
Dès 1979, RSI lance la première
offre commerciale de système de gestion de bases de données relationnelles
SQL. Le langage SQL s'imposera d'ailleurs par la suite comme un des principaux
standards des SGBD. Dès le début - et c'est ce qui fera la force
de la société par la suite - Oracle mise sur "la portabilité,
la compatibilité et la connectabilité" de ses systèmes
dits "ouverts", c'est-à-dire pouvant tourner sur une multitude
de plates-formes.
En 1983, la société RSI prend le nom
du programme qui avait été dans un premier temps développé
pour la CIA : Oracle (la solution était
censée pouvoir répondre à toutes les questions). La CIA restera
par la suite cliente d'Oracle pendant bien des années, ayant à l'époque
parfaitement perçu l'intérêt de ce nouveau système
de gestion des bases de données.
|
Cinq dates clés |
|
1977 Création
de la société (RSI)
1983 RSI
devient Oracle
1998 La
version 8i voit le jour
1999 Compatibilité
avec Linux
2003 Lancement de l'OPA hostile
sur PeopleSoft
|
Entre temps sont sorties les versions 2 et 3 d'Oracle. La version 2 est écrite
en langage PDP-11 assembleur, la version 3 l'est en revanche presqu'entièrement
en langage C. En 20 ans, de 1983 à 2003, une succession de sept versions
majeures s'enchaînera, jusqu'à l'actuelle 10g. A chacune de ces versions,
l'éditeur apportera de sensibles améliorations.
Une série d'innovations
La version 4 introduit ainsi en 1984 les
premiers principes de read consistency, c'est-à-dire l'assurance
de stabilité d'une requête tout au long de son processus d'exécution.
La version 5 - en 1986 - amène avec elle le fonctionnement en mode client
/ serveur, ce qui constitue une avancée non négligeable dans le
petit monde des SGBD. Deux ans plus tard, en 1988, la mouture numéro 6
renforce la fiabilité de la base en verrouillant les lignes sollicitées
par une requête (et non toute la base), ce qui simplifie notamment l'accès
multi-utilisateurs.
La version 7 sort en 1992 et inclut de sensibles améliorations - notamment
dans l'administration de la base - et de nouveaux outils pour le développement
d'applications. A noter également l'ajout de procédures stockées
et de traitements (triggers) qui rendent la base plus programmable et capable
de respecter des règles métiers.
La tournant Internet
Cinq ans s'écouleront avant que
la version 8 ne soit lancée, en 1997, une version qui préfigure
ce que seront désormais les futures déclinaisons d'Oracle : résolument
orientées Internet. Cinq ans de travail pour amener la base de données
vers Internet et vers ce que l'entreprise appelle le network computing.
Ce n'est qu'un peu plus d'un an plus tard (1998) que la 8i est lancée,
donnant le véritable coup d'envoi du support par la base des applications
et activités reposant sur Internet et d'une infrastructive d'exécution
Java native, permettant aux procédures stockées et aux traitements
(triggers) d'être écrits en Java, langage considéré
comme idéal - à ce moment là - pour tout ce qui a trait à
Internet. Autres nouveautés, le support de SQLJ (SQL embarqué pour
Java) et Oracle interMedia, pour la gestion des contenus multimédia.
Le "i" d'Internet accompagnera encore la version suivante - Oracle 9i
- en 2001, avant de laisser sa place au "g" de la version 10. Oracle
9i enfonce à nouveau le clou de l'orientation prise par la base en direction
des technologies Internet avec notamment l'ajout de fonctionnalités pour
les serveurs en grappes
(Real Application Cluster), le support intégré de XML
ainsi que des services OLAP,
ETL
et datamining.
Les virages vers Linux et les applications
Au cours de cette succession de versions, l'éditeur n'en oublie pas pour
autant Linux. Dès la mi-1999, Oracle est la première version commerciale
de SGBD à être compatible Linux. Aujourd'hui, les déclinaisons
de la base de données, du serveur d'applications, de la suite de développement,
de collaboration et la suite E-Business sont compatibles avec les distributions
Red Hat, SuSe (désormais Novell) et Caldera.
Oracle a par ailleurs développé une série d'applications
de type progiciel de gestion intégrée (ERP) couvrant une série
de domaines fonctionnels tels que la relation client (CRM), la finance, les ressources
humaines, la chaîne logistique, la production, le BtoB (achats, collaboratif)
et le décisionnel. Oracle a identifié cette source de profits comme stratégique
et compte sur les revenus qui y sont générés comme un des
relais de croissance possibles, son marché traditionnel étant de
plus en plus attaqué par deux autres acteurs majeurs IBM (avec DB2) et
Microsoft (SQL Server), sans parler bien entendu du système Open Source
MySQL.
Depuis juin 2003, le spécialiste des bases de données tente - via
une OPA hostile - de s'emparer de l'éditeur PeopleSoft, pour se renforcer
dans le domaine des applications. Il se heurte, pour le moment, à un refus
du département de la justice américain (DOJ) qui considère ce rachat comme
anti-concurrentiel, mais l'affaire n'est pas terminée, Oracle ayant décidé
de contester cette décision.
Toujours est-il que sa dernière version, Oracle 10g, s'oriente désormais
résolument vers les technologies de grid computing censées faciliter
la gestion de serveurs bon marchés regroupés en clusters et offrant
une puissance de calcul et de traitement démultipliée. A la fois
pour gérer le tout et pour compléter le dispositif créé,
les applications occupent une place centrale.
|