Le département de la
justice américain (DOJ) a officiellement amorcé
jeudi dernier une action en justice visant à bloquer
l'offre publique d'achat d'Oracle sur PeopleSoft. Raison
invoquée : l'opération en question,
si elle était menée à bien, donnerait
naissance à un nouveau géant informatique
qui pourrait gêner le jeu de la libre concurrence sur
le terrain des progiciels de gestion intégrée
(ERP).
Cette décision va dans le sens de la recommandation
effectuée la semaine dernière par les avocats
de l'autorité de régulation américaine.
Une
opération jugée inopportune
Possibilités
de choix restreintes pour les clients, freinage de l'innovation,
etc. Selon les représentants du DOJ, une fusion Oracle/PeopleSoft
pourraient avoir des conséquences catastrophiques sur
le marché des ERP. "Elle réduirait de façon
non-négligeable la marge de concurrence du secteur,
souligne R. Hewit Pate, secrétaire de cabinet de l'avocat
général en charge de la division antitrust
du DOJ (dixit The Register). Bloquer cette combinaison
contribuera à protéger un équilibre
qui bénéficie à la plupart des
grands groupes et administrations publiques."
Dans son argumentaire, le département de la justice
revient sur l'état actuel du segment des ERP. Un domaine
"qui est dominé par trois sociétés en situation d'oligopole
: Oracle, SAP et PeopleSoft". Un triptyque qui devrait
contribuer à redynamiser l'univers des technologies
progicielles dans les années à venir.
"La disparition de l'un de ces acteurs engendrerait
une hausse notable des tarifs", note le département
dans son rapport. Autre répercussion évoquée :
un repli des activités des éditeurs en
matière de recherche et développement...
Oracle et SAP n'ayant alors plus besoin de se différencier
d'un groupe tiers.
Oracle
garde le cap
Oracle n'a pas
tardé à condamner cette attaque. "Cette
décision fait suite à une campagne de
lobbying agressive de la part de PeopleSoft", lançait
son porte parole, Jim Finn, jeudi après-midi. Il ajoutait :
"nous estimons que cette prise de position n'a
pas de fondement juridique. Sans compter que l'association
de nos deux entreprises représente réellement
un bénéfice significatif pour tous nos
clients ainsi que nos actionnaires. Nous envisageons
sérieusement une démarche de recours devant
la Cour."
Pour l'heure, la firme de Redwood Shores entend se donner
les moyens de contre-attaquer. Afin de gagner du temps,
elle a notamment décidé de reporter au
12 juin prochain la date limite de son OPA : une
échéance qui avait été fixée
initialement au 12 mars, lors de la
dernière augmentation de son offre (de 19,15
dollars à 26 dollars par actions). La société
a également décidé d'ajourner la
réunion prévue le 25 mars visant à
présenter sa stratégie de fusion à
l'une des principales associations indépendantes
d'actionnaires PeopleSoft.
Sans surprise, les responsables
de PeopleSoft se sont déclarés soulagés
par la position du DOJ. "Il est temps qu'Oracle
abandonne sa démarche", a notamment indiqué
Craig Conway, PDG de PeopleSoft. "Nos deux sociétés
devraient désormais concentrer leur énergie
sur l'amélioration de leur compétitivité
respective, avec pour objectif de fournir de meilleurs
produits et services aux clients. C'est en tous cas
la démarche que nous entendons privilégier
pour augmenter la valeur de notre groupe au regard de
nos actionnaires."
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