Commandée par le syndicat national de l'édition phonographique
(SNEP), l'étude de faisabilité d'une solution de filtrage visant
à bloquer les échanges illégaux de données sur les réseaux peer-to-peer,
est désormais disponible sur le Web.
Coordonnée par la SSII Capgemini assistée pour les tests
techniques par une société souhaitant rester anonyme, l'étude
dresse le constat suivant : "pour plus de 80% des abonnés
haut débit, le coût matériel de mise en uvre d'une solution
de filtrage est évalué à 2,82 euros par abonné, investi une
fois, et permettant un filtrage définitif". Le montant de
la facture pourrait se réduire en fonction des équipements
déjà en place chez certains FAI et selon l'impact des "réductions
de coûts sur le dimensionnement des infrastructures réseaux
réalisées grâce au filtrage".
Quatre
techniques de filtrage des flux ont été envisagées. La première
est un filtrage portant sur l'URL ou l'adresse IP mais selon
l'étude il "ne répond pas aux impératifs de neutralisation
du P2P". Vient alors le filtrage des ports mais lui aussi
est écarté devant les techniques actuelles permettant de contourner
une telle protection. Reste le filtrage des contenus et celui
des protocoles. Le filtrage des contenus bien qu'idéal sur
le papier est jugé trop complexe à mettre en uvre, tandis
que filtrer en fonction des protocoles offre "les plus grandes
garanties de pouvoir être adapté à l'évolution des technologies
P2P", précise le rapport.
Dès lors trois solutions sont envisageables pour les FAI
qui passent soit par des outils d'optimisations de réseaux
appliquant des priorités aux différents flux, soit par des
outils de détection et de prévention analysant chaque paquet,
soit par des commutateurs "flow based" qui catégorise les
flux du trafic. Après un rapide tour des offres du marché,
les solutions à base de reconnaissance d'uvre comme Audible
Magic se voient éliminées car impliquant "une grande réactivité
et une administration lourde".
D'autres alternatives comme les solutions de type firewall
n'ont pas été jugés suffisantes pour gérer le trafic peer-to-peer.
Finalement seules trois solutions de filtrage sont passés
au crible. De Allot, Packeteer et Ellacoya c'est finalement
le premier qui retiendra l'attention des responsables de l'étude.
A l'issue des tests portant sur les principaux réseaux peer-to-peer
(eDonkey, BitTorrent, Kazaa, Morpheus, WinMX, eMule, FileTopia,
Limeware, Direct Connect, Blubster et Soulseek), la solution
Allot avait réussi à bloquer tous les flux de ces logiciels
d'échanges de données.
Difficile maintenant pour les FAI de se servir de l'argument
de la non faisabilité technique du filtrage devant le SNEP.
Mais la solution de filtrage par protocole choisie dans cette
étude revient à couper la bande passante à l'aveuglette, interdisant
alors l'usage du peer-to-peer pour télécharger des uvres
libres de droit. Ce sera maintenant à l'état de trancher entre
le projet du SNEP, le paiement d'une taxe sur les frais d'abonnement
- solution préconisée par l'association de consommateur UFC
que choisir - et la volonté des FAI.
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