Société d'origine canadienne spécialisée dans les solutions d'optimisation de la bande
passante et de gestion des trafics Internet, Sandvine s'adresse essentiellement au marché des fournisseurs d'accès Internet.
Chris Colman revient ici sur le trafic parasitaire qui englue les tuyaux des FAI français et sur les conséquences financières qui en découlent.
JDN
Solutions. Selon vous, les FAI français souffrent d'une pollution de leur trafic comprise entre 2 et 12%. D'où vient-elle ?
Chris Colman. Nous avons trouvé qu'en moyenne, 5% de tout le trafic haut débit en France est d'origine malveillante. Cela tient à la présence de vers et virus tels que Nachia, Slammer, Blaster et de scans de type SYN sur les ports 901 et 27374. Cela tient aussi à l'existence d'attaques de type déni de service dont la caractéristique est d'utiliser des paquets malformés qui ralentissent les réseaux et endommagent leurs équipements.
Sans parler bien évidemment du spam, qui déferle après chaque attaque majeure de vers dont les propriétés sont, par ailleurs, d'installer des chevaux de Troie sur les ordinateurs infectés. C'est ce que l'on appelle des PC zombies. Leur rôle est de servir de relais pour le spam mais aussi les attaques de type phishing
et déni de service. Les chevaux de Troie dédiés au spam sont, selon nous, responsables de 80 à 100% du spam mondial.
Qu'en est-il du trafic lié au Peer-to-Peer ?
Au minimum, 65% du trafic des fournisseurs d'accès Internet français est lié au Peer-to-Peer, sachant que plus de 30% des abonnés à ces services participent à l'échange de fichiers. D'ailleurs, 40% de ces abonnés disent, selon Jupiter Research, que le P2P est la principale raison de leur bascule vers les accès haut débit.
Sur les 5 applications les plus utilisées, 4 sont liées au P2P : FastTrack, BitTorrent, e-Donkey et Direct Connect. Ces flux consomment entre 75 et 90% de la bande passante montante en France
Le paradoxe est le suivant : le P2P représente ce que l'on peut appeler une killer application pour le haut débit, qui de son côté permet aux potentialités des offres triple play de prendre corps.
Mais les montants excessifs de trafic P2P non gérés peuvent causer des congestions et par là même, perturber et ralentir des applications sensibles comme la voix sur IP.
Quelles sont les répercutions financières pour les FAI ?
Nos estimations montrent que les vers ont généré un coût pour les FAI qui est passé de 6,8 millions d'euros en 2002 à 17,9 millions en 2004. Pour 2005, nous prévoyons une dépense de 23,7 millions d'euros. Alors qu'un service client automatisé - self service - ne coûte qu'entre 2 à 10 euros, l'escalade dans les niveaux de support, à travers le temps, fait monter les dépenses à 85 euros par client.
De plus, il s'avère que les plus petits FAI sont les principaux foyers de spam. les efforts des plus grands fournisseurs sont donc gênés par eux. Sur les 10 principaux réseaux générateurs de spam au monde, trois d'entre eux appartiennent à des fournisseurs d'accès Internet résidentiels. |
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